CHAPITRE 26

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Meredith

Dans les bras d'Ezra, au milieu de ce lac immense, je repense à l'orgasme qu'il m'a offert. C'était incomparable à tout ce que j'ai pu connaître, auparavant. Finalement, je crois que c'était la première fois que je faisais l'amour. J'ai beaucoup baisé, beaucoup trop, mais le sexe n'a jamais touché mon cœur de cette façon. C'était bon, plus que je ne l'aurais imaginé. Jouir sous le ciel étoilé était magique.

Ce qui est en train de se passer ne me ressemble pas. J'aurais pu l'éviter en m'éloignant de lui, j'aurais pu l'envoyer promener lorsqu'il a utilisé son joker, mais je suppose qu'une partie de moi souhaitait profondément que ça arrive.

Peut-on tomber amoureux en seulement un été ? J'ai la sensation que oui, parce que ce verbe que je ne pensais jamais pouvoir sortir de ma bouche est insuffisant en comparaison de ce que j'éprouve pour lui. Ezra est à la fois ma force et ma faiblesse.

– Tu ne veux pas qu'on rentre se réchauffer à l'intérieur ? demande-t-il en posant fermement ses mains sur mes fesses.

– Avant, parle-moi de comment ton cœur est tombé amoureux de moi.

Il dépose un baiser sur le sommet de mon crâne.

– Je ne sais pas comment c'est arrivé, mais quand tu as joué du violon, c'était la confirmation que je l'étais réellement. Tu es une femme extraordinaire et je suis l'homme le plus chanceux.

Mon palpitant hurle des mots d'amour qui ne franchissent pas la barrière de mes lèvres.

C'est moi la plus chanceuse.

Je serre sa nuque un peu plus fort.

– Mais, tu as changé pour moi.

– Non, je me suis trouvé. Tu m'as donné assez de courage pour que j'agisse normalement avec toi.

Nous regagnons le sable, plus amoureux que jamais. C'est trop beau pour être vrai.

Inconsciemment, j'attends que la vie m'arrache à nouveau ce bonheur comme elle sait si bien le faire. Je redoute la chute qui pourrait m'attendre.

Cette fois, nos amis sont endormis et notre passage ne les réveille pas. Épuisés, nous nous mettons en pyjama avant de nous assoupir.

Les sanglots de ma mère résonnent dans la pièce. Ça fait exactement vingt-trois jours qu'elle pleure du matin au soir, malgré mes tentatives pour la faire sourire.

J'enroule mes bras autour de son corps meurtri et caresse son dos, lui assurant que ça ira. Malheureusement, plus les jours passent, plus ses réponses sont agressives.

– Non ! Non ! Ça n'ira pas ! Comment peux-tu affirmer l'inverse ? Tu ne sais pas ce qu'est l'amour. J'ai perdu ma moitié, Meredith ! Est-ce que tu pourrais continuer à vivre si je fendais ton cœur en deux ?

– Eh bien...

– Non ! Bien sûr, que non, c'est impossible ! Voilà ce que je ressens ! Si tu n'étais pas là, je l'aurais rejoint sans hésitations !

Je suis bien placée pour comprendre à quel point elle souffre, pourtant, ses mots me brisent. J'ai tout autant de peine, il était tout pour moi.

– Debout les exhibitionnistes ! On a une excursion à faire, je vous rappelle ! hurle Érine avec une voix de crécelle qui ne lui ressemble pas.

– On arrive !

Je n'ai pas la motivation nécessaire pour marcher des dizaines de kilomètres ce matin. Malgré la merveilleuse soirée passée avec Ezra, des souvenirs que j'aurais préféré oublier m'ont hanté durant la nuit. J'ignore quoi penser concernant la disparition de ma mère. Je suppose que s'il lui était arrivé quelque chose de grave, les autorités m'en auraient informée. Ou peut-être que la mort d'une junkie passe inaperçue ?

Défie-moi de t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant