Chapitre 10

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Je devais m'être assoupis car quand j'ouvris les yeux, Nihil était aux commandes, avalant consciencieusement la nourriture posée devant nous.

Depuis mon petit coma traumatique, je lui avais expliqué les bases de la nutrition. Elle avait sans doute préférée me laisser me reposer, et se charger de ce qu'elle considérait le plus souvent comme une corvée.

_ Tu veux que je m'en charge ? demandais-je en voyant que l'assiette ne contenait rien qui puisse lui procurer du plaisir.

_ Ce n'est pas mauvais, si tu as besoin de récupérer ça ne me dérange pas.

Le fait de ne plus contrôler son corps avait un pouvoir de repos exceptionnel. C'était difficile à expliquer, c'était un peu comme une cure de paix. Les gestes, même minimes du quotidien fatiguent l'esprit. Ne plus avoir à s'en charger était on ne peut plus curatif. Nihil se chargeait de maintenir ma force physique, pendant que je m'occupais de ma force mentale. Je la laissais donc continuer, Maël assis à coté de nous, paisible.

_ Pourquoi ne voulais-tu pas qu'elle meure ? l'interrogeais-je, ne comprenant toujours pas ce qui avait pu la pousser à s'interposer entre Zihaa et sa fae.

_ Le repos nécessite du silence d'après ce que j'ai appris, biaisa-t-elle.

_ Tu noteras que quand tu me poses une question à laquelle je n'ai pas envie de répondre, je te dit simplement que je n'en ai pas envie.

_ Je n'ai pas envie de répondre, se corrigea-t-elle sans aucune émotion, récitant seulement ce que je venais de dire.

Je soupirais lourdement. Sa faculté à ne rien ressentir était devenu moins flagrante, ce qui la rendait encore plus difficile à accepter quand elle refaisait surface.

_ J'ai le droit de savoir.

_ C'est pour cela que je ne t'ai pas dit que je n'avais pas envie de répondre, tu ne le respecte pas. Je ne sais pas pourquoi j'ai agis de la sorte. C'était instinctif, elle ne devait pas la tuer, je ne pouvais pas le tolérer, c'est tout.

_ Et pourquoi Zihaa t'a écoutée ?

_ C'était juste évident. On ne tue pas les siens, encore moins sous l'impulsion de la colère.

_ Bien sur que si. Zihaa la première.

Elle soupira à son tour, me faisant bien comprendre que j'étais lourde.

_ Tu es jeune. Les morts qu'elle à causée ne l'ont pas toute laissé indemne. Celle-ci lui aurait causé plus de mal que de bien, c'est tout.

_ Tu n'as donc pas protégée Elérinna, compris-je. Tu préservais Zihaa.

_ Il semblerait.

Elle n'ajouta rien, finissant juste son repas, ne semblant pas plus que moi, comprendre pourquoi elle avait voulut protéger Zihaa. Elle n'avait jamais eu d'animosité envers elle, elle était sans doute la personne de mon entourage avec laquelle elle semblait le plus à l'aise, sans pour autant lui porter plus d'intérêt que ça. C'était étrange, mais son bien être passant avant ma curiosité, je la laissais tranquille. Elle se retira une fois qu'elle eu finit de manger. Mon corps ne risquant plus de me pomper plus d'énergie que d'habitude, je n'avais plus aucune raison de rester en retrait.

Maël posa sa mains sur mon bras dès que Nihil s'effaça. Je sentais la magie d'Elerinna bouillir en moi, mettant mes sens plus en alerte. La magie fae était une plaie à absorber. Je ne savais pas ce qui la différenciait à ce point des autres, mais c'était super désagréable. Grace à Nihil cependant, malgré l'inconfort, j'étais en forme.

Je me tournais vers mon dragon, observant l'homme qu'il était devenu. Son visage ne semblait pas avoir plus de trente ans. La dernière fois que je l'avais vu, il ressemblait à un adolescent. Quelque soit l'apparence avec laquelle je l'avais vue, ses yeux tranchaient toujours avec le reste. Ils exprimaient à eux seuls sont statut d'ancien.

_ Tu es devenu sacrément beau, dis-je en toute transparence.

J'en éprouvais une espèce de fierté incontrôlable. Je n'avais rien à voir avec son apparence, mais ce sentiment n'avait rien de logique.

Il esquissa un sourire, se rendant compte lui aussi de ce que je ressentais.

_ J'éprouve la même fierté que toi quand je te regarde, me taquina-t-il. Notre lien, quel qu'il soit, influe énormément sur nos sentiments.

J'en avais tout autant conscience que lui. Ce qui nous arrivait n'avait rien de normal. On pouvait aimer oui, mais cette sensation d'appartenance, ce lien filial, était tout sauf ordinaire.

_ J'ai beau en savoir plus que toi sur les liens de parrainage, je suis aussi perdue que toi, avouais-je.

_ L'explication me semble pourtant toute trouvée.

J'avais beau y avoir songé, je ne voyais pas. Je l'incitais donc à m'expliquer d'un coup d'œil.

_ Joshua à été lié à toi par les Dieux. Je ne serais pas étonné que notre lien ai subit un sort similaire.

Ça se tenait. A une chose près.

_ Je n'ai jamais rien éprouvé pour Joshua. Si l'intervention des Dieux avait vraiment fonctionné, je ne pense pas que j'aurais eu aussi souvent envie de le voir transformé en tapis.

Un sourire plus franc éclaira son visage.

_ Je ne pense pas que tu ai été aussi hermétique que tu le pense. Tu ne voyais pas simplement Joshua, il était l'enveloppe de mon Père. Je pense que si tu le revoyais aujourd'hui, les choses seraient différentes.

_ A moins que son caractère de connard soit uniquement dû à ton Dieu, il n'y à aucun risque que ça change quoique ce soit.

Je ne pouvais pas imaginer Joshua autrement qu'en tapis à écailles. C'était possiblement injuste, mais je ne l'aimais vraiment pas. A part son physique, tout était bon à jeter.

_ Ce sera à toi de découvrir si celui que tu as connu était réellement lui, me répondit-il avec sourire complaisant.

J'allais lui répondre quand la sonnette retentis. J'allais donc ouvrir, me préparant à accueillir Jérémiah. Quand j'aperçus deux iris couleur pelouse, je refermais la porte dans un claquement.

Trois fois dans la même journée c'était trop pour moi, qu'il aille au diable.

Nihil tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant