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Le lendemain matin, en me levant, je saisis rapidement que le jeune m'ayant posé tant de problème la veille n'était plus là.
Une trace de sang coagulé jonchait le tapis encore humide d'une potentielle tentative de nettoyage. Les quelques débris de mousse confirmer mon hypothèse.

Mon capitaine qui se vantait de jour en jour d'être si observateur ne remarque quand même pas l'absence de l'autre corné.
À contrario, je le cherchais partout dans la ville. Les pauvres passants devaient me prendre pour un fou. Déjà quelques jours que je ne sortais jamais de la maison. Et là tout à coup, je me mettais à courir à travers les villes en criant.

J'ai eu l'espoir de le revoir au hall auquel il m'avait emmené pour acheter les fringues. Je suis soulager de voir qu'il se tenais debout devant un marchand. L'une ses mains tenait en équilibre un immense panier d'osier rempli à ras bord d'une sorte de chou. L'autre tenait une corde lâche accroché au harnais d'une monture encore inconnue au bataillon.

Je me précipitais à travers la foule. Une fois à sa hauteur, je tapotais l'épaule du jeune garçon.
Il sursauta violemment et se retourne à tout aussitôt. Cela me fait rire. Ne me demandez pas pourquoi.

Je trouvais simplement cela ironique de voir un tout petit être paressant seulement grâce aux habits à une immense bête sursauter en poussant un petit cri peu viril. Mais il me semble que lui non plus n'a pas compris mon soudain éclat de rire.

-" T'es neuneu toi ! Tu m'as fait une peur folle."
Il essayait de retenir un rire mais finit par le laisser franchir la barrière de ses lèvres. Un rire tout presque cristallin. Quelque chose de doux et agréable à l'oreille malgré le fait que ce soit assez aigu.
Tout le contraire de son comportement d'hier soir. Je pense par ailleurs qu'elle s'en rappelle très bien. Étant donné, les petits sourires gênés que je peux apercevoir sous son masque.

Malgré le fait que nous ne soyons pas de la même espèce j'arrive clairement à discerner la gêne qu'ils sous entendent. Un peu comme s'ils signifiaient " désolé pour hier".
Et je trouvais ses mimiques d'excuses plus qu'adorable.

Dans un même temps il me tendit une des corbeilles tout en essayant de cacher sa jambe blessée derrière celle bien portante. Je finis par prendre les deux alors qu'elle essayait d'emporter au moins une.
-" Tu es censé te faire servir pas l'inverse."
Il pouffa joyeusement en sautillant pour attraper la pagnère que je relevais pour la maintenir hors de sa portée.
Je finis par la poser sur mon épaule. Malgré ma musculation plus développé que la sienne je sentais bien que le poids était conséquent.
Lui, fini à croupie sur le sol à moitié essoufflé.
-" T'inquiète pas,va! De toute façon il faut que je m'entretienne."
Pour appuyer mes propos de commencer des mouvements de traction avec mon bras qui tenait la corbeille de chou.

Il me regarda dans un silence le plus total quelques secondes seulement avant de poser sa main sur sa bouche pour dissimuler un petit rire.

-" Tu sais que t'es con?"
Il acheva sa plaisanterie en me donnant une tape derrière le dos. Mais ses yeux s'ouvrent davantage qu'à leur habitude et me regardent choqués.

-" J'm'en fout. T'inquiète. Je ne vais pas te faire pendre pour m'avoir traité de con."

Encore une fois, nous passions d'une ambiance lourde à quelque chose de très léger. J'avais l'impression que quand je parlais avec lui, nous pouvions très rapidement et très facilement retourner la situation. Comme si rien n'était jamais figé. Après tout j'était censé le colonisé. Pourtant avec le temps nous parvenions à avoir des échanges amical. De la dire que nous étions amis il ne vaut rien exagérer. Mais je n'avais pas l'impression qu'il me porte une quelconque animosité.

Nous avions commencé à rentrer. Je m'étais précipitée à l'extérieur pour le chercher si bien que j'avais oublié mon propre manteau. C'est pour cette raison que durant le trajet il m'avait prêté le sien. Sa veste me faisait comme un crop top dans lequel, pour le faire rire, je m'amusais à imiter les gestuelles des jeunes femmes dans la rue.

Je pouvais enfin le voir sans cette moumoute de poils géant. Et cela confirmait mes hypothèses encore une fois. Il était loin d'être mastoc. Disons que son physique pouvait davantage s'apparenter  à un moustique.
J'avais appris que Sigune avait tendance à beaucoup gesticulé quand il avait froid.
Il battait de grands mouvements avec ses bras et faisait des allers-retours entre moi et un point plus loin sur notre trajet en attendant que j'avance.
-" Heureusement que tu m'as dit que tu supportes mieux le froid que moi."

-" Ouais bas j'avais pas pris en compte que tu avais davantage de.... chair pour te protéger."
Je fis semblant d'être vexé à l'appellation "chair" en ouvrant grand la bouche et les yeux. Il rit , radieux.

Désespéré par le froid il finit par s'asseoir dans la neige sous le portique d'une sorte de café.
Je m'approche de la carte des menus et fini par m'accroupir en face de lui.

-" Qui c'est qui veut une boisson chaude ?"

Il saisit mes deux avant bras et me me fit des yeux de biche un peu ratés.
-"Je ferait tout ce que tu voudras."
D'abord un peu sonné j'éclate de rire quand je le vois baisser son masque jusqu'en dessous de son menton en me faisant un sourire coquin et un clin d'œil.
Je comprends le sous entendu.

-" Moi qui te croyais innocent."
Il rit fort en jettant sa tête vers l'arrière

-" oh la blague !"

Nous rentrons en riant bruyamment.
Une fois à l'intérieur, je le vois réservé une table dans sa langue. Quand d'autres la parle je la trouve guttural presque laide. Cependant, je sais grâce au jeune blond qu'elle est très belle une fois chanté.

Je le vois revenir en me désignant une table. Le patron me dévisage. Ici , je suis un ennemi.

Terre du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant