Point de vue de Léon Foxegrave
La perte de ma mobilité fut terrible ; je n'avais plus d'avenir, mais je refusais que l'on s'apitoie sur mon sort. Toutefois, j'étais devenu prisonnier de mon mensonge en rejetant Rozalie, préférant lui masquer mon handicap, ainsi qu'aux autres. Pour le cacher, j'ai dû recourir au "Flux de Guérison", une technique avancée normalement employée pour cicatriser les plaies rapidement. Cependant, moi, j'en avais détourné son utilisation en m'en servant de manière permanente, cela me permettait de profiter à nouveau de la partie de mon corps paralysée. Néanmoins les blessures, elles, restaient présentes au moindre mouvement. J'étais fatigué, à bout, mais j'ai tenu bon. Avec le temps, j'ai appris à faire avec et à masquer la douleur. Dans un même temps, je ne faisais rien d'autre que de m'isoler de plus en plus, Rozalie tentait parfois de renouer le dialogue, lorsque je l'apercevais je me contente de l'ignorer bien, c'était sûrement ce qui me brisait le plus. J'étais renfermé et au plus bas, pourtant, c'est à ce moment-là que je reçus le plus d'éloges.
"Léon est la fierté de l'île."
"Léon est incroyable, il a vaincu un monstre redoutable et nous a protégé."
"Léon, voudrais-tu épouser ma fille ? Tu serais le gendre parfait, tu es fort et puissant."
Non je ne suis rien de tout cela.
Je récoltais ce genre de louanges à longueur de journée alors que je n'étais pas le seul à avoir combattu, cela m'agacé d'autant plus que je ne les méritais pas. C'est pour cela que j'ai opté pour quitter la patrouille ; je n'avais plus envie de faire semblant et c'est compliment dont je rêvé jadis m'écœuré du plus profond de mon être. J'ai décidé de faire les choses à ma manière en devenant l'unique gardien des ruines, protégeant leur accès. Je ne voulais plus que par ma faute quelqu'un périsse.
À mes yeux, je ne valais plus rien ; je n'étais qu'un misérable, et mon existence était néfaste pour les autres, en ce sens les Sages... Ou plutôt ces démons avaient eu raison à mon sujet.
Les conséquences de la bataille furent dramatiques, non seulement pour mon état, mais aussi parce que j'avais envoyé Alan à la mort. J'en étais entièrement responsable. Ça aurait dû être moi, pas lui. Je l'ai réalisé lors de l'enterrement des nombreux soldats qui avaient donné leur vie ; il en faisait partie. En voyant son épouse et sa fille, j'ai compris que j'avais fait bien plus que tuer un homme : j'avais brisé une famille.
Sa femme cachait ses sentiments autant qu'elle pouvait, le faisant pour protéger l'innocence de la seule personne qui lui restait. Seulement moi, je les ressentais comme s'il était mien. Je me suis approché d'elles et je me suis incliné solennellement pour leur témoigner tout mon respect. Je me suis excusé encore et encore. Pourtant, Elise ne me tenait pas pour responsable, même si elle savait que c'était de ma faute si Alan s'était rendu dans les ruines à ma place.
"Pourquoi es-tu désolé, Léon ? Et où est mon Papa ? Il me disait que vous étiez toujours ensemble." Prononça Myra, d'un air innocent.
Elise, sa mère, tremblait, ne sachant quoi dire. Alors, j'ai pris un grand engagement. Je me suis baissé à son niveau et, d'un faux sourire, je lui ai répondu :
"Ton Papa... Il est allé en mission, une très longue mission. Il l'a fait pour protéger les habitants et te protéger toi."
Myra afficha une mine déçue : "Mon Papa... Il me racontait toujours des histoires. Il me parlait souvent de toi. Il est parti où ? Je veux le voir..." Des larmes commençaient à couler lentement.
"Myra... Ton Papa, avant de voyager loin d'ici, m'a confié un objectif. Il m'a dit de te protéger et de passer te voir pour jouer avec toi. Tu es d'accord ?"
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Le gardien du mana éternel
FantasyDans l'île enchantée de Solken, Léon, un jeune garçon trouvé dans les ruines, est adopté par le chevalier Saint Guilbert, devenant ainsi l'héritier d'une noble lignée. Mais en tant qu'étranger, il est rejeté et marginalisé. Rozalie, une fille intrép...