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Mon capitaine avait le pas lourd et faisait entrer une brise glacée qui faisait vaciller la flamme dans la cheminée.
La créature à mes côtés se fait plus petite afin de se faire oublier par le nouvel arrivant.
-"ni mon acolyte, ni moi n'avons été équipés de vêtements chauds. Dois-je prendre ce message comme une volonté de votre part de nous voir mort?"

Il baissa simplement la tête et courut le plus rapidement qu'il pue vers une petite boîte en bois d'où il est sorti de manteau de bête.

-"je crains ,malheureusement, que l'un d'eux ne soit pas à votre taille."

-"je croyais que vous aviez tout fait pour que notre accueil soit optimal. Cherchez-vous à provoquer notre colère ?"

-"Non pas du tout, il est simplement rare de trouver quelqu'un de si grands par chez nous."
Il s'est défendu comme il a pu, mais connaissant bien mon capitaine, je su que ça n'allait pas suffire.
Le peu de tissu qui couvrait le bas de son visage ne dissimulait que très peu l'appréhension de la réaction.

-"mais je peux aller vous en acheter !"

Mon supérieur ne bouge pas et ne cessant de froncé ses sourcils en broussaille en une moue contrariée ,les bras croisés sur son torse, il s'avança lentement vers le plus petit. Il leva sa grande main au-dessus de notre hôte. Ce dernier écarquille les yeux avant de les fermer brutalement, craignant sûrement le coup. Je m'interposa, en mettant en travers du potentiel coup.

-"j'aimerais beaucoup que tu me montres votre artisanat et votre marché. Nous en profiterons pour acheter le nécessaire.hmmm?"

Sans véritablement lui laisser le temps de répondre, je lui saisis le poignet et le tira vers la sortie.

-"tu ne devrais pas sortir si peu couvert !"

Il se le faiblement sans pour autant manifester une véritable résistance.
Une fois dehors, la porte fermée, je souffle un grand coup.

-"M...merci j'imagine."

-"N'est pas l'air si surpris ! Rien que de te voir l'énerver ça me foutait les jetons."

Je tentais d'apaiser les tensions ce qui eu l'air de fonctionner au vu du plicement au coin de ses yeux.

-"J'ai cru que j'allais faire une crise cardiaque."

Il rit de bon cœur en me tapant amicalement l'épaule.

-"Je te vois greloter. Si tu meurs il va définitivement me tuer."

C'est ainsi qu'il me conduisit dans une sorte de grand hall dans lequel se trouvait de grandes tables entourant un feu monumental. Certains résidents, sûrement des marchands, déposaient négligemment quelques victuailles, peaux et objets d'artisanats.

Le corné se dirigea , le pas assuré vers une des tables du fond de la salle. Sur cette dernière s'entassait énormément de fourrure , de laine et autres matériaux liés de près ou de loin à la couture.
Il farfouille dans le monceau de fichu, retira un de ses gants pour toucher la texture . Sa main était aussi blanche que le contour de ses yeux, les doigts raffinés se confondait dans le poil fin des fourrures exposées.

-"Tu préfères avoir chaud ou être au sec ?"

Sa prise de parole soudaine m'avait pris de cours étirer brutalement dans mes rêves. Je tournai sur moi-même et observa avant de finalement conclure :

-"les deux si c'est possible."

Un éclat amuser apparaît dans ses yeux.

-"je vous prendrai celui-ci s'il vous plaît."
Sans plus de blabla il posa une monnaie inconnue sur le comptoir puis pris la longue peau de bête sous son bras .
-"la boutique qui vont vous faire les costumes sur mesure et là-bas."

Comme pour appuyer c'est dire ils t'ont dit son doigt vers une petite boutique qui ne payait pas de mine au fond de la salle.

Le vendeur suite à la demande de la personne qui m'accompagnait me demanda de bien vouloir me déshabiller pour prendre mes mesures. Peu ravi à l'idée de me retrouver dénudé en ce temps glacial j'entrepris malgré tout de retirer ma veste.
Et Paul de mes bras à peine découvert se erissèrent.

-"je peux rester en t-shirt ?"

Quand je me suis tourné , les deux cornés me regardait comme sous le choc.
Le plus petit des deux se mit devant moi en essayant de me cacher. Le dessous des yeux avait pris quelques teintes rougeâtre.

-"Il n'est pas d'ici . Ça doit être le choc des cultures."

Il est gêné et me mena dans la cabine d'essayage.

-"bah qu'est-ce qui te prend, on ne se met pas à poil devant tout le monde."
Pour accompagner ses dires il gesticulait beaucoup, cela devait être lié à sa gêne.

-"à poil ? Je suis pas à poil."
Il haussa les sourcils ,perplexes. J'avoue que ce geste me gèna comprenant aux œillades troublées de la foule qu'ici ce genre de comportement était excentrique.

-"ici on ne se déshabille pas."

-"même le t-shirt ?"

-"même le t-shirt."

-"même quand il fait chaud ?"

-"c'est très drôle ce que tu me dis là."

-"tu es en train de me dire que vous restez tout le temps dans vos espèces d'armures?"

Il médita avant de secouer la tête.

-" Non, disons qu'on est juste ... pudique."

-"ok... Est ce qu'un jour je verrai ton visage ?"

Il rougit fortement  et remonta un peu son masque sur son nez.

-" ben j'en sais rien..."il joue avec le bord de sa mitaine. " Disons que pour l'instant on ne se connaît pas beaucoup."

-"Pas du tout tu veux dire."
Je l'ai dit sans trop y réfléchir avec un léger sourire.

-"j'osais pas le dire comme ça."
Et ce fut la première fois que je l'entendais rire.

Nous rentrions une heure plus tard, de grands sacs remplis d'un ensemble d'emplettes. Il avait entrepris de me faire découvrir les confiseries et nourriture locale parce qu'à mon avis le corné est un grand amateur de sucre.

-"quand nous rentrerons je te ferai goûter ce que j'ai ramené."

-"Tu as ramené des trucs ?"

-"Évidement , ça ne se fait pas de venir les main vide."
Il semble à quelque peu surpris voire même un peu ému.

-"tu sais, quand on m'a dit qu'un colon viendrait chez nous, plus précisément chez moi" il le souffla dans un rire amer "je n'ai pas tellement été ravi par la nouvelle."
Il laissa poser un léger silence.
"Cependant, malgré mes réticences du départ j'avoue m'être complètement trompé sur ton compte."

Il avait l'air sincère. Bêtement, je fus ravi.

Terre du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant