Chapitre 11

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Dans un état de gueule de bois prononcé, je pénètre dans la cuisine, mes cheveux en désordre, mes yeux gonflés et une douleur lancinante dans ma tête. Noa est déjà là, assis à quelques mètres de moi, un sourire espiègle aux lèvres alors que je m'arrête brièvement, passant une main sur mon visage pour tenter de retrouver mes esprits. C'était une soirée où j'ai largement dépassé mes limites en matière de consommation d'alcool et je ne suis pas prêt de réitérer cette expérience de sitôt. Reprenant contact visuel avec mon ami, je m'approche, remarquant qu'il prépare une tasse de café qu'il pousse délicatement vers moi sur le plan de travail :

-Alors, comment te sens-tu, ô vaillant noctambule ?

Je roule des yeux avec exaspération, saisissant la porcelaine entre mes doigts tremblants que j'amène à mes lèvres, avalant une grande gorgée de café brûlant dans l'espoir de soulager mon mal de crâne. Puis, je me dirige d'un pas mal assuré vers le meuble au-dessus de l'évier, fouillant désespérément à la recherche d'un remède pour atténuer cette douleur. Noa, observant ma quête infructueuse, m'informe que nous sommes à court de médicaments pour maux de tête. Déçue, j'opère un demi-tour avec un grognement, claquant la porte du meuble derrière moi avant de me servir une nouvelle tasse de café, cherchant un réconfort momentané dans la chaleur de la boisson.

Noa me dévisage, à peine retenu par un rire qui menace de s'échapper. Après une énième gorgée, je pose ma tasse sur le comptoir en bois, invitant tacitement mon ami à dire ce qu'il a sur le cœur :

-Vas-y, je le sens que tu as quelque chose à dire.
-Mais enfin, qu'est-ce qui s'est passé ici cette nuit ? plaisante-t-il.

Pourtant, je reste imperturbable, feignant l'ignorance alors que je saisis une pomme dans la corbeille à fruits. Mais juste au moment où mes dents s'apprêtent à mordre dans la chair juteuse, je m'immobilise, captivée par l'excuse de Noa selon laquelle il n'a pas réussi à fermer l'œil de la nuit.

-Arrête un peu, m'énervé-je.
-Alors, qui était ce mystérieux individu ? insiste-t-il.
-Peu importe.

Au fil de la conversation, Noa fait glisser un bout de papier qu'il extirpe de sa poche, m'informant que l'homme en question lui a laissé son numéro de téléphone, demandant qu'il me le transmette. Je m'approche pour prendre le post-it, scrutant attentivement les mots griffonnés dessus.

-Et pourquoi c'est toi qui as récupéré ça ? demandé-je.
-Pas sûr, peut-être parce que je l'ai trouvé à moitié nu en plein milieu de la cuisine à cinq heures du matin, réplique Noa avec un brin d'irritation, Peut-être que tu peux m'éclairer sur ce point ?
-Depuis quand je dois te rendre des comptes ?
-Quand je suis parti hier soir, tu étais avec Niall et maintenant je me retrouve avec un inconnu les fesses à l'air dans ma cuisine, continue-t-il.
-Ta cuisine ? Ici, c'est chez moi.
-Wow, vraiment sympa, Ella, s'offusque-t-il.

Je lui détaille alors les circonstances qui ont conduit au départ précipité de Niall la veille, expliquant comment je me suis retrouvée dans un bar, attirée par la compagnie d'un inconnu qui s'est révélé être une personne intéressante et plutôt divertissante.

-Je ne vais quand même pas m'excuser d'avoir eu une aventure d'un soir pour la première fois depuis une éternité ! grogné-je.
-Une fois ? réplique Noa, Tu ne t'es pas arrêtée jusqu'à ce qu'il dégage d'ici !
-Et alors ? hurlé-je.
-Ok, je vois, c'est sûrement une sorte de revanche ou quelque chose dans le genre, présume-t-il en battant des mains.

Les yeux écarquillés, je le fixe, incrédule face à sa façon de percevoir la situation. Sans attendre, il confirme ses propos, faisant preuve d'une assurance déconcertante. Croisant les bras sur ma poitrine, je fronce les sourcils, prête à répliquer mais il reprend la parole :

À deux doigts du bonheur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant