Chapitre 21

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Je referme brusquement la porte, le souffle coupé, et m'appuie contre le bois, tentant de calmer mon esprit agité. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, mes doigts tremblent légèrement. J'inspire profondément, cherchant à dominer cette angoisse qui monte. Un bruit de pas dans le couloir me tire de mes pensées. Noa apparaît et s'immobilise en me découvrant dans cet état. Son regard se fait interrogateur, ses sourcils se haussent légèrement, intrigués.

Je défais mon écharpe avec une lenteur calculée, comme pour donner l'impression que tout est sous contrôle.

- Tu cherches à échapper à quelque chose ? interroge-t-il, avec un sourire en coin.
- Pas du tout.

Mais Noa n'est pas dupe. Il plonge directement là où ça fait mal, un brin moqueur.

- Niall, peut-être ?

Je soupire doucement, incapable de lui cacher la vérité.

- Possible...

La réalité est plus complexe. J'aime Niall profondément, mais ces dernières semaines ont été étouffantes. Il ne me laisse plus un instant de répit. J'ai fini par céder à son idée du couple fusionnel, où chaque moment doit être partagé. Mais cette vision ne me convient pas. Vivre constamment en symbiose avec quelqu'un, même par amour, m'oppresse. J'ai toujours eu besoin de liberté, d'espaces où je puisse respirer seule.

Perdue dans mes réflexions, je mâchouille machinalement mon pouce, geste qui trahit mon anxiété. Noa, attentif, pose une main réconfortante sur mon épaule.

- Qu'est-ce qu'il a fait cette fois ?
- Rien de grave, ne t'inquiète pas.
- Alors pourquoi es-tu si tendue ?

Je murmure, presque honteuse :

- Le problème, c'est moi ...

Son visage se ferme légèrement, et il s'apprête à poser plus de questions, mais nous sommes interrompus par la porte qui s'ouvre brutalement.

- Pourquoi tu t'es enfuie de la voiture ?! lance Niall.

Je sens la lassitude m'envahir. Tentant de maintenir mon calme, je gonfle mes joues pour évacuer la tension avant de répondre :

- Je suis juste fatiguée.

La déception se lit immédiatement sur ses traits, et mon cœur se serre. Nous nous comprenons si bien que je sais qu'il devine déjà ce qui me tracasse, même si je n'ai pas encore mis de mots dessus. Ses attentions, autrefois touchantes, se sont transformées en une présence constante, presque oppressante. Les fleurs déposées chaque matin, les dîners romantiques, les bains à deux ...Tout cela m'avait séduite au début, mais maintenant, c'est devenu une cage dorée. Il est partout, tout le temps, même lorsque je tente de me détendre ou de faire des choses simples comme la vaisselle. Il vient se coller à moi, m'embrasser la nuque, et je me sens prisonnière de cette affection étouffante. Il ne respecte plus mes moments d'intimité, même sous la douche, où il vient me rejoindre sous prétexte de "partager".

Pourtant, mes sentiments pour lui sont profonds. Je ne veux surtout pas le blesser. Je sais qu'il agit par amour, pensant sincèrement bien faire.

- Tu veux que je te prépare un bain ? propose-t-il doucement.
- Pourquoi ?
- Parce que tu as dit être épuisée ...

Ses paroles me frappent, et la honte monte en moi. Qui refuserait un homme aussi attentif ? Habituellement si sûr de lui, il semble déstabilisé par ma réaction. Ses épaules se voûtent légèrement, et ses bras, autrefois croisés, tombent le long de son corps, trahissant une profonde hésitation.

- Écoute...
- Non, Ella, laisse tomber.

Je le regarde s'éloigner, son ombre disparaissant dans l'escalier, et mes yeux s'emplissent de larmes. Je me tourne vers Noa, qui semble aussi mal à l'aise que moi.

À deux doigts du bonheur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant