Connexion Étoilée

14. Nébuleuse Sombre

DAHL

nébuleuse sombre
nom féminin
Nuage interstellaire dense composé de gaz et de poussières qui bloque la lumière des étoiles et des objets célestes situés derrière lui, créant des régions obscures et opaques dans le ciel.

˗ˏˋ ☆ ˎˊ˗

Je crois que mon cœur est cassé.

Ça fait une semaine que Kamaria est partie à l'autre bout du monde avec Jared pour Hawaï ; une semaine que mon cœur ne bat plus comme il le devrait. Au début, j'ai essayé de voir les choses positivement, car c'est évident qu'elle est heureuse et qu'elle réalise son rêve. J'ai donc tenté de sourire et de me réjouir pour elle.

Pendant un temps, ça a même fonctionné. Pendant un temps, j'ai réussi à sourire pour elle et pour cette opportunité.

Puis elle est partie et tout s'est évaporé. C'était si soudain ; j'ai été pris de court. Un jour, elle était là, dans sa chambre, et le lendemain, elle était partie. Elle m'a laissé derrière elle. Pour toutes les vacances. Pas pour une ou deux semaines. Pas pour un mois. Mais pour deux mois entiers où je n'aurai personne d'autre que moi-même parce qu'elle ne sera pas là, de l'autre côté, sur son balcon. Elle ne sera pas là, alors que j'ai besoin d'elle. Pourquoi est-elle partie ? Pourquoi m'a-t-elle laissé ?

Comme tous les soirs, je suis tourné vers sa maison, vers sa chambre, espérant peut-être y voir de la lumière, signe qu'elle est de retour. Comme tous les soirs, sa maison est vide. Même ses parents ont décidé que c'était le meilleur moment pour partir en vacances. Il n'y a rien d'autre que ces volets fermés et ce silence pesant qui me tord l'estomac depuis deux semaines.

J'ai l'impression d'être un geignard, incapable de supporter son absence, mais deux mois, c'est bien plus que ce que nous avons jamais partagé. Après toutes ces années, c'est comme si on m'arrachait la respiration en m'éloignant d'elle. Et c'est dur, c'est vrai. C'est difficile de supporter le monde lorsqu'elle n'est pas là. J'ai l'impression de me noyer sans elle.

Au milieu de cet immense océan où l'horizon m'échappe, je suis seul. Seul pour m'en sortir, seul pour rejoindre le large. Seul. Seul. Seul. C'est si difficile de garder la tête haute. J'ai l'impression que tout s'écroule autour de moi, que tout se détruit.

Assis au bord de mon lit, je mets mon casque sur mes oreilles et lance la musique. Je ferme les yeux et active mon imagination pour visualiser autre chose. J'imagine ma maison, un lieu éloigné d'ici, accueillant et magnifique, où j'ai le contrôle total. Je suis le maître de cette maison, en charge de chaque détail. Je peux arranger les objets et organiser les meubles à ma guise. Je sais exactement où se trouve chaque chose, sans aucune confusion. Il n'y a pas de panique à chercher un objet précis, je sais parfaitement où tout est.

Dans cette maison, règne une tranquillité apaisante. C'est un lieu de paix, où tout le monde s'entend bien. Un endroit où les gens se retrouvent, où je peux inviter qui je veux à n'importe quel moment. K, bien sûr. Elle sera toujours la première sur ma liste. Elle fait partie intégrante de ce paysage, parce qu'elle est ma meilleure amie et que je veux qu'elle soit là, avec moi. Elle pourra venir aussi souvent qu'elle le souhaite, à n'importe quel moment. La porte sera toujours ouverte pour elle et pour son bazar. Son bazar, je sais comment le gérer, je sais comment le ranger.

Je laisse échapper un soupir en enfouissant ma tête dans mes mains, incapable d'affronter le monde qui m'entoure. Mon esprit est en ébullition, me faisant rêver d'une maison ordonnée, sous mon contrôle, avec Kamaria à mes côtés. C'est absurde. Complètement absurde. Je dois trouver une meilleure façon de gérer cette angoisse qui me ronge, car cette méthode ne fonctionne pas. Pas suffisamment, du moins.