Enola Holmes 3 : Leurs cœurs enragés | Sherlock Holmes x Andrea

Début de l'enquête

Après une nuit lourde de cauchemars, Andrea ouvre les yeux. Le soleil la frappe directement en plein visage, ce qui la fait plisser les paupières. Elle a très mal dormi, elle est épuisée. Honnêtement, elle ne se sent absolument pas prête à affronter cette journée. Elle n'est pas prête à faire face à d'autres meurtres, ou même à simplement enquêter. Mais a-t-elle vraiment le choix ? 

Elle pose un pied par terre et enfile rapidement ses vêtements pour aujourd'hui. Elle ne sait pas du tout à quoi s'attendre, mais au moins cette fois elle sera accompagnée. Sébastien et Enola seront là en cas de problème. Elle sort de la pièce, récupère ses clés et se dirige cette fois en direction du bureau d'Enola Holmes. Les rues sont un peu plus désertes qu'hier. Les habitants ont sûrement déjà tous entendu parler des deux meurtres et ont pris peur. 

La détective pousse la porte du salon de thé d'Edith Grayston et se rend directement à l'étage, se frayant un chemin à travers des femmes en pleine lutte. Andrea toque contre la porte et entre. À l'intérieur elle y voit Enola, Tewkesbury et Sébastien en pleine discussion, immédiatement interrompue par son entrée.

— Ah, mademoiselle DelRose, vous voilà enfin ! s'exclame Sébastien chaleureusement.

— Bonjour, dit-elle à destination de tous les individus dans la pièce. 

— Nous vous attendions. Regardez, j'ai pris quelques notes sur ce que nous savons déjà, confie Enola en lui tendant un petit carnet.

Andrea le saisit avant de s'installer sur une des chaises. Les pages regroupent tous les éléments qu'ils ont pu découvrir la journée précédente. 

— Auriez-vous quoique ce soit à ajouter ? demande Enola.

— Pas vraiment, jusqu'ici tout me semble complet, répond l'autre détective.

— Nous sommes dans l'impasse. Nous n'avons aucun mobile, aucun suspect, rien du tout, soupire la jeune Holmes.

— En soi, nous avons un mode opératoire et un lien évident entre les victimes, relève Andrea. Quant au mobile, je pense que nous pouvons le deviner. Ce meurtrier veut jouer avec moi, sinon il m'aurait déjà tuée. Peut-être cherche-t-il à me faire tomber alors même que je viens de concrètement débuter.

— Vous avez raison, la jalousie peut en motiver plus d'un. Auriez-vous une idée de qui pourrait être après vous de la sorte, ou simplement vous en vouloir ? questionne Tewkesbury.

— À vrai dire, je n'ai pas vraiment de rivaux mis à part les Holmes, avoue-t-elle non sans un regard gêné vers Enola.

— Ni Sherlock ni Mycroft ne feraient quoique ce soit de la sorte, clarifie immédiatement cette dernière.

— Oui, je m'en doute. Je n'ai juste aucun autre soupçon. 

— Nous devons étudier chaque élément qui pourrait être en rapport avec vous. Tout peut être une piste, alors restons ouvert à toute éventualité, annonce Sébastien. 

Les trois autres acquiescent, échangeant des regards à la fois inquiets et déterminés. À vrai dire, aucun d'eux ne sait quoi faire, ni par où s'y prendre. Malgré tout ce qu'il s'est passé, ils n'ont toujours pas assez pour établir un quelconque profil.

— Voilà ce que je pense : le meurtrier souhaite avoir mon attention. Il a choisi ses victimes pour qu'elles me ressemblent le plus possible, que ce soit leur apparence ou bien leur nom. Leurs cadavres se sont effondrés à côté de moi, et il a bel et bien tout fait pour être sûr que je serais impliquée dans cette histoire. J'y vois ici une sorte de besoin d'être vu. Pourtant il a été assez précautionneux pour ne laisser aucun indice quant à son identité. Il est peut-être même expérimenté. Quoiqu'il en soit, il m'observe. Il savait où je me trouvais lors de chaque meurtre. Nous pouvons donc déjà supposer qu'il n'est pas loin, juste sous nos yeux, explique Andrea le plus sereinement possible.

— Alors comment pouvons-nous procéder ? demande Sébastien. 

— Il nous faut allier réflexion et observation. Nous devons repasser au peigne fin chaque petit élément jusqu'à trouver quelque chose qui pourrait nous aiguiller, mais également essayer de pousser le tueur à se montrer, continue-t-elle. 

— Que suggérez-vous ? intervient Tewkesbury.

— Séparons-nous. Mademoiselle Holmes, vous êtes bien plus forte que moi sur le plan physique. Vous savez vous battre comme personne. Et avouons-le, vous et moi nous ressemblons plus que nous le devrions. Si vous vous faîtes passer pour moi, vous aurez sûrement le temps d'intervenir si le meurtrier agit à nouveau. Quant à moi, il serait plus judicieux que je m'occupe de la réflexion. Je n'aurai aucun mal à étudier les corps des femmes décédées. J'essaierai d'en tirer le plus d'informations possible, annonce Andrea avec assurance.

— Et nous ? s'étonne Sébastien.

— Lord Tewkesbury risquerait de me ralentir. Sébastien, vous êtes policier et avez le pouvoir d'intervenir. Tewkesbury ira avec vous, Andrea. Sébastien m'accompagnera, tranche Enola. 

Les deux hommes ne protestent pas et attendent avec patience la suite des évènements. L'enquête est désormais officiellement lancée. Les quatre protagonistes ont beaucoup à explorer s'ils souhaitent trouver des indices. Ils l'ont eux-mêmes remarqué, le tueur est très discret et à la fois bien trop imprudent. Il a agi bien trop vite pour n'avoir fait aucune erreur, cela est une certitude. Que ce soit au niveau des mortes, ou dans son comportement actuel, il finira forcément par se trahir. Andrea compte bien tout faire pour l'arrêter au plus vite. Elle espère sincèrement en finir vite avec cette histoire, non pas pour avoir la satisfaction d'avoir gagné mais pour avoir le soulagement d'avoir survécu et sauvé d'autres vies. Reste à savoir si elle parviendra à remplir les demandes de Moriarty en parallèle avec l'enquête. Mais au fond, elle a confiance. Il s'agit de son affaire la plus difficile, mais il n'y a aucune raison qu'elle échoue. Quoique Sherlock en dise, ou même Mycroft, elle en a les capacités. Elle compte bien le prouver, d'ailleurs. 

— Bien, mettons-nous au travail alors. Tout le monde sait ce qu'il a à faire avec son coéquipier. Je suggère que chaque binôme évite de se séparer, termine Andrea avec détermination. Après tout, nous avons un tueur en liberté.