ALAÏS : VA DECOUVRIR LE MONDE

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Les premiers rayons du soleil perçaient : c'était le moment. Naveen n'avait pas eu besoin de la réveiller, elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Le jeune homme prit place dans la charrette et Alaïs le recouvrit d'une couverture. Elle jeta un dernier regard aux écuries, son lieu d'accalmie, et sortit dans la cour centrale. Il ne faisait pas encore trop chaud, à cette heure-là, et c'était agréable. Son pantalon bouffant permettait à la brise de s'y infiltrer et elle se félicita d'avoir opté pour cette tenue.

Arrivés au pied de l'immense porte, elle ne s'ouvrit pas. La brune pesta et révisa mentalement son scénario. Un garde se présenta à elle et la questionna :

— Où vas-tu, si tôt ?

Elle le regarda droit dans les yeux, ne laissant pas de place au doute :

Au vieux port, c'est le jour des échanges commerciaux. Je veux être la première pour obtenir les meilleures affaires. Tu veux que je te ramène quelque chose, Hijab ?

— Si tu trouves du thé, ce serait avec plaisir...

— J'en ferai ma priorité ! Alors, à tout à l'heure !

Elle se mit en route quand le garde l'interpella :

— Alaïs ? Pourquoi sors-tu les deux chevaux ?

— Je suis obligée de monter Vilger, tu connais son caractère, il serait jaloux... Mais Youji a besoin de faire un peu d'exercice, c'est pourquoi il traîne la charrette !

La brune n'aurait su dire si le garde croyait à ses bobards, mais les portes s'ouvrirent et elle ne se fit pas prier pour mettre le plus de distance possible entre elle et le royaume, soulagée. Après avoir galopé quelques minutes, elle se retourna et jeta un dernier coup d'œil aux puissants remparts qui l'avaient autrefois rassurée, à la fois soulagée et triste de quitter sa maison.

La première colline était le point de repère d'Alaïs, elle s'arrêta et délivra Naveen de sa couverture.

— On a réussi ! On est sorti ! s'exclama la brune en souriant.

— Oui, et le plus difficile va commencer. On va chevaucher jusqu'à mon ancien campement. De là bas, on pourra suivre leurs traces. Si ces chevaux sont aussi athlétiques que tu le dis, on devrait y être dans 10 jours.

Alaïs ne broncha pas, il avait l'air de savoir ce qu'il faisait et, sur ce point-là, elle lui faisait confiance. Ils partirent vers le Nord, en direction de la troisième colline que la brune n'avait jamais réussi à atteindre.

Malgré les réticences du jeune homme, Alaïs l'obligea à alterner les vitesses des chevaux pour ne pas les épuiser. Quand ils étaient au galop, le vent leur giflait les joues et un sentiment de liberté soufflait dans la tête de la jeune fille. Lorsqu'ils étaient au pas, ils en profitaient pour faire connaissance. Elle ne sut dire quelle vitesse elle préférait.

La première journée se déroula ainsi, sans embuche, et ils installèrent leur campement à mi -chemin entre la deuxième et la troisième colline lorsque le soleil descendit dans le ciel. Alaïs déroula le tapis que Trisha lui avait offert et l'étala sur le sable avant de s'asseoir dessus.

— Je n'ai jamais été aussi loin, commença Alaïs en regardant derrière elle. D'habitude, je dois rentrer avant le coucher du soleil, alors...

— D'où vient cette tradition de ne pas sortir la nuit ? la questionna Naveen, qui, lui, prit place sur une sorte de couverture.

— Des sœurs Hynala. C'est un poème qui est transmis de génération en génération et qui est raconté à tous les enfants.

— Ça tombe bien, j'adore qu'on me raconte une petite histoire avant de dormir, enchaîna le jeune homme, affalé sur son matelas de fortune.

Les ÉmergésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant