CHAPITRE 10 : UN DÉSIR ARDENT

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Ezra

Un abruti ! Voilà ce que je suis ! La soirée était parfaite et j'ai tout gâché. Quitte à mentir, j'aurais dû mieux le faire. Pourquoi ai-je mis la note dans ma poche au lieu de la ranger soigneusement dans mon portefeuille ? Meredith avait enfin fait un pas vers moi, maintenant elle en fera dix en arrière. Il n'y a rien que je puisse faire à part prendre mon mal en patience et attendre sagement ses prochaines directives.

Hier, après notre altercation, j'ai cru voir des larmes perler sur ses joues et cette vision m'a retourné l'estomac. Le seul sentiment que je veux lui faire ressentir, c'est du bonheur. J'aimerais qu'elle vive deux fois plus, pour son père et pour elle. Pourtant, je m'y prends comme un manche. Ça se confirme une fois de plus, il n'y a pas un truc que je réussis à faire sans tout foutre en l'air !

– Ezra ! Tu peux descendre, s'il te plaît ! crie mon père, depuis l'étage inférieur.

Je souffle et m'exécute sans entrain. Lorsque j'arrive enfin devant sa carrure moulée dans un costume trois pièces, il me dévisage.

– As-tu prévu une tenue décente pour ce soir ? 

– Pour ce soir ? m'étonné-je.

– Oui Ezra ! Tu ne vas pas y aller dans cet accoutrement. Il ne manquerait plus que ça, déclare-t-il, les yeux verrouillés sur mon jogging.

Merde ! J'avais complètement oublié son dîner caritatif. Moi qui pensais aller retrouver Meredith à la supérette ce soir, c'est raté.

Chaque été, mon père organise un gala de charité où il rassemble les personnes les plus riches et influentes de notre État. Un vrai bal de faux-culs !

Je ne me sens jamais à l'aise dans ce genre de soirée qui regroupe des sportifs, des artistes, et même des politiciens. Ce type d'événement a un objectif louable en apparence, pourtant, en y regardant d'un peu plus prêt, on réalise surtout que ça alimente une guerre d'ego entre les invités.

Ma famille est plutôt aisée, alors j'ai pris l'habitude de fendre mon visage en un sourire factice dès que je croise du monde. Nous devons à mon père, tout ce que nous possédons, et il adore nous le rappeler. C'est un chirurgien esthétique très convoité. D'ailleurs, il a ravalé la façade et refait la poitrine de la majorité de nos convives.

– Je suis vraiment obligé d'y aller ?

– Bien évidemment ! Qu'est-ce qu'on dirait si tu ne venais pas ? Et puis, ce serait encore mieux si tu venais accompagné. Tu n'as qu'à inviter ta copine.

– Je n'ai pas de copine, c'est une...

– Ta sexfriend ? Je ne sais pas comment vous appelez vos conquêtes, vous les jeunes. Il faut toujours que vous inventiez des mots complexes pour dire des choses simples, lâche-t-il en levant les yeux au ciel.

Je le rectifie en lui précisant qu'il s'agit seulement d'une amie, même si dans le fond, j'adorerais qu'elle soit plus que ça.

– Peu importe, Irina, sera bientôt là. Elle t'aidera pour ta tenue et celle de ton « amie », dit-il en mimant des guillemets à la fin de sa phrase.

Irina est la styliste de la famille, du moins principalement celle de mes parents. Je dois avouer, que même si tout ça ne m'enchante pas, elle est vraiment talentueuse. Les rares fois où elle m'habille, je suis métamorphosé, au point où je me sens séduisant.

C'est vrai que je subirai moins la soirée si Meredith est à mes côtés, mais il est peu probable qu'elle accepte de se fondre dans cette masse de gens prétentieux.

Peu convaincu, je me lance tout de même et lui envoie un message.

Moi : Un dîner raffiné avec de l'alcool et des gens à critiquer servis sur un plateau, ça te dis ?

Défie-moi de t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant