Elly
Après m'être endormie alors que mon amie était auprès de moi, j'ai été réveillée par les voix de Jess et ma mère.
J'ai continué à faire semblant de dormir afin de comprendre ce qu'elles racontaient mais elles parlaient tout bas et rendais la tâche compliquée. J'ai entendu deux ou trois fois le prénom d'Alex mais sans plus et je ne sais vraiment pas ce qu'elles se disaient.
Ne voulant pas parler avec elles en sachant que le sujet Alex allait être remis sur le tapis, j'ai préféré faire semblant de dormir jusqu'à finalement me rendormir.
Quand je me réveille à nouveau, je suis seule dans la chambre et la nuit est tombée. Je repense à la soirée d'hier et la raison pour laquelle Jess avait organiser cette soirée. Huit ans sont passé depuis la mort de mon frère. Huit ans que je me pose des questions et que je hais au plus haut point Alex.
Je n'ai pas eu d'explication, ni de ce satané club ou ce crétin d'Alex voulait rentrer ni d'Alex lui-même. Il a préféré fuir comme un lâche au lieu de faire face à la mort de son meilleur ami. La seule chose que je sais c'est que mon frère a voulu dissuader Alex de quelque chose mais encore une fois je ne sais pas ce que c'est.
J'avais réussi à mettre de côté ma colère contre Alex enfin de ne plus y penser surtout. Depuis son départ, c'est le prénom à ne pas prononcer. Jess a voulu de nombreuses fois me parler de lui mais suite à mes crises elle a fini par arrêter et faire comme si son frère n'existait pas en ma présence
Les images de mon frère refont surface et les premières larmes commencent à rouler sur mes joues. Chaque année c'est pareil, le reste de l'année j'essaie de l'oublier pour ne pas sombrer mais le jour de sa mort c'est inévitable et le retour d'Alex n'arrange rien. Je le déteste ce connard ! Tout est de sa faute. Si mon frère ne l'avait pas suivi je ne sais où il serait toujours là, on n'aurait pas été à cette soirée cinéma et on n'aurait pas eu cet accident.
C'est en larme que me trouve l'infirmière qui vient prendre mes constantes. Sa gentillesse me touche, elle me sert dans ses bras et me parle doucement avec des paroles rassurantes qui finissent par apaisés mes larmes.
Quand je suis enfin calmée, je la laisse faire son travail et observe ses gestes. Je sens un regard sur moi et je sais sans le voir que c'est lui. L'infirmière termine mais au lieu de quitter la pièce, elle tourne son regard vers la porte et le vois avant se poser son regard sur moi.
· Je peux vous donner un conseil ?
Je hoche la tête.
· Vous devriez discuter avec votre petit ami. Il n'a pas quitté le couloir depuis des heures et à veiller sur vous tout le long de votre sommeil. Il a l'air vraiment inquiet et je pense qu'au moins le rassurer serait bien.
J'ai envie de hurler : mon quoi ? Mais je me ravise. Ça se réglera entre lui et moi, cette pauvre femme n'y peut rien s'il lui a sorti un mensonge que ma mère a sûrement appuyé sinon il n'aurait pas pu rester. Je réfléchis rapidement et décide qu'il est temps que je le confronte. Que je lui dise ce que j'ai sur le cœur et que je le fasse partir d'ici et de la ville par la même occasion. Il nous a abandonné il y a huit ans, ce n'est pas maintenant qu'il doit revenir et s'excuser de ses erreurs.
· Laissez-le entrer s'il vous plaît.
Elle hoche la tête en sourient et sort de la chambre. Je tourne la tête vers la fenêtre, incapable de le regarder alors que c'est moi qui ai demandé qu'il vienne. J'entends la porte se refermer mais ne tourne pas les yeux pour autant. Je l'entends s'approcher mais il ne dit pas un mot et quand il le fait ça mets le feu aux poudres.
· Porcinet, regarde-moi.
Je tourne mon regard vers lui, la colère grandit en moi rapidement et je ne prête pas attention au changement que les années ont opérer sur lui.
· Je t'interdis de m'appeler comme ça. Tu as perdu ce privilège il y a huit ans.
· Elly...
· Non ! Tu m'écoute et tu fermes ta gueule ! Je veux que tu t'en aille, que tu rentres dans le trou ou ta honte et toi avez été vous cacher il y a huit ans. Je ne veux pas de toi ici, je ne sais pas pourquoi tu as tellement tenu à rester une fois que tu as su que ta sœur allait bien. Si c'est pour constater à quel point ma vie est devenue minable, profite car après cette discussion tu ne me verras plus. Si c'est par pitié, je n'en veux pas. Si c'est par culpabilité, pas besoin. Et si c'est pour essayer d'arranger les choses, je vais abréger ton séjour, je ne veux pas arranger les choses avec toi !
Je veux reprendre la parole mais les mots meurent dans ma bouche quand il attrape mon menton pour m'obliger à le regarder. Je peux voir que je l'ai blessé avec mes mots mais je m'en fou, je peux aussi voir sa colère et ça c'est ce qui me fait peur.
· Écoute moi bien Elly car je ne me répéterais pas. Si je suis ici c'est parce que j'étais inquiet pour vous, ce n'est pas par pitié ou par culpabilité. Je vais être franc avec toi, si vous n'aviez pas eu cet accident, jamais je ne serais revenu. J'aurais continué à me cacher dans mon trou comme tu dis. Je n'ai pas honte, loin de là, par contre oui je culpabilise de ne pas avoir su protéger mon meilleur ami. Je sais que tu m'en veux de la mort de ton frère et que tu me déteste pour ça mais tu n'as pas idée de ce que je ressens ! Si tu crois que là où je suis parti je vis la belle vie tu te trompes ! Et dit toi bien une chose, je me déteste bien plus que ce que tu ne me déteste. Mon meilleur ami est mort par ma faute et je vais devoir porter cette souffrance toute ma vie.
Je vois bien à son regard qu'il souffre, que mes mots lui ont fait du mal. Je ne voulais pas le blesser malgré que je le déteste. Je veux juste qu'il parte loin de moi car je sais que s'il reste, je vais finir par lui pardonner mais j'ai besoin de donner un responsable à la mort de mon frère et de lui faire mal autant que j'ai mal.