Je sers cette femme qui est comme ma mère dans mes bras et je la laisse pleurer contre moi. Moi qui m'attendais à ce qu'elle me jeté de la salle d'attente à coup de pied aux fesses, Judy me surprend. Elle finit par se reculer.
· Tu es enfin revenu.
· Je suis là que provisoirement. Comment va Elly ? Tu as des nouvelles ?
· Aucunes et quand je demande on me répond que le médecin viendra me voir.
· Je vais aller les voir.
· Non reste ici ça ne servira à rien, assied toi Alex.
J'abdique en sachant que si j'en fais qu'à ma tête, je m'en ramasse une. Je me moquais du Prez mis au final face à Judy je n'en mène pas large.
Ma sœur s'assied à côté de moi et pose sa tête sur mes genoux.
· Jess ?
· Oui.
· Il s'est passé quoi ?
Elle se redresse et me fait face.
· On revenait d'une soirée cinéma en plein air. On a quitté de la vers deux heures du matin. Sur le trajet, une voiture est venue face à nous, grand phare allumé.
Ses pleurs redoublent au fil de son explication et ça me fait mal au cœur de la voir comme ça.
· J'ai essayé de l'éviter mais à chaque fois que j'allais d'un côté ou de l'autre il changeait de trajectoire. Un peu avant qu'on se fonce dedans j'ai encore une fois essayer de l'éviter et j'ai perdu le contrôle de la voiture. On a dévalé de quelques mètres le ravin et finis dans un arbre. C'est le côté d'Elly qui a tout pris. J'ai essayé de l'éviter, j'ai tout fait mais je n'ai pas réussi et maintenant...
Je la sers contre moi et passe ma main dans ses cheveux. Ce geste à toujours eu le don de l'apaiser lors de ses grosses crises de larmes quand on était gamin.
· Chut, calme toi Jess. Ce n'est pas de ta faute, tu as fait ce que tu as pu. La police est déjà venue te voir ?
· Oui, le problème c'est que l'autre à pris la fuite et qu'à cause de ses gros phares je n'ai pas su voir la voiture ou le conducteur. Ils ne disent pas que j'ai mentit mais que ça va être compliqué de le retrouver. C'est une route ou il n'y a rien. On a déjà eu de la chance que quelqu'un nous trouve.
· Ça va aller d'accord ? Elly va s'en sortir.
C'est la voix de Judy qui nous sort de notre câlin. Elle n'en veut pas à ma sœur et ça me rassure car au final elle n'y peut rien. C'était ça ou le frontal et la peut-être qu'aucune des deux n'auraient survécu.
On reste un long moment silencieux quand un médecin entre dans la salle.
· La famille de mademoiselle Hale je suppose ?
Judy se lève et s'approche de lui comme nous.
· Elle va bien, je vous rassure. En ce qui concerne ses blessures. Elle a le bras droit fracturer, une commotion cérébrale et la blessure la plus importante est sa jambe droite. Nous avons fait notre maximum pour la sauver mais c'était impossible.
Judy et Jess fondent en larmes à côté de moi et moi je reste stoïque. Encore une fois la vie lui mène la vie dure et la brise dans son vol. Elly est une sportive, la
marche, le jogging et l'équitation était toute sa vie, ça va la briser de ne plus pouvoir le faire.
· Elle pourra remarcher, quand l'amputation sera cicatrisée, elle pourra avoir une prothèse.
· Merci docteur. On peut la voir ?
· Oui, suivez-moi.
Je pose ma main sur l'épaule de ma sœur qui s'arrête et me regarde.
· Je vais faire un tour, je suis de retour dans une heure.
Elle hoche la tête et suis les autres alors que je sors de l'hôpital, j'ai besoin d'air. Mon sac à la main, je déambule dans cette ville qui m'a vu grandir et mes pieds me mènent au cimetière.
Je reste quelques minutes devant la grille avant d'avoir le courage d'entré. Ça fait huit ans que je ne suis pas venu mais je connais le chemin par cœur jusqu'à sa tombe.
· Salut mon frère.
Je pose mon sac au sol et m'assied face à la pierre tombale.
· Étonné de me voir ici pas vrai ?
Bien sûr il ne me répond pas et pourtant ça ne m'empêche pas de parler à une pierre.
· Je voulais m'excuser de... De plein de chose en fait. D'être partit, de t'avoir embarqué sans le vouloir dans mes conneries, de ne pas avoir tenu ma promesse et surtout d'être le responsable de ta mort. Si j'avais su ce soir-là...
C'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher de pleurer. Je suis pathétique.
· Tu sais, le président du club où je suis disait que je me cachais, que j'avais peur de revenir. J'ai toujours nié en prétextant que je n'avais plus ma place ici pourtant il avait raison. J'avais peur, j'ai toujours peur. Ce n'est pas comme ça que j'aurais dû voir mon meilleur pote, tu aurais dû être réellement face à moi à te foutre de ma gueule de pleurer face à une pierre. Tu aurais dû être là pour ta sœur, pour la mienne. Voilà de quoi j'avais peur, de faire face à la réalité. Être loin me donnait cette impression que ce n'était pas vrai, que tu étais toujours là, juste loin de moi sauf qu'ici ou là-bas, tu n'es plus la et ça par ma faute. Si nos sœurs n'avaient pas eu cet accident, je ne pense pas que je serais revenu. J'aurais sûrement continuer à me voiler la face et avoir peur de la réalité.
Je passe ma main sur mon visage et essuie les larmes avant de reprendre.
· Tu sais ce qui me fais peur aussi ? Faire face à ta sœur. J'avais peur face à ta mère, mais tu sais à quel point elle est géniale et surtout bienveillante. Elle m'a accueilli les bras ouverts malgré tout. Ta sœur par contre je vais devoir me confronter à son regard rempli de haine et je ne peux pas lui en vouloir. Je m'en veux tellement tu sais, de vous avoir fait autant de mal.
Alors que je parle, j'entends une personne s'approcher puis s'assoit à côté de moi. Un bras se pose dans mon dos et je sais sans le voir que c'est Judy.
· Je savais que je te trouverais ici.
Je fonds en larme encore une fois dans ses bras. Elle me sert contre elle alors que je la supplie de me pardonner.