15 - Adrien

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Je dévore sa bouche et agrippe son visage. Je n'ai jamais eu autant besoin de respirer un souffle. Cette femme irradie, tout contre moi. Son parfum me grise. Son soupir m'exalte. Sa peau soyeuse est si douce sous mes doigts. Ses gémissements m'excitent comme jamais.

Soudain, je grogne de mécontentement.

Oui, elle n'est pas assez proche !

Une exigence impérieuse de la sentir contre mon torse rugit au creux de mon ventre.

Je tombe à genoux face à elle et me faufile entre ses jambes accueillantes. Sa poitrine s'écrase contre mes pectoraux. Ma main glisse langoureusement dans son dos. J'effleure sa cuisse. Au passage, sa lame rajoute un brin d'interdit et de piment que je n'ai jamais éprouvé.

Je sais que je fais une grosse connerie.

Mais Naëlle devient une putain d'obsession.

Alors je profite de ce moment de faiblesse pour la lover contre moi. Ma paume remonte de sa hanche à ses fesses et je la rapproche encore. Nos entrejambes l'un contre l'autre, bouillonnent rien qu'à la simple idée de se mêler. Mon excitation est à son comble.

Une alerte retentit de plus en plus fort dans ma tête.

La mission va capoter.

Oui, c'est le mot.

Tu vas te faire défoncer si on te surprend comme ça !

Toutefois, je pourrais m'invectiver de tous les beaux discours, c'est plus fort que moi. Je prends tous les risques pour un grain de sa peau... une parcelle de son désir... une bouffée d'elle...son gémissement dans mon oreille quand je dévore son cou délicat.

C'est si bon... pourquoi s'arrêter ?

Tout à coup, elle se raidit et me repousse.

Toujours à genoux, je l'observe, totalement ahuri, désemparé qu'elle me surprenne dans cet état de frénésie de volupté.

Ses joues sont rouges, ses lèvres gonflées de mes baisers. Sa chevelure d'or tombe brusquement sur son regard d'argent.

Je déglutis, mal à l'aise.

Je n'ai rien provoqué. Tout nous a submergé si vite, nous n'avons rien vu venir.

— Vas t-en ! Dit-elle brutalement.

Je sursaute sous son ton métallique. C'est comme une gifle que je reçois. Je me relève, rajuste ma veste sur ma gaule terrible.

Je la fixe toujours. J'aspire à croiser ses prunelles, découvrir les émotions qui l'agitent. Mais, elle ne bouge pas. Elle demeure, inerte, la tête baissée.

Est-ce que j'ai rêvé ?

Non ! Elle me désirait avec autant d'ardeur que moi. J'en suis sûr et certain !

Ses cuisses fuselées se referment. Sa lame disparaît sous sa robe échancrée.

Pour une technique de rapprochement, je ne pouvais guère être plus près !

Clairement, j'ai tout foiré et elle n'a qu'un mot à dire pour me faire couper les couilles.

Je me redresse. Je ne tirerai rien d'elle ce soir. Et ce n'est pas maintenant que je vais lui demander :

"Eh ! Tu souviens de la fille que tu étais avant d'être la reine de la mafia... tu sais, cette jeune étudiante en médecine qui s'appelait Naëlle ?"

Nan, mais vraiment quelle entrée en matière !

Alors je ferme ma gueule. Je me redresse encore.

— Je m'excuse ! Dis-je en pivotant.

J'ignore de quoi, car je ne regrette absolument rien. Pourtant, c'est ce qui me parait le plus approprié à dire en cet instant.

J'avance rapidement vers la sortie, priant pour que le Régent n'arrive pas maintenant.

Aussitôt, j'ai peur pour Naëlle.

Peur qu'il la voie comme ça, pleine de désir avec ses lèvres gonflées, ses cheveux emmêlés, sa culotte probablement trempée.

Tellement peur qu'il s'en prenne à elle.

Je nous ai mis dans de beaux draps.

Jamais elle n'aurait dû pomper mon pouce comme elle l'a fait.

Jamais je n'aurais dû m'emparer de sa bouche.

J'ai tout foutu en l'air.

Je jette un dernier regard sur elle. Naëlle est toujours prostrée, la tête baissée, sur ce canapé. Pire encore, elle s'est entourée de ses bras comme pour se réconforter. Je dois me faire violence pour ne pas me précipiter sur elle, l'enlacer et la rassurer. Lui dire que tout va bien se passer, qu'on va trouver une solution.

Mais quel imbécile !

Je suis pathétique.

Je me mords l'intérieur de ma joue pour me ressaisir et arrêter de déconner. Si cette nana est mon ennemie, je vais devoir la dégommer purement et simplement.

Alors je referme la porte derrière moi, espérant la laisser en sécurité.

Je file jusqu'à l'ascenseur, pressé de partir.

J'ai le diable aux trousses.

Je me pince la bouche, puis lèche mes lèvres comme si je souhaitais récupérer tout ce que je peux d'elle et m'en nourrir. Me voilà déjà un véritable junkie.

La cabine s'ouvre et Dragomir est là devant moi. Je recule immédiatement pour le laisser passer, espérant qu'il ne hume pas sur moi le parfum de sa femme au passage.

Le Régent sort et s'arrête devant moi, me jauge.

Je lui souris placidement, prenant mon air le plus respectueux possible. Après tout, c'est en quelque sorte mon chef en ce moment.

— Emil va bien ?

— Oui, il a besoin de médicaments.

Il acquiesce. Sa cravate pend sur sa chemise ouverte. Il a refermé le bouton de sa veste pour ne pas faire totalement débraillé. Mon regard est attiré par une trace de rouges à lèvres sur son col.

Un rictus s'étire sur sa bouche, attendant ma réaction, mais je ne dis rien. Je me retiens de serrer les poings. Il a passé du bon temps dans les bras d'une autre femme, ou même plusieurs, pendant que Natacha rafistolait un de ses gars.

Je m'insurge devant un tel comportement.

Je n'ai jamais envisagé d'être en couple. Pour autant, je ne m'imagine pas infidèle.

Mais quel con !

Et qu'est-ce que je faisais avec sa compagne, il n'y a pas cinq minutes ?

C'est son épouse !

Vraiment, je déraille.

Je dois le retenir ici pour que Naëlle ait le temps de se remettre et qu'elle déguerpisse de ce satané divan.

— Lazar m'a dit que vous souhaitiez me voir, Monsieur.

Il me jauge, puis lis l'heure sur sa montre de luxe.

— C'est un peu tard. Sois là demain à 18 heures, nous avons un rendez-vous important !

J'opine du chef, satisfait de l'apercevoir partir. Je soupire de soulagement. Puis, je me mords la joue.

Et Naëlle ?

Grappillant encore quelques secondes, j'ose !

— Monsieur !

Bolakov se retourne et clairement ça le soule.

Il arque un sourcil en me fixant, attendant que je m'exprime.

Je passe la main dans ma poche intérieure. Il se redresse soudain à l'affût. Je lève l'autre bras en signe de paix. Je tire un peu sur l'enveloppe pour qu'il la voie, sans la sortir.

— Merci !

Il secoue la tête comme si j'étais un nigaud et balaie l'air d'un geste de sa main. Il se retourne pour rejoindre sa suite, sa femme, ma cible !

Etreinte enflammée (romance militaire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant