Andrea retourne à son appartement la boule au ventre. D'un côté, elle se sent coupable d'avoir été si agressive envers Enola Holmes. Mais de l'autre, elle sait qu'elle n'arrivera pas à surmonter sa rancœur. Elle saisit un journal posé sur son bureau. Elle fait partie des gros titres, tout le monde ne parle que d'elle.
"Qui est cette nouvelle détective à Londres ayant résolu l'affaire de Lady Charlotte ?"
"Une nouvelle rivale pour Sherlock Holmes ?"
"Une femme derrière la loupe, coup de chance ou véritable talent ?"
Son œil est attiré par une déclaration dans un coin du papier, signée Mycroft Holmes.
"Cette femme n'est pas expérimentée, et l'affaire de Lady Charlotte n'était qu'un coup de chance. J'allais moi-même résoudre l'enquête si elle ne s'était pas interposée. Quiconque s'inquièterait de sa popularité serait un idiot, car il semble évident que cette femme ne pourra jamais dépasser ses confrères."
— Pathétique. Tout simplement pathétique, soupire Andrea.
Elle serre les dents et continue sa lecture le poing serré. Cette fois-ci, Sherlock Holmes lui-même s'exprime dans l'article.
"Je n'irais pas jusqu'à dire que cette femme est une incapable, mais il me semble également peu probable qu'elle ne réussisse."
Les sourcils de la jeune détective se froncent. Elle qui n'appréciait déjà que peu les deux frères, commence peu à peu à les haïr. De quel droit se permettent-ils de tels propos ? Ils ne la connaissent même pas. Ils ne savent pas de quoi elle est capable et elle souhaite bien leur prouver qu'ils ont tort. Elle ne veut pas se faire marcher dessus par deux détectives masculins prétentieux. Elle vaut mieux que ça. Tendue, elle hésite à froisser le papier et le jeter au feu. Mais elle garde son sang-froid, posant le journal sur le bureau à nouveau. Il lui donnera la motivation de tout donner pour réussir. Tout ce qu'elle veut, c'est faire gonfler sa propre fierté en s'affirmant en tant que détective de renom. Si ce qu'il faut pour se faire reconnaître est dépasser la famille Holmes, elle n'hésitera pas.
Son regard se pose sur le journal une nouvelle fois. Elle n'en revient pas qu'ils osent écrire de telles idioties. Le pire dans tout ça, c'est qu'une autre édition sortira le lendemain et elle sera sûrement tout aussi remplie de dédain envers Andrea. La détective ravale sa frustration et se lève. Elle doit résoudre l'affaire. Ses doigts effleurent la photographie toujours dans sa poche. Soudainement, quelque chose attire son attention. L'image d'elle sur son bureau est récente, si ce n'est tout juste prise. Il s'agit du moment où elle était en pleine recherche sur la femme décédée. La personne était juste là, sous son nez pendant qu'elle était plongée dans ses investigations. Mais encore une fois, Andrea semble persuadée que quelque chose ne tourne pas rond. Il y a quelque chose sur cette image qui la dérange, même si elle ne comprend pas quoi.
Avec un soupir, elle repose la photographie sur son bureau. C'est alors que la lumière décide de frapper d'un angle parfait l'image et lui dévoile un reflet qui attire son œil. Quelque chose est très subtilement gravé. De manière imperceptible au toucher et presque invisible, il y a bel et bien quelque chose qui cloche avec ce bout de papier. Ses yeux s'écarquillent de surprise et d'un brin d'excitation tandis qu'elle court vers son tiroir. Elle en sort un pinceau épais et de la poudre de charbon, qu'elle utilise habituellement pour ses dessins. D'un geste rapide, elle verse la moitié du contenant sur la photographie avant de chasser l'excédent du bout des poils de l'outil. Elle sort ensuite une feuille d'un tas de paperasse et appuie. L'extrémité de ses doigts blanchit tant elle force pour bien imprimer la gravure sur son petit papier. La détective prend une grande inspiration avant de soulever le tout et de dévoiler quelques mots. Rapidement, elle saisit un miroir pour réussir à lire ce qui est écrit.
"Là où l'arc vert rencontre les tours de Londres, la reine attendra le sang, de son pion."
Le cerveau d'Andrea semble bouillir. Elle détient enfin un élément important, bien qu'énigmatique. Ses doigts effleurent le nouvel indice et elle frémit. Elle doit déchiffrer ce message. Elle seule le détient. Mais qui diable aurait pu lui donner ça ? La personne lui ayant déposé cette photographie devant sa porte tenait à ce qu'elle trouve les informations seule. Mais pourquoi ?
Pourquoi cette virgule entre "sang" et "de" ? Elle n'était pas nécessaire. Sang. Cent ? De. Deux ? Andrea hausse les sourcils. Un pauvre jeu de mots et facile à craquer. Cent deux. Peut-être serait-ce une adresse ? D'un geste hâtif, elle parcoure son bureau avant de trouver une carte de Londres. Elle est persuadée que ce message la mènera quelque part sur ce papier. L'arc vert, les tours de Londres. Rien de tout ça n'a de sens pour elle. Si ce n'est le Big Ben, la ville n'est pas vraiment reconnue pour ses tours.
Alors qu'elle laisse ses yeux glisser le long des adresses, elle les voit. Juste sous son nez : "Tower Hamlets". Évidemment, comment a-t-elle pu ne pas y penser ? Elle soupire de soulagement. Elle avance, et rapidement en prime.
— L'arc vert. Qu'est-ce que cela veut dire ? chuchote-t-elle perdue dans ses pensées.
Elle ne cesse de regarder la carte, désireuse de déceler les derniers indices sur sa future destination. Elle sait au fond d'elle que la réponse est juste là, mais elle n'arrive pas à mettre le doigt dessus.
L'arc vert. Ses yeux s'écarquillent encore plus et pendant un court instant on pourrait croire assister à une crise d'hystérie de sa part. Son visage est figé dans une expression mêlant surprise et excitation. À la croisée des quartiers "Bow" et "Bethnal Green", soit l'arc vert, et dans le borough de "Tower Hamlets", se trouve la reine. Le parc Victoria.
D'un soupir satisfait, elle regarde bouche-bée son bureau. Tout était là, médiocrement camouflé sous des mots simples. Reste le cent deux. Il n'y a pas de cent deux au parc Victoria.
Cent et deux.
100 et 2.
10:02.
10:02, Parc Victoria.
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Enola Holmes 3 : Leurs cœurs enragés | Sherlock Holmes x Andrea
FanfictionAndrea DelRose, une jeune détective en pleine ascension, devient célèbre en résolvant une affaire de la plus haute importance. Devenue une enquêtrice de renom en quelques jours, elle suscite la frustration chez ses confrères, notamment Sherlock Holm...