Dans la véranda, la brune prenait le temps de digérer ce qu'elle venait d'entendre. Elle aimait cet endroit, c'était le seul qui lui permettait de regarder le ciel étoilé grâce à ses nombreuses vitres. Après le repas, sa sœur et elle venaient souvent ici pour se raconter des histoires de monstres et faire mine de s'y connaître en astronomie. Elles inventaient des noms de constellations et guettaient les étoiles filantes. Cela faisait un moment qu'elle n'y avait plus remis les pieds, tout ici lui faisait penser à elle et c'était trop douloureux.
Ce soir, c'était nécessaire, car c'est la dernière fois qu'elle y viendrait sans sa sœur. Elle s'en fit la promesse.
Remontée à bloc, elle retrouva ses acolytes dans leur appartement. Naveen et Riya étaient en plein débat sur la meilleure façon de conserver des vivres, et Trisha était en train d'écrire. Le garçon l'apostropha :
— Alors ce repas ? Tu as pris des forces pour notre périple ?
— C'était vraiment très bon, votre mère a fait un travail incroyable. Le Roi n'a plus besoin de moi maintenant, alors... on peut y aller.
Trisha leva la tête de sa feuille et la tendit à Naveen. Elle s'adressa tout de même à Alaïs.
— J'ai listé tout ce dont tu pourras avoir besoin. Pour les armes et la corde, je pense que tu peux en trouver chez Vikram. Riya et moi, on t'a mis des vivres de côté et rempli quelques gourdes. Si tu as le temps de faire un saut à l'infirmerie prendre un nécessaire de premier secours, ce serait bien, on voulait le faire, mais ton départ a été un peu précipité alors...
Alaïs la prit dans ses bras.
— Merci, Trish. Ça va aller, je reviendrai tellement vite que je n'aurai même pas le temps de vous manquer ! Et je ne serai pas seule !
Elle lui sourit chaleureusement et serra les dents pour ne pas laisser ses larmes monter. Quand l'émotion fut trop intense, elle desserra son étreinte et se tourna vers Riya :
— Prends soin d'elle, OK ?
— Comme toujours ! Ramène-nous Soori, je lui ai gardé plein de noix de cajou, ses préférées.
Alaïs la remercia et lui fit à son tour une étreinte. Naveen, qui avait assisté à la scène silencieusement, s'adressa aux deux sœurs :
— Merci pour votre aide et votre hospitalité. Vous pouvez compter sur moi, je ferai attention à elle.
Alaïs le toisa, les sourcils levés. Il fera attention à moi ? Vraiment ? Elle ouvrit la bouche, mais il la devança :
— Indique-moi l'infirmerie, j'irai récupérer ce qu'il faut. Toi, tu t'occupes des armes et on se retrouve dans les écuries.
Il salua Riya et Trisha et sortit sans peur dans la nuit. Alaïs regarda l'obscurité l'engloutir et avala sa salive. Elle s'était imaginée dehors dans le noir des milliers de fois, histoire de braver l'autorité de son père, sans peur et sans regret. Aujourd'hui, son état d'esprit était tout autre.
Elle jeta un dernier regard humide à ses amies, esquissa un sourire qu'elle se voulait rassurant, et prit une capture mentale de cette scène : ses meilleures amies, aimantes et inquiètes, s'enlaçant l'une l'autre pour se soutenir. Elle souffla un bon coup et disparut dans l'obscurité.
C'était très étrange de se retrouver dehors sans le soleil. Les odeurs n'étaient pas les mêmes et elle entendait pour la première fois des sons qu'elle ne connaissait pas. Elle était hypnotisée par la lune, si brillante ! Elle n'était pas tout à fait pleine, mais sa forme arrondie éclairait suffisamment le royaume pour rassurer un peu Alaïs. Elle s'aventura avec précaution jusqu'à la ferronnerie, surveillant les alcôves dans lesquelles étaient cachés les gardes. Elles avaient été creusées dans les remparts et entourées de vitres, de telle sorte qu'un garde puisse se tenir à l'intérieur et dispose d'une vue imprenable sur le royaume, même la nuit.
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Les Émergés
Fantasy200 ans après notre ère, l'eau a recouvert 93% de la planète, conférant des capacités hors normes à une partie de la population, appelée les émergés. Métamorphose en animal, prémonitions, vie sous-marine, adaptabilité extrême et bien d'autres : cha...