Chapitre 12

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Assise sur le lit de la chambre de mon grand-père, je les observe, lui et Niall, assis autour d'une table en bois qui trône au centre de la pièce. Un silence pesant plane entre nous, seulement interrompu par le léger bruit des aiguilles d'une horloge murale. Les regards se croisent et se recroisent, une tension palpable dans l'air. Nous sommes arrivés il y a déjà un bon quart d'heure et depuis lors, l'expression de mon aîné est figée dans une surprise non dissimulée. À notre entrée, ses sourcils se sont haussés dans une courbe presque comique d'étonnement mais il n'a pas prononcé un mot.

Il nous fixe maintenant, ses yeux parcourant rapidement nos visages, comme s'il cherchait désespérément à démêler une énigme. Ses iris, légèrement plissés, trahissent une confusion grandissante. Finalement, ne pouvant plus contenir ma curiosité, je brise le silence :

-Que se passe-t-il, grand-père ?
-Je ne comprends plus rien. Que se passe-t-il ?

Je jette un regard rapide à Niall, cherchant un soutien silencieux. Il hausse simplement les épaules, ce qui m'arrache un soupir de résignation. Je décide finalement de répondre succinctement que tout va mieux entre Niall et moi. Cependant, mon grand-père semble peu convaincu par cette réponse. Il fait glisser sa chaise légèrement en arrière, ses yeux exprimant clairement son scepticisme :

-Je suis peut-être vieux, mais je ne suis pas sénile. Dites-moi tout de suite ce qu'il se passe. Qui a des problèmes ? Quelque chose de grave est arrivé ?
-Pépé..., tenté-je.
-Vous vous êtes remis ensemble ? coupe-t-il.

Niall et moi secouons vigoureusement la tête en un chœur désordonné pour nier cette hypothèse.

-Nous nous reparlons seulement, Henri, intervient Niall.
-Je vais mourir moi aussi ? demande grand-père.

Un rire doux s'échappe de ma gorge à cette remarque, puis je me lève, m'approchant de lui pour lui caresser les épaules avec douceur, lui murmurant à l'oreille de cesser de faire des suppositions absurdes. Il se tourne vers moi, cherchant la confirmation :

-Sérieusement ?
-Oui, réponds-je avec un sourire tendre, Plus de plannings élaborés pour savoir quand je viendrai te rendre visite afin d'éviter de croiser Niall.
-D'ailleurs, c'était super vexant, ajoute Niall en levant son index.
-Tu ferais mieux de te taire, riposté-je en lui lançant un regard faussement sévère.

Un rire chaleureux s'échappe des lèvres de mon grand-père, illuminant la pièce d'une ambiance légère et joyeuse. Mes yeux s'écarquillent à l'entente des paroles de celui-ci, mentionnant qu'il sera désormais plus facile de se réunir tous ensemble à table, semant la confusion dans mon esprit. Je me demande intérieurement de quoi il parle exactement. Voyant ma surprise, il bafouille un instant, cherchant ses mots, tandis que je sens une boule d'inquiétude naître dans ma gorge. Je décide alors de poser la question qui me brûle les lèvres :

-Comment ça ?
-J'ai été plusieurs fois manger chez tes parents, avec ton grand-père, lance Niall.
-Tu continuais à aller voir mes parents ? murmuré-je stupéfaite.
-Ce n'est plus un secret maintenant, vous vous reparlez, suggère grand-père.
-Wow, attendez deux minutes tous les deux. Je dois savoir autre chose ou pas ? Des vacances en famille peut-être ?
-Ella..., commence Niall la voix empreinte d'une certaine appréhension.
-Eh bien, nous avons rencontré Louna, explique grand-père en accompagnant ses paroles d'un geste de la main.
-Qui est-elle ? demandé-je.
-La fiancée de Niall. D'ailleurs, j'ai été bête pour ma question de tout à l'heure...
-Wow..., lâché-je en reculant d'un pas.

Face à mon agacement grandissant, Niall réagit promptement en se levant de sa chaise. Il effectue un pas vers moi mais je recule instinctivement, levant la paume de ma main en signe que je ne souhaite pas discuter. À ce moment précis, quelqu'un frappe à la porte et mon grand-père se lève vivement, supposant qu'il s'agit du nouvel arrivant. Il élève la voix pour inviter la personne à entrer. Pendant ce temps, je reste plantée en face de Niall, nos échanges se limitant à des gestes silencieux jusqu'à ce que je répète machinalement les mots prononcés par mon grand-père quelques instants plus tôt.

À deux doigts du bonheur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant