Je ne rêve que de m'écrouler, de céder à la tentation, de m'allonger sur ce canapé et de récupérer ma nuit de sommeil. Mes paupières résistent, mais je passe chaque minute à bailler, mon téléphone posé sur la table basse. Sacha m'a ramené chez elle après la fête. Je ne lui en ai pas parlé, mais mon état laisse deviner l'ampleur de la situation. Assis sur le rebord moelleux du sofa, je tiens bon, il peut m'appeler à tout moment, il pourrait vouloir me parler. Je me frotte une bonne dizaine de fois le visage pour rester éveillé.
— T'as pas dormi, hein, me surprend Sacha, appuyée contre le rebord de la porte.
Ses cheveux sont dans le même état que les miens, mais contrairement à moi, c'est le sommeil qui en est responsable. Je lâche un petit sourire de culpabilité.
— S'il voulait t'appler, il l'aurait déjà fait.
— Oui mais...
— Il a besoin de temps, me coupe-t-elle. Et puis, pas sûr qu'il ait envie de t'en parler.
Sacha me laisse face à cette idée, s'en allant dans la cuisine. Elle bidouille un tas de boutons avant de revenir chargée de deux tasses. Elle m'en tend une et s'installe sur un pouf, face à moi.
— Café ? demande-je en le récupérant.
— Dans tes rêves, t'as besoin de dormir, pas de devenir un zombie. De l'eau. Et si tu ne t'endors pas, je rajoute un somnifère, rétorque-t-elle avec un sourire ironique.
J'avale d'un coup le contenu de la tasse. Je ne m'en suis pas rendu compte, mais ma gorge crevait de soif. Ça me ravive quelques secondes avant que la fatigue ne revienne.
— Au lit maintenant, m'ordonne-t-elle.
Je m'apprête à m'allonger quand mon téléphone vibre. Je m'élance pour l'attraper mais elle est plus rapide que moi.
— C'est qui ?
Ses yeux défilent sur la notification puis elle me tourne l'écran.
— C'est Tilla, elle t'informe que Atiyan est au café avec elle et qu'il va bien.
Cette simple phrase retire un poids sur mes épaules. Je souffle, je pense à les rejoindre, mais Sacha me devance.
— Plus d'excuses pour dormir.
Sa tasse sur le rebord de la table, elle me jette un coussin et me recouvre d'un plaid. À moitié recroquevillé, mes pieds trop grands pour ce lit, je me raisonne et remets correctement la couverture sur mes épaules.
— Promis, s'il y a une urgence, je te réveille.
— Promis ?
— Oui, si tu ne t'endors pas en revanche, j'éteins ton tel.
Elle sourit face à la frustration que je dégage. Je me repositionne du mieux que je peux avant de m'effondrer les paupières tout juste fermées.
***
Combien de temps s'est écoulé ? Je déteste me réveiller d'une sieste, ne pas savoir où je suis, quelle heure il est. Un œil encore fermé, je me lève après une énième sonnerie à la porte d'entrée. Je tends mon bras et récupère mon smartphone, l'heure me fait avoir un vertige.
18h32.
Le soleil a entamé sa descente, je n'aurais jamais pensé avoir dormi aussi longtemps. Je me redresse d'un bond, et passe ma main dans les cheveux comme si cela suffirait à éviter le carnage. Je n'ai reçu aucun autre message, ni de Tilla ni de lui. Je reprends mes esprits quand la sonnette résonne à nouveau. Je me lève, Sacha débarque en trombe de l'étage. Son regard assoupi, elle ne cache pas sa déception en me voyant réveillé.
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Jusqu'au prochain brouillard
RomanceMa pénombre a depuis longtemps éclipsé la lumière. Ponctuée de noirceur, la vie d'Atiyan n'est pas au bout de ses chamboulements. Pris dans une tempête personnelle, il s'est protégé de tout, sauf de l'espoir et encore moins de la forme qu'elle alla...