Boutiques

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Le lendemain, la jeune se fait réveiller par les rayons du soleil illuminant sa chambre. Elle n'a pas envie de se lever du lit, elle sait que cette journée va encore être longue. Elle se tourne, fermant les yeux encore une fois dans l'espoir de gagner quelques minutes de sommeil en plus. Pourtant rien n'y fait, elle reste indéniablement réveillée et se résigne à se préparer pour aujourd'hui. Sa mission : se préparer pour le bal. Pour cela, elle doit retrouver Enola pour lui demander de l'aide. Elle sort alors à contrecœur de sous les couvertures et enfile rapidement quelques vêtements pour sortir. Elle ne prend pas la peine de manger, son estomac encore trop retourné par les évènements pour avaler quoi que ce soit. La détective se contente d'attraper sa clé et s'extirper de la maison. Elle rejoint le bureau d'Enola en quelques minutes et frappe à la porte. Cette dernière ouvre et l'accueille à l'intérieur. Les deux femmes sont seules pour la journée, Sébastien et Tewkesbury devant eux-mêmes vaquer à leurs occupations.

— Mademoiselle DelRose, je ne vous attendais pas si tôt, dit Enola avec surprise.

— J'ai besoin de votre aide, confie Andrea non sans une pointe de frustration.

— Pourquoi donc ? s'étonne la jeune Holmes.

— Le bal. Je n'ai pas de tenue, je ne sais même pas comment je vais devoir agir, ni quoi dire. Disons que ce n'est pas ma spécialité, et j'ai cru entendre que vous aviez réussi à vous fondre dans la masse lors de votre dernier bal.

— Je n'irai pas jusqu'à dire fondre dans la masse, étant donné que cela s'est terminé en arrestation, mais pour le reste je ferai de mon mieux pour vous assister, répond-elle avec un sourire.

La seconde d'après, les deux femmes se retrouvent en pleine rue, à la recherche de quelque chose pour Andrea. Enola lui a même proposé de l'aider financièrement, ce que sa collègue a dû accepter à contrecœur. Elles poussent alors toutes deux la porte d'un magasin que la détective Holmes connait bien, monnaie en main et idées en tête. Aussitôt, elle guide Andrea vers les plus belles tenues, celles qui feront aussi bien tourner les regards mais sans trop attirer l'attention. Se fondre dans la masse sans passer pour un marginal non plus. On dirait presque qu'Enola sait exactement quoi choisir pour Andrea. 

— Tenez, essayez cela, lui dit-elle en lui tendant une des multiples robes qu'elle a choisies pour elle. 

Andrea la saisit et l'enfile. Pourtant, le regard qu'elle jette au miroir est un mélange de réticence et manque de confiance.

— Non. Pas celle-là, ajoute-t-elle.

Leurs recherches continuent, ponctuées d'échanges étrangement amicaux. Les deux jeunes femmes finissent même par partager de véritables moments de rire, toute animosité perdue dans le méandre de leurs paroles. 

— Et si nous changions de boutique ? Peut-être que celle-ci n'est juste pas faite pour moi, rétorque Andrea.

— Peut-être. Suivez-moi. Je pense avoir une idée de l'endroit parfait.

Enola agrippe le poignet d'Andrea et la tire derrière elle, hors du magasin puis à travers les ruelles de Londres. Elles s'enfoncent à travers les passages déserts et discrets. Il n'y a pas de doute, trouver quoique ce soit là-dedans semble irréaliste. Pourtant la jeune Holmes avance avec confiance, l'entraînant avec elle jusqu'à une petite enseigne. Le commerce est petit, presque aussi petit que la chambre d'Andrea. Mais elle voit à l'intérieur un tissu qui attire son œil aussitôt émerveillé. La voilà, la tenue parfaite. Enola remarque immédiatement le regard sur son visage et sourit fièrement. Elle sait déjà qu'elle a trouvé exactement ce qu'il fallait. Elles poussent alors la porte et examinent rapidement les alentours avant de reporter leur attention sur cette robe au centre de la pièce. La vieille femme tenant la boutique leur offre un accueil chaleureux et les invite à essayer cet habit qui semble tant les intéresser. 

Andrea accepte et se glisse alors dans le vêtement. À en juger par le regard d'Enola ou celui de la commerçante, elle a trouvé la robe parfaite. Elle est d'un rouge sombre, légère et assez décolletée pour à la fois garder une pudeur nécessaire mais aussi offrir une mise en valeur de tout son corps. La jupe retombe en un tissu presque transparent jusqu'à ses chevilles et virevolte à chaque petit mouvement. Enola, restée bouche-bée jusque-là, reprend la parole.

— C'est magnifique.

L'autre détective en face d'elle lui sourit avec un petit air embarrassé mais accepte le compliment, un sourire sur le visage. Elle le sait, sans même regarder dans le miroir, qu'elle a trouvé ce qu'il fallait. Elle se sent à l'aise, le tissu épousant toutes ses formes comme il le faut. Il n'y a pas de doute, la robe provoquera l'effet escompté. 

— Mademoiselle DelRose, c'est vraiment ce qu'il vous fallait. Cela vous va parfaitement, confie Enola.

Elle se tourne ensuite vers la vieille femme et lui tend une pile de billets avant de la remercier. Andrea retire la robe et la replie avant de la ranger dans un grand sac en toile qu'elle avait emporté pour la journée. 

— Nous devrions y aller. Vous avez encore beaucoup de choses à m'apprendre, annonce-t-elle. 

La jeune Holmes acquiesce et elles sortent alors de la boutique le sourire aux lèvres. 


Elles regagnent le bureau d'Enola et sans plus attendre, la leçon continue. Une fois là-bas, elles s'assoient et Enola se met à lui expliquer les principales informations nécessaires.

— Tout ce que vous devez savoir, c'est que vous devez vous fondre dans la masse. Les bals sont une forme de jeu. Si vous dansez, vous gagnez. Savez-vous au moins danser ? demande la jeune Holmes.

— Sûrement pas à la perfection, mais je peux me débrouiller à ce niveau-là.

— Bien. Ensuite, gardez bien en tête de toujours rester près de Tewkesbury. Nous sommes malheureusement contraintes à ces règles sociétaires stupides, vous devez donc toujours avoir un chaperon pour parler à quelqu'un de noble comme Lord Bristle.

— Entendu. Qu'est-ce que je dois lui dire ?

— Engagez une discussion. Vous le connaissez déjà, ça ne devrait pas être difficile. Essayez simplement de lui tirer le plus d'informations possibles quant à l'affaire, pourquoi il est si investi, ce qu'il y gagne...

Elle marque une pause avant de croiser le regard d'Andrea.

— Ne vous inquiétez pas, mademoiselle DelRose. Tout va bien se passer. Vous êtes prête. Il n'y a aucune raison que cela tourne mal.

Enola Holmes 3 : Leurs cœurs enragés | Sherlock Holmes x AndreaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant