Nihil tome 2

Chapitre 3

Il avait réussi à embobiner ma sœur. Ce n'était pas leur demande, c'était la sienne à lui tout seul. Il savait pertinemment que ma sœur ne disposait que de peu de puissance magique. C'était très certainement de ma faute. J'avais longtemps culpabilisé d'avoir volé la magie de mes parents biologique, et par extension celle d'Abby. La faible quantité de magie qu'elle possédait, faisait qu'elle ne pouvait pas se rendre compte de la douleur éprouvée quand on nous l'arrachait. Il le savait et en jouait. Si les mages étaient fourbes, les démons étaient loin d'être en reste de ce coté là également.

_ Si tu veux, souriais-je au démon qui allait tomber de haut. Si tu trouves que l'expérience est vivable, j'envisagerais d'accepter ta demande.

Il nota certainement la nuance de ma réponse mais se contenta de sourire à son tour. Je sentis Nihil soupirer en moi, j'avais une mauvaise influence sur elle. Elle connaissait l'issue de cette situation. Contrairement à moi, ça ne l'amusait pas plus que ça de voir la tête des gens qui me prenait de haut, une fois que je m'étais occupé de leur cas. Elle avait encore du chemin à parcourir pour apprécier les bonnes choses de la vie.

_ Pour que l'expérience soit pleinement réaliste, je vais te prendre l'intégralité de ta magie. Peut importe ton état, je ne m'arrêterais pas tant que je n'aurais pas tout pris.

Son petit air satisfait fut une réponse assez éloquente pour que je passe à l'action.

Je commençais doucement, je ne cherchais pas à absorber sa magie en vérité. Ça me demanderait plus d'efforts que je n'étais prête à en fournir. Surtout que vu la quantité de pouvoir en lui, j'en aurais eu pour un petit moment. Je voulais juste voir son regard, quand il se sentirait privé de ses pouvoirs. Y aller en douceur, lui donner l'impression qu'il avait raison avant de le mettre à genoux, c'était juste un petit plaisir personnel. Quand je disais que les mages étaient fourbes, j'oubliais souvent de préciser que j'en était la preuve la plus parlante.

Quand je vis qu'il était mûr, qu'il avait suffisamment confiance en lui, pour ne pas croire une seule seconde que j'étais capable de lui prendre sa magie, je l'en privais d'un coup, tout simplement. J'érigeais une barrière entre son essence et ses pouvoirs. La sensation de manque le coucha instantanément au sol, le faisant convulser de douleur. C'était la première fois que j'utilisais pleinement cette capacité, le résultat étant sans appel et tel que je l'imaginais. Une chance que je ne l'ai pas utilisée avant, ça avait l'air foutrement douloureux.

Évidemment ma sœur couru porter secours à son bien aimé. Je ne l'en empêchait pas, surveillant simplement qu'il ne la blesse pas par mégarde dans un soubresaut de douleur.

Je le laissais agoniser, pour qu'il intègre bien l'horreur qu'il me demandait de faire vivre à sa propre fille. Abby me hurlait en pleurant d'arrêter, mais vu mon expérience avec les dragons, je voulais être sûre que le message passait bien. Une fois que je lui rendrait possession de sa magie, la situation changerait inéluctablement.

Les démons avaient toujours eu un profond respect pour le pouvoir. Ils ignoraient ceux qui leur étaient inférieurs, et combattaient ceux qu'ils pensaient être leur égaux. Dans ce cas de figure précis, une fois sur pied il comprendrait que je lui était supérieur. Mes expériences passées m'avaient démontré, qu'il fallait se méfier d'un prédateur qui se sentait moins puissant que celui qu'il considérait comme une proie.

Je laissais quelques minutes passer puis fit disparaître la barrière, le laissant retrouver pleinement sa magie. Étonnement le résultat était moins spectaculaire que quand il en avait été privé. Il continua un petit moment à avoir des convulsions, suffisamment longtemps pour qu'un pointe de culpabilité émerge en moi. J'avais bien peur d'y être aller un peu fort.

Au vue des regard haineux que me lançait Abby, j'étais sûre que j'allais en prendre pour mon grade, une fois qu'elle aurait fini de prendre soin de son amoureux. N'étant pas lâche, j'allais m'asseoir sur le fauteuil, attendant que le dramaking se relève et rassure ma sœur sur son état.

_ C'était inutile de le blesser à ce point, constata Nihil.

J'étais au courant, mais encore eut-il fallu savoir qu'il encaisserait si mal.

_ Ton expérience avec la dévoreuse t'as rendue plus brutale.

_ Je ne peux pas le nier, soupirais-je en ne pouvant retenir un frisson, à l'évocation de celle qui hantait encore mes cauchemars.

Le traumatisme était toujours présent, enfoui, mais il dirigeait quand même mes décisions. Je ne prenais plus aucun risque, ce qui me valait cette situation déplaisant. Pour ma décharge, c'était un archidémon, je m'attendais à mieux.