Chapitre 4

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Une fois remis sur pied, ou du moins sur les fesses, étant donné qu'il semblait incapable de se remettre debout. Le démon me dévisagea, laissant percer dans ses yeux sa véritable nature. La lueur rougeoyante qui s'en dégageait mis mes alarmes interne en route, mais j'intimais à mon corps de rester calme. J'avais déjà fait assez de conneries comme ça, pas la peine d'en rajouter.

_ Désolée, dis-je en essayant de laisser percer dans ma voix le fait que je l'étais vraiment.

Je ne pouvais pas lui dire que je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi faible face à la douleur, pas besoin de l'insulter en plus du reste.

Sa réaction fut si vive que ce fut Nihil qui réagit à ma place.

Sa boule de feu fut renvoyée dans le mur aussi rapidement qu'elle avait été lancée sur moi. Je ne me relevais même pas, trop surprise. Nihil se tâtait à prendre le contrôle, essayant d'analyser le démon qui nous faisait face, quand tout aussi vivement qu'il nous avait attaqué, il s'inclina face à nous.

_ Je reconnais avoir eu tord. Ma fille ne subira pas ça.

Sa voix était calme, posée. Le fait qu'il le reconnaisse aussi facilement fit sortir des mots de ma bouche, mots qui n'étaient absolument pas prévu.

_ Je la protégerais. Je demanderais au membres du Conseil de la prendre sous leur protection quand je devrais partir, mais tant que je serais ici, je la protégerais.

Il s'inclina une nouvelle fois, puis se releva. Abby me regardait toujours avec colère. Je l'avais une fois de plus blessée, cependant cette fois je ne m'en voulais pas. Je me reprochais d'y avoir été trop fort, mais pas de leur avoir prouvé la cruauté de leur demande.

_ Ce que tu viens de voir, tu ne l'as pas ressentis. C'est un démon adulte qui l'a subit. Ne me regarde pas comme ça, alors que tu me demandais de faire vivre la même chose à un bébé.

Mon ton était froid, sûrement autant que mon regard. Si le simple fait de défendre les intérêts de ma nièce devait entacher notre relation, alors tant pis pour nous.

_ Je n'en savais rien ! Tu aurais pu nous l'expliquer plutôt que de le faire souffrir comme ça ! J'ai cru que tu allais le tuer !

_ Je vous l'ai dit. Tu à simplement préférée croire Ayden. Si le voir comme ça te met dans cet état, imagine un instant comment tu réagirais en voyant ton enfant éprouver la même douleur. Je suis désolée que tu ai crus que je ne voulais pas t'aider, ça en dit plus que je ne le voudrais sur beaucoup de chose.

Je me relevais, sentant Nihil sonder mes émotions. J'étais triste. Triste de me rendre compte que ma sœur n'avait pas assez confiance en moi pour comprendre que je les aiderais toujours. Il y avait sûrement plusieurs solutions pour protéger leur fille. Ils avaient simplement voulu jouer la facilité.

Elle ne trouva rien à ajouter. Abby avait vraiment bon cœur, je savais qu'une fois ces mots posés elle s'en voudrait. Je ne cherchais pas à la blesser, j'avais juste besoin de les lui dire.

_ Faites moi signe le jour de l'accouchement.

Je partis en empruntant un portail, le démon inclinant légèrement la tête en signe d'assentiment, et ma sœur me fixant sans rien dire.

_ Tu sais que ta sœur ne pensait à mal, déclara doucement Nihil.

_ Je sais, répondis-je tout haut, en m'allongeant sur mon propre canapé. C'est justement ça le soucis. Elle à préférée croire son démon qu'elle connaît depuis deux jours et demi plutôt que moi.

_ Tu es vexée.

_ Un peu, je ne vais pas le nier.

Ce n'était clairement pas une prise de conscience, et tout comme elle, je savais pourquoi je le prenais aussi mal.

_ Ton dragon ne t'évite pas sans raison. Il à probablement autant envie que toi que vous vous retrouviez.

La colère me fit littéralement bondir. Cinq mois que je noyais le poisson. Cinq mois que je faisais semblant que son silence et ses efforts pour rester introuvable ne me touchait pas. Cinq mois à ressentir le manque de sa présence, et madame la psy du dimanche se permettait de me le remettre en pleine poire !

_ La colère est plus facile à gérer, comprit-elle sans même que j'ouvre la bouche.

Ces quelques mois passés à m'observer moi et mes proches, l'avaient aidé à comprendre le fonctionnement des émotions. C'était à la fois fascinant et dérangeant selon les moments. Elle comprenait tout, comme si elle-même les avait déjà éprouvés. Je me rallongeais, ma colère dissipée par son constat.

Oui la colère était pour moi plus simple à gérer que la tristesse. Le silence de Maël me faisait mal. J'étais triste de ne plus le voir, mais plus que tout je souffrais de son évitement. J'avais certes contrecarré les plans de son Dieu, mais il m'avait aidé. Ça n'avait pas du être un choix facile pour lui, je le savais. Je pensais malgré tout qu'il viendrait me retrouver une fois les choses apaisées. Je m'étais manifestement trompée. Me rendre compte que son attachement était moindre que le mien me déchirait le cœur.

_ Les incubes sont réputés pour leur capacité de persuasion. Si on allie ce talent aux bouleversement hormonal...

_ Je sais ! Okay ? Je sais que je n'aurais pas du me vexer parce qu'elle à choisit d'écouter son démon plutôt que moi. Tu penses vraiment que je ne m'en rend pas compte ?

_ Je ne suis pas non plus la cible de ta colère ?

Elle avait l'air vraiment intriguée par ma réponse. Je lui criais dessus, pour autant, je n'étais pas en colère contre elle. Le large éventail d'émotions existant semblait parfois la laisser perplexe. En toute honnêteté, plus le temps passait, moins je comprenais pourquoi j'étais celle qui avait été choisit pour lui servir de modèle émotionnel.

_ Non, soupirais-je. Mais tu es là, et tu me met le nez dans des choses que je n'ai pas envie d'analyser pour le moment.

Nihil ne me répondit pas, du coup je m'en voulais de lui avoir crié dessus pour rien. J'enfonçais ma tête dans l'un des gros oreiller qui ornait mon canapé, afin d'y étouffer ma mauvaise humeur.

J'étais tranquillement en train de tenter de m'auto étouffer avec mon coussin, ce qui ne fonctionnait par ailleurs pas du tout, quand j'entendis la sonnette de la porte d'entrée.

Il était minuit passé. Le facteur étant en général le seul être vivant à venir sonner à ma porte, je me demandais qui ça pouvait bien être. Mon cœur manqua un battement quand j'imaginais Maël. Il devait penser qu'il ne pouvait pas pénétrer chez moi comme il le voulait à cause de mes barrières magiques, mais rien ne l'empêchait de passer par la porte. Excitée à cette simple idée, je trébuchais en courant jusqu'à la porte pour l'ouvrir à la volée.

Mon corps réagit instantanément, mue par sa propre volonté, à l'homme qui me faisait face. Je laissais remonter mes yeux, qui étaient à la hauteur de son large torse, pour tomber sur les pupilles grise de Jeremiah. Mes épaules s'affaissèrent sous le coup de la déception et je ne pus empêcher les larmes de me monter aux yeux. Comment avais-je pu croire que ça pouvait être Maël ? Abrutie que j'étais...

Nihil tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant