À deux doigts du bonheur.

Chapitre 11

Je me retrouve soudain debout, fraîchement sorti du lit, vêtu de mon pyjama et d'un peignoir que j'ai enfilé à la hâte, mes pieds enveloppés dans des pantoufles douillettes. Je me tiens dans un sas, mes yeux se fixant sur une vitre transparente en face de moi, donnant sur une porte identique qui semble s'ouvrir sur une vaste salle. Afin de filtrer la lumière, je réajuste mes lunettes de soleil noires, tentant vainement de masquer ma fatigue évidente après une nuit perturbée par les ronflements assidus de Niall.

Un rapide coup d'œil circulaire autour de moi m'amène à remarquer de petits rideaux accrochés aux murs de part et d'autre. Mon regard se pose ensuite sur Niall, qui, en train de bâiller tout en étirant ses membres, semble aussi fatigué que moi. La voix brusque de Richard nous a arrachés au sommeil ce matin, nous intimant de quitter la pièce dans un délai de deux minutes à peine après sa demande.

-À tous les participants, bonjour, annonce solennellement Richard.

À ses mots, les rideaux qui nous entourent chutent brusquement, dévoilant derrière le plexiglas les autres binômes qui, à en juger par leurs expressions fatiguées, semblent tout aussi épuisés que nous. Nous sommes disposés en une ligne étirée, séparés une fois de plus. Des tapotements répétés attirent mon attention sur ma droite et je me retourne pour apercevoir Noa qui me fait de grands signes. M'approchant de lui, je commence à lui lancer des menaces à voix haute mais il me montre son oreille pour me faire comprendre qu'il ne m'entend pas. Agacée, je grogne, reculant rapidement en entendant Richard reprendre son discours :

-À juger vos têtes, la nuit semble avoir été rude pour vous tous, plaisante-t-il, Il est temps pour vous de participer au premier jeu de la journée. Regardez attentivement en face de vous.

Je me plie à l'injonction, penchant la tête pour observer les membres de la production arriver avec des panneaux géants qu'ils déposent soigneusement au sol, alignés face à chacune de nos portes. Passant une main sur mon visage, je me demande ce que cela peut bien être. C'est alors que Niall m'interpelle :

-Ella, ça ressemble à un puzzle géant, apparemment.

En observant de plus près, je réalise que Niall a probablement raison : les panneaux semblent être destinés à être assemblés. Réaliser un petit puzzle sur une table est déjà complexe alors un géant risque d'être une épreuve particulièrement ardue. Une fois tout mis en place et le personnel s'éloignant, Richard reprend la parole :

-Au signal de départ, vous devrez assembler un puzzle géant sans modèle pour vous guider. À la clé pour les gagnants, dix mille euros. Les suivants remporteront neuf mille euros et ainsi de suite jusqu'à la dernière position qui recevra mille euros. Chaque plateau est composé de quinze pièces et je tiens à préciser qu'il est inutile de tricher car chacun d'entre vous n'a pas la même image. Vous aurez tous le temps de vous retrouver mais ne perdez pas de temps à échanger des accolades. Vous pourrez le faire après, lors d'un bon déjeuner.

L'annonce ravive un enthousiasme général, surtout chez Niall dont l'estomac crie famine depuis son réveil. Le signal est donné, le déclic de la porte se déverrouillant pour nous permettre de passer. Je remarque tout le monde se précipiter, Niall se pressant pour ouvrir la vitre tout en veillant à me laisser passer en première. En effet, nous sommes à portée les uns des autres mais chacun semble entièrement absorbé par le jeu, reléguant les amitiés au second plan. Arrivée devant les panneaux, je retire mes chaussons tandis que Niall tente de déplacer une pièce de puzzle mais il grimace en me signalant que c'est extrêmement lourd. Finalement, nous nous lançons dans l'assemblage avec détermination. Nos idées s'affrontent à chaque instant, déclenchant des échanges animés et quelques querelles légères :

-Mets cette pièce ici, Niall, regarde comme elle s'emboîte parfaitement.
-Attends, laisse-moi voir... Non, je suis convaincu qu'elle va plutôt par là.
-Je te dis que non !
-Commence pas à hurler dès le matin !