𝐅𝐎𝐑𝐆𝐎𝐓𝐓𝐄𝐍 𝐒𝐀𝐈𝐍𝐓𝐒 ─── 𝐴𝑠𝑡𝑎𝑟𝑖𝑜𝑛

Chapitre 10

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La nuit tombait déjà, pourtant ni Ashe ni Gayle n'étaient revenus. Ils s'étaient absentés toute la journée et Cyron n'avait pas osé abandonner Astarion, alors il ne pouvait que prendre son mal en patience. Ils avaient monté le camp dans un silence tendu, chacun se répartissant naturellement des tâches qui les éloignaient le plus possible de l'autre. Le demi-elfe observait parfois les activités de son camarade, le vampire avait majoritairement passé son temps à essayer de rattraper sa chemise une fois les tentes montées ; les vêtements du mage le seyant visiblement guère.

— Ajoutez plus de vinaigre, lui conseilla Cyron, et si ça ne suffit pas on la déteindra avec du dissolvant.

Le rejeton arrêta de frotter pour analyser ses efforts, vains.

— Je vais la teindre en noir, décida-t-il.

Astarion partit fouiller son sac et en ressortit un petit flacon. Cyron haussa un sourcil.

— Quand avez-vous acheté de la teinture ?

— Acheté ? Je l'ai volée à la charmante vieille dame que nous avons croisée dans les bois.

Le paladin prit ses tempes en coupe. Évidemment qu'il ne l'avait pas achetée. Il abandonna à nouveau le vampire, déjà fatigué de son comportement. Bon sang, mais que faisait Ashe ? Elle jouait bien mieux les baby-sitters que lui.

Cyron tâcha de monter un feu dans la cheminée, un mot distant de la part de l'elfe et des flammes vinrent en longer les murs. Il traîna un banc jusque devant le foyer et s'y assit, utilisant le chaudron déjà disposé pour cuisiner un potage. Il n'avait pas pris la peine de remettre son armure, étant normalement en sécurité dans le couvent. Mais il aurait dû. Un frisson passa sur ses avant-bras découverts, les murs épais en pierres ne laissaient guère passer la chaleur du soleil. L'air ambiant était très frais.

— Qu'est-ce donc que ceci ?

Cyron sursauta. Il n'avait pas entendu le rejeton approcher ni vu ce dernier pointer d'un doigt, très proche de sa peau, la cicatrice de morsure qu'il avait dans son cou. Peut-être était-il la raison de son frisson.

— En quoi cela vous regarde ?

— Allons, ne soyez pas une prude. Je sais reconnaître une marque de mes pairs quand j'en vois une. Alors, paladin, comment a-t-on bien pu mordre un puceau effarouché tel que vous ?

Il lui aurait bien répondu d'aller se faire foutre mais le blond devait bien admettre qu'il avait envahi l'intimité d'Astarion contre son gré à plusieurs reprises. Ils le forçaient tous à se mettre à nu devant eux et ils le lui rendaient peu. Et puis, Cyron était persuadé que le vampire avait déjà remarqué cette cicatrice bien avant mais s'était gardé de lui poser une quelconque question à ce sujet. Il le faisait maintenant car il l'avait vu jauger celle d'Ashe d'un œil mauvais. Il jouait un jeu cruel avec lui, en cherchant à lui rappeler ses propres torts pour l'interdire subtilement de faire une leçon de morale à qui que ce soit. Il soupira.

— J'ai aimé une femme, il y a longtemps.

— Encore un passé amoureux désastreux ? C'est décidément à la mode chez les paladins.

Cyron ne flancha pas le moins du monde devant son cynisme.

— Exact. Nous n'avons pas été très chanceux.

Le manque d'agressivité du demi-elfe fit baisser celle du rejeton. Il s'éclipsa quelques secondes pour revenir avec une nouvelle bouteille de vin, probablement empruntée au couvent puisque les gobelins n'avaient pas ce genre de millésime dans leurs caves de vinasses. Astarion servit deux verres tout en s'installant à ses côtés sur le banc étroit, il fit néanmoins très attention à ce qu'aucune partie de leurs corps ne se touche.