DON : MERCI POUR VOTRE PROPOSITION

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Cette fois, il n'y avait aucun bruit. Du moins pas le désagréable de d'habitude. Il entendait le chant des oiseaux, des cris d'animaux non identifiés, des bruits d'eau s'écoulant au loin. Il observa autour de lui : des arbres à perte de vue ! Et quels arbres ! Ils étaient tellement hauts que Don n'en voyait même pas le sommet. Ils ressemblaient à ceux que les anciens plaçaient dans leur maison pour fêter Noël, mais en version XXL.

Sous ses pieds se dressait un sentier, qui s'amusait à contourner des rochers. Des fougères sur sa gauche, des petites fleurs sur sa droite, des baies un peu plus loin. Et ces odeurs... D'où provenaient-elles ? Il avait l'impression qu'on lui mettait sous le nez une fleur au miel chargée d'eau de pluie.

Il aurait voulu rester là pour toujours. Cet endroit avait sûrement disparu aujourd'hui, puisqu'il ne restait que les forêts des montagnes, beaucoup moins fournies en végétation.

Il avançait d'un pas décidé vers le nord. Comme toujours, Don n'était pas maître de ses mouvements, il n'était que spectateur d'un monde inconnu. Chaque virage lui permettait de faire d'autres découvertes, il avait même aperçu un tout petit animal marron avec une queue rampant sur un rocher extrêmement vite. Était-ce un dinosaure ? Non, ce n'était pas la bonne époque. Mais ça y ressemblait, en tout cas. Un mini dinosaure.

Il sautait de rochers en rochers, courait sur le sentier, et vit au loin un raie de lumière : la flore était moins dense, là-bas. Et il s'y dirigeait. Le chemin était plus escarpé et pentu et il avançait un peu plus difficilement. Les ronces lui griffaient les bras, ses pieds s'enfonçaient dans la boue, ses jambes commençaient à le faire souffrir, mais il ne s'arrêtait pas. Il comprenait que le point culminant de cette pente était sa destination. Quelques mètres plus tard, son corps arriva au sommet et il comprit.

Il comprit pourquoi il avait dû se donner tout ce mal pour arriver là. La vue était à couper le souffle. D'ici, toute la forêt semblait lui appartenir, la cime des arbres était visible et ces derniers se tenaient tout autour de lui. Au loin, il apercevait des montagnes qui semblaient s'effacer dans le ciel. En contrebas, bien plus loin, un village avait l'air de s'animer.

Sa vision se brouilla, les montagnes et le village avaient disparu, les arbres semblaient s'effacer petit à petit. Non ! Pas maintenant !

Il eut la désagréable sensation de tomber, puis se réveilla en sursaut.

Cette fois, il ne se précipita pas sur son carnet. Il prit le temps de se rappeler ce qu'il avait vu dans les moindres détails. Il enregistra toutes les couleurs, odeurs, sensations, dans sa mémoire. Seulement après, il les retranscrit par écrit.

Chad dormait encore. Don pouvait le voir de son lit, même s'il était au bout de la pièce. Il se prépara sans faire de bruit et descendit déjeuner.

Aujourd'hui, Phéa Poplitral, la directrice de l'Académie, devait faire une annonce importante. Tout le monde spéculait à ce sujet, pariant tantôt pour sa retraite, tantôt pour l'arrivée d'un nouveau professeur.

Don n'en avait rien à faire, le pensionnat n'était sa maison que sur le papier. Il s'en sentait éloigné, à des années lumières même, et il lui tardait seulement de maîtriser totalement son pouvoir pour le quitter. Ce point-là était compliqué ; il n'avait aucun précédent, aussi personne n'était capable de comprendre à quel moment sa capacité serait à son paroxysme. Lui avait l'impression qu'il ne pourrait jamais sortir d'ici : même s'il réussissait une maîtrise complète et parfaite, il était bien trop précieux pour le Grand Conseil, ses membres ne le laisseraient jamais s'en aller.

Il était donc bien conscient qu'un jour ou l'autre, il devrait s'enfuir.

Mais pour l'heure, il lui restait bien du chemin à parcourir et de choses à apprendre pour être capable de se débrouiller par lui-même. Donc il écoutait sagement les ordres et conseils de ses professeurs et se faisait le plus petit possible.

Les ÉmergésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant