14 - Natacha

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Pourquoi Lazar me fait-il escorter par Rémy ?

J'en suis surprise.

Je reste à l'affût de ses moindres mouvements.

— Attends !

L'ordre est donné à Rémy. Mais comme j'allais ouvrir la porte, je suspends mon geste, histoire de ne pas avoir de témoins dans le couloir, on ne sait jamais.

Que va-t-il encore se passer ?

Du coin de l'œil, j'aperçois Lazar tendre une enveloppe au Français.

— Tes indemnités !

Rémy regarde Lazar droit dans les yeux et prend le pli bien épais.

— Merci !

— Cela va s'en dire que ce dédommagement comprend ton silence.

— Bien sûr !

— Dragomir désire te voir !

Comme l'échange semble suspendu, j'ouvre la porte et m'engage dans le couloir, Rémy me suit de près. Toutefois, je suis certaine qu'il est aux aguets, car je ne perçois pas ses yeux sur moi. Il me regarde rarement, respectant la consigne à la lettre. Quand il le fait, mon corps s'enflamme, comme s'il reprenait vie. Je n'en comprends pas les raisons.

Est-ce pour m'informer d'un danger ?

Je colle ma carte magnétique sur le lecteur de ma suite. Je pousse immédiatement la porte. J'ai si soif.

— Dragomir !

Mon appel résonne dans le silence de notre appartement.

Curieux !

— Nous sommes là !

Mon insistance n'a pas plus de succès.

Je pose la mallette de soins pendant que Rémy referme le battant, nous isolant du reste du monde.

Une lampe est allumée dans le salon, créant une ambiance tamisée. J'écoute... aucun bruit ne s'élève. Je vais jusqu'à la chambre entrouverte du Régent. Tout est éteint, même la salle de bain. Son lit king size est vide.

Je hausse les épaules et fais demi-tour.

Bon débarras !

Face à moi, Rémy m'observe avec curiosité. Ses yeux sombres me pénètrent et ma gorge s'assèche un peu plus.

Je fronce les sourcils. Sa présence me rassure, mais cette impression de danger est tenace et malmène mon palpitant.

Je n'aime pas ça !

Demeurée calme et détachée est ce qui m'a gardée en vie. Toute autre émotion risque de me faire courir à ma perte.

Je plisse le front pour rester concentrée et file vers le mini bar.

J'ouvre la porte et me penche pour examiner le contenu. Mes lèvres sont sèches. Je les humecte, mais ma langue pâteuse ne m'apporte guère de soulagement.

— Tu as soif ? Dis-je en me tournant vers lui.

Ses iris sombres contemplent ma chute de rein. J'en fais la moue.

Clairement, il a oublié la consigne la plus importante : ne pas me regarder !

Ma question le fait presque sursauter et il acquiesce.

Je sors deux bouteilles d'eau, partant du principe que l'alcool n'est pas autorisé pendant le service. Je lui en balance une et il s'approche à grands pas pour qu'elle ne s'écrase pas au sol.

Etreinte enflammée (romance militaire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant