Connexion Étoilée

02. Interaction Gravitationnelle

DAHL

interaction gravitonnelle
nom féminin
Phénomène fondamental de la physique des particules qui décrit la force d'attraction entre les particules massives, telles que les planètes, les étoiles et les galaxies, en vertu de la gravitation.

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Je peux voir l'envie qui la tenaille de rebrousser chemin vers sa maison, mais mes mains, agrippant fermement ses épaules, l'empêchent de céder à cette tentation. Elle sait que je ne suis pas du genre à reculer facilement devant une personne opiniâtre et, depuis que je la connais, Kamaria m'a véritablement enseigné comment ne pas fléchir devant quelqu'un qui ne poursuit qu'un seul objectif, sans détours. Elle a renforcé ma résilience à un tel point que je doute qu'il existe quelqu'un d'autre au monde capable de la faire céder.

Pour être honnête, j'ai presque douté de mes capacités à la faire bouger, tant elle semblait absorbée par son ordinateur. Ça fait des semaines qu'elle l'est et, à chaque fois que je suis venu la voir, elle m'a ignorée. Je l'ai laissé faire, conscient de l'importance que ça revêt pour elle. C'est aussi pourquoi j'ai décidé de prendre les choses en main.

Le problème avec Kamaria réside dans son obsession pour la perfection. Elle se sent forcée de répéter inlassablement les mêmes actions de peur de commettre la moindre erreur. Ce processus perpétué d'exécution des calculs devient épuisant pour elle, la forçant à recommencer sans cesse. Mais cette tendance compulsive est une nécessité pour elle.

Je ne la comprenais pas pleinement avant et, même aujourd'hui, je suis incertain de la saisir entièrement. Cependant, à force de passer du temps à ses côtés, j'ai commencé à en percevoir les contours. Ce n'est pas anodin de la voir sacrifier ses nuits, devenir dépendante du café et s'isoler pendant des jours d'affilée. Cette réalité me touche profondément et me pousse à agir.

La première fois, je l'ai retrouvée pour l'aider dans ses calculs pour parfaire l'observation d'une éclipse à travers son télescope. Mais très vite, j'ai réalisé que cette situation n'était pas saine. Je ne saurais dire combien de fois nous avons dû répéter ces calculs, mais ça a dépassé la vingtaine, si je me souviens bien.

Lors de ma deuxième tentative, j'ai essayé une approche différente. J'ai proposé mes propres calculs, bien que son scepticisme initial m'ait fait craindre un échec. Pourtant, elle a fini par accepter. Probablement parce que le phénomène observé était commun – le transit de Kepler-186f devant son étoile hôte. Cette acceptation a marqué une première pour elle.

De là, j'ai progressivement exploré des phénomènes plus rares. À chaque réticence de sa part, j'ai persévéré, jusqu'à ce que la confiance s'installe. Il s'agit moins de lui ôter sa responsabilité que de l'aider à modérer son obsession. Je sais qu'elle prend plaisir à ces calculs, à cette immersion dans l'observation céleste. Alors je la laisse s'y adonner, la laissant parfois s'enfermer dans sa chambre pendant des périodes étendues, jusqu'à ce que je décide d'intervenir.

Je crois que ce processus lui apporte une certaine satisfaction et j'espère qu'il allège le poids qui pèse sur ses épaules.

Tandis que nous nous approchons lentement de l'arrêt de bus, je finis par la lâcher, puis m'installe sur le banc pour attendre. Kamaria reste debout encore quelques minutes, hésitante. Elle se mord la lèvre en jetant un regard vers nos maisons au loin.

Je sens toute la nervosité qui l'envahit, cette boule dans le ventre dont elle parle par moment quand elle se sent insuffisante. Je remarque aussi ses doigts tapotant nerveusement son bras. D'une certaine manière, je m'en veux d'être la source de cette anxiété chez elle, sans savoir quoi faire pour y remédier. Je me sens impuissant, comme si rien de ce que je pourrais faire ne suffirait à l'apaiser.