CHAPITRE 2 : CE QUI ARRIVE D'IMPORTANT NAÎT DE L'IMPRÉVU

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– Que personne ne bouge ! hurle-t-il avant de poursuivre en plongeant son regard dans le mien. Toi ! Ouvre la caisse et donne-moi tout ce qu'il y a dedans !

Les vols à main armée sont monnaie courante à Detroit, alors l'épicerie de Jason n'échappe pas à cette réalité. Cependant, je n'ai jamais été présente lors de ces incidents, ni assisté à ce genre de scène.

Dans cette éventualité, il a préparé tous ses employés en précisant de ne surtout pas jouer aux héros devant des types cinglés. La marche à suivre est d'appuyer sur le bouton de sécurité installé sous le comptoir et se conformer aux demandes du braqueur en attendant l'arrivée des forces de l'ordre.

Étrangement, je ne suis pas gagnée par la peur, au contraire. Sentir mon palpitant s'accélérer sous les effets de l'adrénaline est grisant.

Encore un truc à ajouter à la liste des choses qui me rendent vivante.

– Tu m'écoutes ? Magne-toi, putain !

Il agite son revolver devant moi, s'attendant à ce que je panique et obéisse à ses ordres, pourtant, j'esquisse un rictus narquois.

– Ça te fait marrer ? Tu veux vraiment que je t'explose le crâne toi, en fait ! ajoute-t-il en pressant son neuf millimètres sur mon front.

Vas-y tire si tu en a le cran ! Est-ce que l'enfer qui m'attend après la mort sera pire que celui que je vis quotidiennement ?

Je continue d'ignorer ses hurlements incessants pendant que le brouhaha s'intensifie dans le magasin, entre les braillements des clients et les siens.

Je suis là, statique, enracinée au sol pendant que Nicky chante dans mes oreilles « I'm a boss-ass bitch, bitch, bitch... ». Ce son me donnerait presque des ailes.

À deux doigts de grimper sur le comptoir afin de lui en coller une, je suis coupée dans mon élan par un jeune homme à lunettes d'une vingtaine d'années, qui l'assène de plusieurs coups de batte de baseball.

L'individu est au sol et semble neutralisé. Alors, l'un des clients se dirige vers le rayon outillage avant d'en revenir avec une cordelette. Il ligote les mains du malfrat bien amoché puis appelle la police.

– Vous auriez pu tous nous faire tuer mademoiselle ! Pourquoi n'avez-vous pas appelé immédiatement la sécurité ? grogne-t-il.

J'entrouvre la bouche pour répliquer quand le jeune homme à la batte avorte ma tentative de réponse.

– Foutez-lui la paix ! Elle a dû avoir peur ! Ce n'est pas anodin d'avoir une arme posée sur la tête. Qui sait ce que vous auriez fait à sa place ?

– Mais ? Pour qui tu te prends, à parler à ma place ? vociféré-je. Je n'ai pas eu peur et je n'avais pas besoin d'aide, non plus ! J'étais sur le point de le remettre à sa place !

Son visage se fend d'un sourire lorsqu'il se rapproche de moi pour me faire face.

– Un simple merci aurait suffi.

Quelle arrogance celui-là ! D'où est-ce qu'il sort ?

Curieusement, son faciès ne me semble pas étranger, pourtant, je peine à me rappeler où j'aurais pu l'apercevoir.

Mes souvenirs refont brusquement surface lorsqu'il articule :

– Meredith, deux-mille-un.

Mon sang ne fait qu'un tour en comprenant que cet imbécile est un mec inscrit sur mon application de rencontre. Alors, je le regarde plus précisément avant que les pièces du puzzle s'imbriquent.

Défie-moi de t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant