CHAPITRE 12 : LE BONHEUR EST UN CONCEPT ÉPHÉMÈRE

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Meredith

– Quoi ? Un cancer ? Mais tu es la personne avec le corps le plus sain que je connaisse ! C'est impossible ! Il y a forcément une erreur, appelle-les ! hurlé-je, les yeux embués de larmes.

– Il n'y a pas d'erreur, ma libellule. Mon pancréas est très touché et...

– Mais, tu vas mourir ?

Dans l'attente de sa réponse en suspens, je prie, croise les doigts, je me raidis, arrête de respirer. Je refuse qu'il acquiesce, je ne veux rien entendre d'autre qu'un « non ». Et pourtant, c'est la première fois qu'il me déçoit en prononçant ces mots :

– Malheureusement, oui.

Je tourne les talons et me précipite vers ma chambre, avant de m'effondrer sur le lit, étouffant mes cris désespérés dans mon oreiller. Je hurle à m'en briser la voix, sentant l'air quitter mes poumons. J'ai l'impression de m'évanouir, et lorsque ma mère frappe à ma porte pour demander comment je vais, je vomis mes tripes sur le tapis aux pieds de mon lit. Alors, elle se laisse tomber au sol pour me serrer dans ses bras avec une force égale à la mienne, sanglotant autant que moi.

– Maman, c'est impossible, c'est...

– Je sais ma chérie, la vie est... une sacrée garce !

Nous échangeons un regard complice avant de rire aux éclats. Nous rions, car ma mère est la personne la plus polie qu'il soit. Elle ne jure jamais, alors cette phrase sortie du cœur, c'est magique. J'imagine que le trop-plein d'émotion y est pour quelque chose. Malgré la crainte qui m'étreint, je refuse de penser au pire, je ne peux pas croire qu'il va partir. Mais je suis reconnaissante d'avoir ma mère à mes côtés, parce que sans elle, je n'y survivrai pas.

– Un week-end à New York, ça vous dit, les filles ? demande mon père plein d'entrain.

– Malcom, tu es épuisé, ce n'est peut-être pas une bonne id...

Il l'étreint et l'embrasse tendrement tandis que ses pleurs se libèrent naturellement. Alors, il essuie ses larmes. D'abord avec ses pouces, puis avec ses baisers délicats. Son regard se tourne vers moi, et il tend les bras, m'invitant à le rejoindre.

Il incarne une force que je n'ai jamais vue égalée. Il défie la faucheuse avec un sourire constant, ne laissant jamais transparaître la moindre peur. Il nous réconforte, comme si le poids de son propre fardeau était insignifiant. Je n'ai jamais connu d'hommes aussi forts que lui. Qu'est-ce que je l'aime, putain ! S'il meurt, mon cœur cessera de battre à tout jamais, comme le sien.

Assise sur l'une des chaises de la cuisine, mes mains sont liées à l'arrière de mon dos. Ma tête me fait souffrir, ma vue est trouble, pourtant, je reconnais la silhouette du dealer de ma mère s'agiter devant mes yeux.

– Où est Elizabeth, putain ? Je t'ai prévenu que je reviendrai chaque jour ! Je veux mon fric !

– J'en sais rien ! Je t'ai demandé de me laisser la semaine pour régler ça, alors tu peux déguerpir ! aboyé-je, sans mesurer les conséquences de mes paroles.

Il se dirige vers la table pour récupérer quelque chose que je peine à discerner, mais à mesure qu'il s'approche, je reconnais cet objet, et je peux déjà deviner la suite des événements.

Pas ça, s'il te plaît !

– Tu m'avais caché que tu étais pleine aux as, ma belle ! raille-t-il en faisant virevolter à maintes reprises la bague qu'Ezra m'a prêtée.

– Ce n'est pas à moi ! C'est un prêt ! m'époumoné-je, en tentant de m'extraire de mes attaches.

– Bien sûr, comme la tenue que tu portes ? Ta mère et toi, vous vous foutez de ma gueule et ça ne passera pas ! Alors, je vais repartir avec cette bague et tes habits, et nous serons enfin quittes !

Défie-moi de t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant