la plume change
Le temps passe et c'est toujours la même routine, encore et encore. On s'entraîne beaucoup avec l'équipe ; l'objectif est de se qualifier pour le championnat national. Ce n'est pas facile, car jusqu'à présent, nous n'avons gagné que deux matchs sur sept, et ce n'est pas du tout encourageant. À la maison, j'aide ma tante dans quelques travaux, mais je m'efforce toujours de garder le sourire. Je sympathise, mais à l'intérieur, je suis vide et détruite. Je m'efforce d'interagir avec les gens, et à la fin de la journée, je me retrouve épuisée et vidée d'émotions. Je peux juste dire que je suis vivante, et j'espère qu'un jour je réussirai à combler ce vide. J'aime jouer au foot ; c'était comme si j'étais programmée pour le faire, et j'oublie tout ce qui se passe autour de moi. Mon objectif en jouant n'est pas de me faire connaître, de devenir une star, d'être riche ou quoi que ce soit. J'aimerais jouer, gagner et changer la vision que le monde a de nous, les pauvres. J'aimerais jouer et prouver à tous que, oui, nous sommes les rejetés de la société, mais nous y sommes arrivés. J'aimerais gagner pour me faire entendre par le monde. J'aimerais parler de l'ignorance de nos dirigeants face à la situation de nos quartiers. Ils ferment les yeux sur les délinquances, les oppressions et le manque d'éducation et de travail dans nos milieux. J'aimerais dénoncer, et pour ça, je suis prête à m'entraîner des heures par jour, si besoin. Malheureusement, les vacances sont presque finies, je rentre au lycée. Malgré mes très bonnes notes dans les matières scientifiques, j'aimerais m'orienter vers une série littéraire, parce que je me sens bien avec les mots, et j'aimerais étudier le droit et les affaires internationales, servir de porte-parole pour mon pays. Ça, ça me passionne énormément. D'après mon frère, il a parlé avec ma tante. Je vais continuer dans un lycée public tout près de chez mes tantes, et beaucoup de gars de mon équipe étudient là-bas. Certes, je serai séparée de mes anciens camarades qui iront sûrement dans les meilleurs lycées, mais ainsi va la vie. Patience, belle patience.
La rentrée scolaire est dans trois jours. Ma tante m'a donné de l'argent pour acheter des fournitures scolaires. J'ai un peu honte d'accepter cet argent, mais je n'ai pas trop le choix. Ma tante et son mari ont tellement fait pour nous que je ne saurais comment les remercier. J'aimerais aussi avoir un travail pour ne pas trop leur imposer une charge, mais je ne sais pas s'ils me laisseraient, ainsi que Samir. En parlant de lui, il est retourné il y a environ une semaine, et il me manque beaucoup.
Je me lève, me change rapidement, m'habille simplement, et je pars acheter mes fournitures. J'ai pris un taxi pour aller au marché faire mes achats, car dans les boutiques du coin, c'est beaucoup trop cher. Une fois arrivée, des souvenirs refont surface. À chaque rentrée scolaire, on avait l'habitude de faire une liste de nos fournitures avec ma sœur, puis après, on partait avec notre papa ensemble pour l'achat. Une fois à la maison, c'est parti pour le fameux discours de chaque parent africain : « Travaillez beaucoup, prenez soin de vos cahiers, ramenez de bonnes notes, ne finissez pas le cahier ou les stylos en un mois. » Et aujourd'hui, je suis seule. C'est très difficile. Ma famille, c'était mon centre du monde. C'était tout ce que j'avais, et chaque coin et recoin de cette ville me rappelle des souvenirs durs à oublier. Sous ces pensées, je pars rapidement dans une boutique, j'achète les affaires et retourne à la maison pour m'enfermer dans ma chambre. Tant pis pour les entraînements, je n'ai pas la tête à courir derrière un ballon aujourd'hui.
Le lendemain, je me réveille très tôt, j'aide ma tante dans ses travaux, je me change et récupère mon sac pour l'entraînement. Je salue mes amis et puis nous commençons jusqu'à ce qu'Ibrahim m'interrompe.
Ibrahim : Ça va, Awa ? Hier, tu n'étais pas venue.
Moi : Oui, désolée. Je n'avais vraiment pas le moral. C'était une dure journée.
Ibrahim : T'inquiète, je te comprends. Hier, on a parlé de la qualification à la finale, et je connais un gars qui pourrait nous aider. On aura juste à payer les frais d'inscription pour participer à la finale.
Moi : Mais c'est une très bonne nouvelle ! On doit payer combien ?
Ibrahim : Environ 25 000 francs CFA.
Moi : Wow, où chercher l'argent ?
Ibrahim : C'est ça le problème. Avec les autres, on arrive à peine à gagner 500 francs par jour. Là, c'est la galère.
Moi : Ok, on doit penser à une solution à la fin du match.
Comme prévu, à la fin, on s'assoit pour réfléchir à la solution. Il y en a qui ont proposé de donner 1 000 F, 500 F, 200 F, 1 500, mais à la fin, on a seulement 17 500.
Aïcha : On fait comment maintenant ?
Moi : J'ai des économies, je peux contribuer pour compléter les 7 500. Ne vous inquiétez pas.
Fatma et gars 1 : Non, Awa, ce sont tes économies. Tu as travaillé beaucoup pour les avoir.
Moi : Ne vous inquiétez pas, c'est pour une bonne cause.
Gars 2 : Tu es sûre ?
Moi : Oui.
Gars 5 : D'accord, on va essayer de regrouper l'argent dans trois jours, et on va le confier à Fatma.
Nous : Oui, c'est bon.
Aïcha : Moi, je crois que pour éviter de se trouver dans ce genre de situation, on pourrait essayer de créer un fonds pour l'équipe, 100 F par semaine, au moins.
On était tous d'accord avec l'idée d'Aïcha, et on se quitte ainsi.
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Mon destin
AcakDécouvre l'incroyable transformation d'Awa, une héroïne déterminée, dans un voyage rempli de défis et d'amour. Cette histoire t'attend, plonge dans cette aventure dès maintenant ! ❤️💯