"Désolé, tu ferais mieux de rentrer chez toi."
Quel con j'ai été, le pire c'est que je ne regrette pas totalement. Il valait mieux ça plutôt qu'elle ne vienne chez moi et elle se vengera sûrement en balançant ce mensonge que je ne pourrai nier. Je vais devoir régler ce problème demain. Pour l'instant, je veux seulement me vider le crâne, rien de mieux que la maison de Sacha pour ça.
Ma voiture déjà garée contre le trottoir, j'aperçois le portail blanc bordé par la muraille de haies. Ma citroën verrouillée, je me recoiffe d'une main dans les cheveux avant de pousser le portillon. Je longe l'allée parsemée de graviers et tracée par des tuiles à moitié enterrées. J'atterris sous un porche qui est assorti à une terrasse en bois. À part un tuyau d'arrosage, une table et un cendrier, elle est vide. Sacha n'a jamais été doué en déco. Mon doigt sur la sonnette, elle résonne à travers l'épaisse porte. Je n'attends qu'une fraction de seconde avant qu'une petite silhouette féminine vienne m'ouvrir.
Avia.
Un chewing-gum à la bouche, son doigt tortillant une des seules mèches qui n'est pas nouée à son chignon. Elle me juge comme si nous ne nous connaissions pas. Je la toise du regard, fatigué par ses petits jeux enfantins.
— Si t'es là aussi tôt, c'est que t'as pas conclu, me fait-elle remarquer.
— On conclut pas toujours un date.
— Oui, mais là tu m'empêches d'avoir des infos sur Elya Matursi, ça va te couter cher !
Je fais ce que j'aurais dû faire depuis le début, je la contourne en ignorant son affront. Je jauge l'origine du bruit qui se propage et rejoins le salon. Je reconnais l'air de : Hollaback Girl de Gwen Stefani passé en fond. Vautré sur le canapé, ses pieds étalés sur un carton de déménagement utilisé comme une table basse. Sacha, Chris et Tim ont sorti des bols remplis d'apéritifs et les ont étalés dans toute la pièce.
— Salut mon vieux, me salue Sacha.
C'est la seule du groupe à ne pas être à l'université. Elle s'est autorisée une année sabbatique pour trouver ce qu'elle veut faire. Je l'apprécie, elle n'a pas froid aux yeux. Récemment elle a décidé de reproduire la coiffure de Tokyo, dans La Casa De Papel, après être tombée folle amoureuse de la série. Ça lui va plutôt bien et fait ressortir le diamant sur son nez.
— Salut ça va ? lui réponds-je. Sympa la déco, c'est rustique.
Le doigt d'honneur qu'elle m'adresse me fait rire. Je m'installe à côté et rapidement, elle me propose une clope que je décline.
— Bon on fait quoi les gars ? s'excite Avia en revenant de je-ne-sais-où. Jeu de la bouteille ?
— On n'est pas au collège gamine, l'envoie balader Sacha.
Avia s'installe sur un pouf, sa bière à la main, déçue que son idée n'ait pas abouti. Elle se réconforte dans les bras du dernier membre de l'escouade et par ailleurs son copain, Tim. Je crois que leur plus gros point commun est leur Q.I. inférieur à la moyenne. Il l'embrasse sans se soucier de l'appareil dentaire sur ses dents. Ses longs cheveux châtains sont attachés à l'arrière de son crâne tandis que ses contours ont été rasés. Sa mâchoire carrée et son nez droit me font penser à une statue moaï. Sacha me lance un regard embarrassé avant de fuir la situation du mieux qu'elle peut.
— C'est qui ta nouvelle proie du coup, Chris ? lance-t-elle.
Ce dernier, surpris de cette question soudaine, affiche un visage apeuré qui nous fait rire avant que je réalise sa potentielle réponse.
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Jusqu'au prochain brouillard
RomansMa pénombre a depuis longtemps éclipsé la lumière. Ponctuée de noirceur, la vie d'Atiyan n'est pas au bout de ses chamboulements. Pris dans une tempête personnelle, il s'est protégé de tout, sauf de l'espoir et encore moins de la forme qu'elle alla...