𝐅𝐎𝐑𝐆𝐎𝐓𝐓𝐄𝐍 𝐒𝐀𝐈𝐍𝐓𝐒 ─── 𝐴𝑠𝑡𝑎𝑟𝑖𝑜𝑛

Chapitre 3

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La première nuit qu'avait passée Astarion au camp avait été... tumultueuse. Son cœur, qui restait habituellement mort, n'avait cessé de battre la chamade. Il n'avait jamais vraiment été prompt à l'angoisse, pourtant le sentiment de se plonger droit dans une mort imminente ne l'avait pas quitté. Cazador avait repris son contrôle, bien entendu. Astarion devait presque se concentrer pour ne pas accidentellement prendre la direction du palais lorsqu'il s'éloignait du camp.

Ashe et Cyron ne se souciaient pas vraiment de ses faits et gestes. Ils semblaient persuadés qu'il ne partirait pas alors que lui-même hésitait à tout abandonner pour retourner ramper aux pieds de son tortionnaire. Il vaquait à ses occupations sans demander la permission de personne, partant chasser ou simplement roder dans les alentours. Astarion n'avait jamais vraiment été libre de se nourrir comme il le souhaitait. Le sang à volonté, du moins dans la limite de la faune environnante, l'ennivrait juste à l'idée. Il se régulait, quand il en était capable, sachant que plus il en aurait, plus il en voudrait.

Un vampire reste à jamais affamé. C'est ainsi.

Il évitait le magicien à tout prix. Ce dernier lui avait parlé de livres et de magie, dont il ne s'intéressait pas le moins du monde, pendant plus de trois heures à leur rencontre. Il ne voulait vraiment pas réitérer l'expérience.

Les paladins ne les invitaient jamais à les joindre, ils partaient au matin et revenaient le soir, parfois couverts de sang, parfois les mains chargées de bouquins. Astarion ne posait pas de questions quant à l'objet de leurs escapades, il n'était pas vraiment impatient d'aller faire face à Cazador alors il considérait ce kidnapping comme des vacances bien méritées après deux cents ans d'esclavage. Mais il se sentait comme un chien errant recueilli et l'idée lui déplaisait fortement ; piétiner le même sol encore et encore tout en étant en proie à diverses émotions négatives n'était pas vraiment agréable non plus.

Et en plus, Ashe était étrange. Cyron l'ignorait, au mieux. Mais elle, elle lui offrait des signes de tête lorsque ses yeux rencontraient les siens, discutait avec lui de choses futiles comme la météo et ne posait pas de regard particulier sur lui. Pas de jugement, pas de désir, pas de dégoût. Elle l'observait comme n'importe quel étranger. En tant que paladine, elle était censée le tuer sans poser de questions. Considéré comme un fiélon par sa nature, ayant condamné un nombre incalculable d'âmes dans sa chute, il aurait dû être la cible première de ce duo. Et pourtant le voilà, à squatter leur tente le jour et à échanger des regards suspicieux avec le demi-elfe le soir.

Il n'y comprenait rien. Mais il n'avait pas envie de demander. Le secret pour se libérer de la culpabilité était de ne pas s'attacher, de ne connaître personne, de n'être personne. Il refusait de placer un sentiment, un espoir, quoique ce soit dans ces gens. Ils allaient mourir et il ne tenait pas à l'avoir sur sa conscience.

Astarion cessa sa réflexion générale et tendit un bras hors de la tente. Il sentit sa chair bouillir mais pas brûler. Le soleil avait assez disparu pour qu'il puisse sortir, il était temps. Avec la même précaution que les jours précédents, il s'assura que Gayle ne traînait pas dans les parages avant de sortir s'étirer. Ses muscles étaient meilleurs maintenant qu'il avait une consommation de sang raisonnable, il était plus vif, moins patraque. Il détestait cordialement être un vampire, comme beaucoup, mais la sensation constante d'être un cadavre ambulant était de loin le plus dur à supporter. Il rejeta la tête en arrière lorsqu'une brise fraîche vint lui caresser le visage avant de se concentrer sur le bruit d'un craquement lointain. Les pas, plutôt familiers désormais, se rapprochèrent ; Astarion décida de partir à leur rencontre. Ashe et Cyron rentraient tard aujourd'hui. Chose inhabituelle, du moins pour le peu des habitudes qu'il avait retenues. Ses sourcils se froncèrent lorsqu'il identifia une anomalie dans la démarche de Cyron. De ce qu'il entendait, ce dernier semblait clopiner.