CHAPITRE 24 : LE JEU DES VÉRITÉS

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Meredith

Papa et maman s'embrassent longuement. Un peu trop longtemps. J'ai assez attendu comme ça, il faut que j'y mette un terme.

– C'est répugnant ! Arrêtez !

Ils rompent enfin le contact.

– Malheureusement pour moi, ça t'arrivera aussi un jour de bécoter un garçon, souffle mon père.

Je secoue la tête énergiquement puis grimace de dégoût.

Un sourire fleurit sur son visage lorsqu'il m'explique que l'amour est le plus beau et le plus pur des sentiments, et puisque c'est lui qui le dit, je le crois.

À l'avant du Van, les pieds posés sur le tableau de bord, je rêvasse, un sourire béat accroché aux lèvres. Que m'as-tu fait, Freeman ?

Je ne me pensais pas capable de ressentir ne serait-ce qu'une émotion positive envers quelqu'un, alors avoir des sentiments était inenvisageable. Et pourtant, j'ai embrassé Ezra sur ce trottoir, pendant que mon cœur se retournait dans ma poitrine. C'est la première fois que je ressens ces choses qu'aucun mot ne peut définir et c'est autant plaisant, qu'effrayant.

Ez n'a pas le profil du mec qui pourrait me faire du mal intentionnellement, pourtant, sa famille pourrait le dissuader d'être avec moi. Il pourrait se rendre compte que je n'ai rien à lui offrir à part mes démons, ou bien il pourrait tout simplement mourir, lui aussi.

Je remue la tête afin de remettre mes idées en place.

Ne pense pas à ce genre de chose !

Évidemment, je suis ravie, pourtant, une ombre au tableau m'empêche d'être heureuse. Ma mère ne m'a toujours pas donné de ses nouvelles, ce qui m'angoisse de plus en plus.

J'ai sincèrement envie d'essayer avec Ezra, car il s'est battu pour en arriver là, il s'est accroché jusqu'au bout et a surmonté chacune de ses peurs pour moi, alors j'aimerais vraiment lui rendre la pareille. J'espère en être capable.

La nuit est tombée depuis un moment déjà et je remarque qu'Érine lutte pour ne pas piquer du nez.

– On devrait trouver un endroit où camper, les gars !

Tout le monde acquiesce. Ezra reprend le volant et le son de la musique laisse place au silence. Nos amis s'endorment à l'arrière pendant que je me bagarre avec Morphée pour jouer le rôle de copilote.

Comme nous sommes très organisés, nous n'avons pas cherché d'emplacement pour se poser au préalable, alors exténués, nous atterrissons sur un parking abandonné.

Une fois le contact coupé, chaque duo regagne sa couchette. Nous avons encore dix heures de route à faire et même si je ne conduis pas, je suis celle qui reste éveillée pour tenir compagnie à chaque conducteur.

– Demain, j'ouvrirai le toit pour que l'on puisse observer les étoiles, chuchote Ezra avant de déposer un baiser sur le sommet de mon crâne.

Je hoche la tête avant que nous laissions la fatigue nous emporter sans même avoir mangé.

***

Une odeur de café instantané chatouille mon nez. L'effluve n'a rien à voir avec le délicieux ristretto que prépare Ezra chaque matin à la coloc, mais qui suis-je pour plaindre ?

Ça y est, madame a des goûts de luxe, maintenant ?

Un œil à moitié ouvert, je me rends compte que le Van est en marche et que mon petit ami (ça me tue de le dire) dort toujours. Je regarde mon téléphone, qui affiche seulement six heures du matin. Curieuse, je quitte doucement ma couchette et me retrouve nez à nez avec une Érine endormie. Le chauffeur ne peut donc qu'être Eli.

Défie-moi de t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant