Comme tous les jours, Alaïs scrutait l'horizon à la recherche du moindre mouvement.
Cette fois, elle s'était aventurée plus loin que d'habitude, au-delà de la deuxième colline, mais il fallait qu'elle fasse demi-tour si elle voulait rentrer à temps au château. Cette contrainte du retour imposé la freinait et lui faisait perdre un temps précieux ! Pestant intérieurement, elle fit un dernier tour des environs, à l'affût de traces de pas, de branches abîmées, d'indices quelconques d'un récent passage.
Et comme d'habitude, il n'y avait rien.
Le paysage était le même, aride, terne, sans vie. Son regard porta vers l'Est. Qu'y a-t-il au-delà de la troisième colline ? La mer sans doute... Si sa terre s'arrêtait là, elle savait que ses recherches étaient vaines et qu'elle n'aurait plus d'autre choix que de partir par-delà les eaux. Mais s'il y avait encore un sol à fouler, alors il y avait de l'espoir.
La position du soleil dans le ciel la rappela à l'ordre ; il était temps de repartir. Elle grimpa sur Vilger, son fidèle cheval blanc et gris, et chevaucha sans relâche pour rentrer au royaume, ses longs cheveux noirs caressant le vent. Au bout de plusieurs heures, les majestueux remparts apparurent dans son champ de vision.
Même si elle les contemplait depuis plusieurs années, leur taille impressionnait toujours Alaïs. Ils étaient comme posés là, tout au bout de l'interminable plaine sableuse qui recouvrait toute sa terre. La forteresse était stratégiquement placée : chaque mouvement était perceptible dans ce paysage, et les gardes repéraient les intrus bien avant qu'ils n'atteignent les portes des remparts. Derrière, il n'y avait rien ; la falaise sur laquelle avait été construit le château surplombait la mer et un coup d'œil en contrebas révélait des rochers pointus sur lesquels il ne valait mieux pas tomber.
Bref, aucun moyen d'y entrer sans y être invité.
Les derniers rayons du soleil orangé illuminaient la route et annonçaient la tombée de la nuit. Je suis arrivée à temps.
Les portes ne s'ouvraient jamais quand le ciel était noir, et elle aurait dû passer la nuit dehors si elle avait tardé. Les Imeultes, son peuple, avaient un rapport bien spécifique à l'obscurité. Pour eux, seules les créatures des ténèbres étaient capables de survivre à la nuit. Ceux qui s'y risquaient étaient donc considérés comme impurs et n'avaient plus le droit de vivre en leur compagnie. En d'autres termes, en dormant dehors, si elle n'était pas tuée par une bête sauvage, elle était bannie par ton propre peuple.
Quand elle fut arrivée à quelques mètres des portes, celles-ci s'ouvrirent, ne laissant même pas le soin à Vilger de ralentir. Comme une routine, le cheval trotta directement dans les écuries pour que sa maîtresse lui donne à boire, à manger et le brosse.
— Ah oui ! Tu dois avoir faim avec toute cette route, s'exclama la brune. Merci pour ton courage, mon ami.
Il n'y avait plus personne dans les écuries à cette heure-là, ce qui ravit Alaïs : elle pouvait s'occuper elle-même de son cheval et prit son temps pour le caresser et lui parler. Malgré l'odeur, elle adorait cet endroit. La pièce n'était pas très grande, ce qui n'était pas nécessaire, étant donné qu'il ne restait que trois chevaux. Chacun avait son propre box et les trois autres, vides, appartenaient autrefois à de valeureux étalons. Des tas de pailles jonchaient les quatre coins de la pièce, dans lesquels Alaïs aimait se coucher pour raconter des histoires à sa sœur, autrefois.
Après avoir salué son destrier, elle sortit dans la cour principale surveillée par les gardes. Comme d'habitude, elle suivit le chemin creusé dans la terre, aujourd'hui à sec, mais dans lequel coulait de l'eau douce, il y a longtemps. À chacun de ses passages, elle revoyait la petite Alaïs, ravie de s'éclabousser avec les fontaines qui y étaient installées. Aujourd'hui, la terre craquelée sous ses pieds lui rappelait sans cesse la détresse dans laquelle son peuple se trouvait aujourd'hui.
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Les Émergés
Fantasy200 ans après notre ère, l'eau a recouvert 93% de la planète, conférant des capacités hors normes à une partie de la population, appelée les émergés. Métamorphose en animal, prémonitions, vie sous-marine, adaptabilité extrême et bien d'autres : cha...