Je me détends, réfléchissant à tout ce que j'ai vu.
Je vais devoir rester très loin du BOC.
Comment rendre compte à Double Zéro ?
Cela va être impossible pour l'instant. Quoiqu'il en soit, ma mission demeure Naëlle. Je ne suis pas responsable des dommages collatéraux.
Allons-nous réussir à arrêter ces mafias, peu importe leur nationalité ?
La gangrène est si répandue que l'affaire sera difficile à mener, d'autant plus si nous n'avons pas Natacha dans notre camp.
Cette reine est coriace. Je la regarde discrètement dans le rétro sans jamais insister. J'ai bien compris que mes yeux ne devaient pas l'effleurer. Je ne l'ai même pas vu battre des cils. Elle reste de marbre...
Ou devrais-je dire de glace ?
Elle m'impressionne. Jamais une nana ne m'a autant intrigué.
Je dois bien avouer que je passe peu de temps avec la gent féminine, hormis pour le plaisir. En dehors de ça, aucune ne m'a donné envie d'aller plus loin. Jamais, je n'ai été amoureux de toute ma vie. Je me suis même demandé si je n'étais pas homo tellement les femmes m'inspiraient peu d'intérêts. Nous ne venons pas de la même planète, je n'ai pas la curiosité de les comprendre. Je ne recherchais que la compagnie de mes frères d'armes. Cependant, j'ai vite saisi que je n'étais absolument pas attiré sexuellement par les hommes. Or, j'adore prendre du plaisir avec les femmes. Pour autant, ça n'a jamais été plus loin.
Attention, je ne suis pas amoureux de Naëlle. Non, cette femme m'intrigue tout simplement et pour la première fois de ma vie, elle éveille ma curiosité. C'est un peu comme un nouveau continent à explorer. Je veux révéler tous ses secrets. Pire, j'ai besoin de l'aider, de comprendre comment elle en est arrivée là.
Clairement, pourvu que l'on soit du même côté.
Ma poitrine se serre à l'idée du contraire.
Je survole le rétro extérieur. Nous ne sommes pas suivis.
Je coule un regard vers l'arrière et Lazar me fixe.
Impassible, j'observe à nouveau devant nous.
Quand nous nous garons enfin dans le parking souterrain de l'hôtel, je descends et j'attends. Aucunement besoin de demander, ils vont me signifier si ma présence est encore nécessaire parmi eux.
Dragomir sort à son tour et tend la main galamment à son épouse. J'admire sa longue jambe s'étendre, dévoilée par sa jupe fendue. Sa peau satinée est fascinante. Je me détourne immédiatement avant d'être surpris. J'observe autour de moi, comme si j'étais à l'affût d'un danger. Ses talons claquent, elle est debout.
— Rémy, tu vas venir avec nous ! Exige Lazar.
J'acquiesce et je les escorte jusqu'à leur étage.
Le pauvre Mutri poignardé geint en étant extirpé de son véhicule.
— Bravo Emil ! Grâce à toi, nous avons étendu nos affaires ! Remercie Dragomir en regardant son soldat droit dans les yeux avec fierté.
Une reconnaissance aveuglante se lit sur le visage du blessé, malgré sa souffrance, il est satisfait.
— Avec plaisir... Régent... gémit-il.
Je suis effaré, mais je reste imperturbable.
— Natacha va te soigner maintenant !
La Régente ne jette même pas un œil au gars et ça ne semble chagriner personne. C'est l'attitude qu'elle a systématiquement en leur présence. Elle avance telle une reine, le menton levé. Elle pourrait me paraître imbuvable, détestable... mais j'ai vu ses faiblesses, j'ai senti son cœur effrayé tambouriner contre ma poitrine.
— Je vous propose de prendre l'ascenseur de service avec le blessé, ce sera plus... discret, dis-je.
Lazar opine du chef.
— C'est par ici, mais nous ne rentrerons pas tous.
Naturellement, Dragomir attrape le coude de Natacha et l'emmène vers les cabines pour les clients.
Dommage...
Je soupire et déverrouille avec ma clé pour nous élever.
Nous montons à quatre avec le blessé. Ce dernier serre les dents. Les Mutri me regardent de travers, j'en comprends bien les raisons. Je suis le premier à ne pas leur faire confiance. Il faudrait être fou. Je n'appartiens pas à leur organisation et jamais je n'en ferai partie, enfin sauf pour la mission. Pour l'instant, je ne connais pas les intérêts de Naëlle, les miens ne bougeront pas.
J'appuie sur la commande du dernier étage, je sais qu'ils sont tous regroupés autour de la suite des Régents.
Quand nous sortons, Lazar nous attend devant une des chambres ouvertes. Natacha est là avec une trousse de médecin.
Le blessé est installé sur son lit et nous fermons la porte. Un des gars lui déboutonne sa chemise, dégrafe son pantalon pour dégager la plaie qui s'étend sur son ventre.
C'est pas joli !
Il va avoir une belle balafre en plus. Ce gars collectionne déjà pas mal de cicatrices. Quand je regarde autour de moi, j'imagine qu'ils sont tous dans le même état. Soudain, ma blessure guérie au thorax me chatouille, me rappelant que nous faisons tous un métier risqué, où nous jouons avec nos vies, où nous sommes capables de nous sacrifier pour une cause plus importante que notre petite personne.
— Les gars, allez vous assurer que ces lascars ne viennent pas nous enquiquiner. Stephan et Rémy vont rester avec nous.
Lazar a à peine fini de parler que les Mutri repartent exécuter leur nouvelle mission. J'en déduis que le Conseiller veut me garder à l'œil.
Pendant ce temps, Natacha a ouvert sa mallette et c'est un véritable bloc chirurgical qu'elle trimballe avec elle. Elle prépare une injection grâce à un petit flacon. Ses sourcils se froncent montrant sa concentration. Elle s'est agenouillée au bord du lit, sur un oreiller afin d'être plus confortable. Elle tapote sur la seringue l'aiguille en l'air. Sa moue est délicieuse pendant qu'elle vérifie le dosage. Quand elle se penche sur le matelas, son décolleté est envoûtant.
— Emil, tu vas faire une sieste maintenant et quand tu te réveilleras, tu n'auras plus qu'à cicatriser !
Son ton est métallique. Clairement, elle ne cherche pas à le réconforter. Le blessé acquiesce, confiant. Ils ont l'habitude de s'en remettre à elle.
S'ils ont confiance à ce point, si elle les sauve systématiquement et qu'elle produit de la drogue, se peut-il que cette femme soit simplement infiltrée ?
Elle plante l'aiguille dans le bras et Emil papillonne aussitôt des yeux.
Naëlle installe une lampe frontale sur sa tête et nettoie le ventre. Puis, elle commence son examen.
— L'intestin est touché, c'est moche ! Annonce rapidement la jeune doctoresse.
Elle fronce les sourcils.
— Il va devoir rester couché et nous devons nous procurer des antibiotiques. Je n'en aurai pas assez pour lutter contre l'infection...
Lazar acquiesce. Je sais qu'ils trouveront un médecin pour signer une ordonnance.
— Il a perdu beaucoup de sang, mais il devrait s'en remettre s'il ne fait pas de septicémie... En revanche, il faut compter sans lui pour l'instant.
Lazar me regarde, me signifiant que mon job est loin d'être terminé.
Un bref hochement de tête de ma part le rassure. Je suis son homme.
Naëlle commence son travail de couturière.
Quand elle achève l'opération, la nuit est bien avancée et la fatigue tire ses traits. Son rouge à lèvres est parti, dévoilant des lèvres desséchées.
— Va avec les Régents ! M'ordonne Lazar.
J'enchaine le pas à Naëlle, ravi de la suite des événements.
— Attends !
Je stoppe net, les épaules tendues.
Que se passe-t-il encore ?
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Etreinte enflammée (romance militaire)
RomanceIl a pour cible la reine de la mafia. Quand la romance militaire rencontre la romance mafia ! Embarquez pour une nouvelle mission du BOC (ces militaires hors normes, agents des Forces Spéciales).