Connexion Étoilée

15. Corps Primaire

KAMARIA

corps primaire
nom masculin
Objet principal autour duquel d'autres objets plus petits gravitent ou orbitent dans un système planétaire ou stellaire.

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Je peine à saisir la chaleur qui irradie dans mon cœur, celle-là même qui affirme que ce moment est précisément celui que j'attendais. J'ai l'impression d'être sur la Lune, contemplant la Terre et réalisant à quel point nous sommes insignifiants face à l'immensité de l'univers qui nous entoure. Je me sens transportée loin dans l'espace, immergée dans cette joie qui illumine mon visage depuis vingt-quatre heures. Tous les muscles de mon visage se contractent de douleur à force de sourire depuis si longtemps.

Il y a une éternité que je n'ai pas ressenti une telle joie, que je ne me suis pas sentie aussi bien. Ces dernières années ont été une succession monotone, toujours au milieu de l'échelle. Pourtant, aujourd'hui, je suis au sommet, dominant le monde à mes pieds, qui m'attend. Tout ça est si magnifique ; observer à quel point tout est beau, merveilleux et inoubliable à mes yeux est une expérience enivrante.

Je monte, monte et monte encore et m'élève vers les nuages, vers les cieux, sans que rien semble pouvoir m'arrêter. Et je doute qu'il existe quoi que ce soit capable de me retenir.

Lorsque nous descendons enfin de la voiture, je lève les mains en l'air, sentant l'air de la ville m'accueillir. Même après vingt heures de vol, je ne suis pas redescendue de mon nuage, toujours aussi ressourcée. Je pensais que tout s'arrêterait une fois dans l'avion et de retour dans ma vie quotidienne, mais je ne peux pas laisser cette expérience derrière moi. Hawaï et son observatoire m'ont laissé trop de souvenirs pour les oublier.

Tous ces jours passés là-bas, à l'observatoire, auprès de ces scientifiques, restent gravés dans mon esprit. J'ai pu interroger autant de personnes que possible pour leur poser une multitude de questions et partager mes connaissances pour essayer de les impressionner – je ne crois pas que ça ait vraiment fonctionné.

J'ai aussi pris le temps de faire plaisir à Jared en visitant l'île, même si le Mauna Kea est très reculé par rapport aux villes pour éviter au maximum la pollution lumineuse. Il a mené la marche ces jours-là et je dois avouer que je n'ai pas prêté grande attention. J'avais essentiellement le nez dans mes livres d'astronomie, hochant la tête à chaque fois qu'il m'expliquait quelque chose. Il a fini par me voler le livre et m'a obligée à contempler la plage de sable vert sur laquelle il nous avait emmenés. C'était vraiment époustouflant.

Ensuite, il m'a convaincue de faire de la plongée avec les raies manta une fois la nuit tombée, alors que j'aurais pu être de retour à l'observatoire pour contempler les étoiles. J'étais réticente au début, mais ça en valait la peine, de baisser les yeux quelques instants pour admirer les merveilles qui sont déjà là, tout près de nous sur Terre.

Bien sûr, j'ai rattrapé cette nuit-là dès le lendemain.

Je ne connais personne qui aurait pu supporter mes exigences comme lui l'a fait. Je lui suis infiniment reconnaissante pour ça, car grâce à lui, j'ai eu la chance de passer deux mois entiers à l'un des meilleurs observatoires du monde, où j'ai pu scruter ce que j'ai toujours rêvé de voir.

C'était une expérience différente des observatoires habituellement obscurcis par la pollution ; là-bas, j'ai eu le privilège d'admirer des astres célestes peu lumineux que je ne pourrais observer nulle part ailleurs. Je ne sais pas comment Jared a réussi à convaincre les scientifiques de nous permettre de les visiter chaque jour dès neuf heures du matin – j'ai le sentiment que ses parents ont joué un rôle – mais je lui en serai éternellement reconnaissante d'avoir rendu possible cette expérience aussi magique. Je doute pouvoir jamais vivre quelque chose d'aussi extraordinaire autrement.