Prologue

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Un an plus tôt.

Je m'attendais à un temps maussade, imaginant qu'il pleuvrait à verse ce jour-là. Pourtant, aujourd'hui, le soleil brille plus fort que jamais. Cette fois, la pluie ne m'aidera pas à dissimuler mes larmes.

Est-ce que l'univers se fout de moi ? Ou est-ce un signe envoyé par toi, papa ?

Les sanglots de ma mère me poignardent un à un, vidant la totalité d'oxygène, jusqu'alors présente dans mes poumons. Je vais m'évanouir ! Je me sens partir, tandis que le sol s'affaisse sous mes pieds. Désorientée, je crois apercevoir des flammes danser dans ce gouffre qui attend un faux pas pour m'emporter. Juste à temps, le son du violon me ramène sur terre, m'évitant d'être engloutie par les enfers. Il adorait cette chanson.

Et lorsque la mélodie s'arrête, c'est à mon tour. Je ne suis pas certaine d'y arriver, mais pour lui, je peux tout surmonter. Alors, je dépose un baiser sur le sommet du crâne de ma mère avant de me positionner derrière le pupitre. J'ajuste le micro, inspire profondément et de ma voix tremblante, je lis le sermon écrit par mon père pour l'enterrement du sien.

— La mort n'est pas une fin en soi, plutôt une transition vers une autre étape. Le lien qui nous unit reste intact, inchangé. Continue de me parler comme tu l'as toujours fait. Je suis là, je t'écoute. Ne t'interdis pas d'être heureux, laisse ton rire flotter dans l'air en pensant à ce qui nous faisait vivre. Continue de prononcer mon nom sans déclamation, ni ombre. La vie garde son essence. Le lien n'est pas rompu, pourquoi serais-je hors de ta pensée, simplement parce que je suis hors de ta vue ?
Quand le ciel s'assombrira et que les étoiles scintilleront, tu comprendras que je ne suis pas loin, seulement de l'autre côté du chemin.

Trois, deux, un... Comme je le redoutais, ma mère hurle avant de s'effondrer à terre. Cette fois, je ne suis plus assez forte pour donner le change, alors sans aucun contrôle de ma part, des perles salées inondent mes joues. J'ai beau les essuyer du revers de ma main, elles restent toujours humides.

De qui je me fou en lisant ces sornettes ? Si la mort n'était rien, nous ne serions pas dans cet état pendant que ces putains de fossoyeurs mettent mon père six pieds sous terre. J'ai envie de leur crier d'arrêter parce qu'à tout moment, il va se réveiller, et quand ça arrivera, il aura besoin d'air. Pourtant, je n'en fait rien, car je suis bien trop lucide pour croire en ces conneries de résurrection.

Je cours ramasser ma mère pendant que le monde nous regarde avec pitié.

– Rentrons à la maison. On reviendra quand tout sera terminé, proposé-je en essuyant chacune de ses larmes.

Elle hoche la tête, le regard emplit de désespoir. Alors, je lance une rose sur le cercueil du seul homme que j'ai jamais aimé et nous ramène difficilement à la maison.

Je n'ai aucune idée de la méthode à adopter pour se remettre de ce genre de drame, mais si quelqu'un a le mode d'emploi, je le veux volontiers.

« La vie est courte », répètent en boucle les vieux comme un disque rayé, alors qu'ils ont atteint un âge que mon père n'a pas eu la chance d'effleurer du bout des doigts.

Je dirais plutôt que la vie est fourbe, en concubinage avec la mort, elles flirtent sous nos yeux, dansants le plus macabre des balais. Aux aguets, prêtes à nous enlever les plus belles âmes, laissant les détraqués régner sur terre.

Papa, je te promets d'essayer de toutes mes forces de ne pas sombrer. Je jure d'aider maman à se relever.

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Qu'en avez-vous pensé ?
Êtes-vous prêts à poursuivre cette histoire ?
Avec tout mon Love 🫶🏽

Défie-moi de t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant