Échange et discussion

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Andrea et Tewkesbury se regardent une dernière fois avant que la détective reprenne la parole. 

— Il faut que nous retrouvions Enola et Sébastien pour les prévenir. Ils sont peut-être en danger. 

— Non attendez, nous ne savons absolument pas où elle est. Et si elle se fait passer pour vous, le tueur pourrait prendre une de vous deux pour cible en voyant que l'une est une imposture, confie-t-il avec une pointe d'inquiétude.

— Vous avez raison, pas mal pour un Lord.

— Et qu'entendez-vous par là ? questionne-t-il avec un sourire en coin. 

Andrea laisse échapper un petit rire avant de secouer la tête. Les deux échangent un regard amusé. La détective se sent curieusement à l'aise. Elle ne comprend pas totalement pourquoi, mais la présence de Tewkesbury la rassure. Elle ne le connaît même pas, mais quelque chose dans leurs interactions la calme. De son côté, le Lord semble ressentir la même chose. Il voit bien qu'elle est toujours légèrement angoissée par rapport à l'affaire et se dit que quitte à attendre, autant la mettre à l'aise et alléger la conversation. 

— Puis-je vous poser une question ? intervient-il.

— Évidemment.

— Pourquoi détestez-vous autant les Holmes ? Je dois vous avouer que je n'ai pas vraiment épluché tous les journaux à la recherche de réponses.

— Et bien tout d'abord, je n'apprécie par leur arrogance. Mycroft et Sherlock ont eu des discours rabaissant envers moi, et cela je ne le tolèrerai pas. Je ne peux dire que Enola ait été comme eux, mais elle ne les a jamais réellement contestés. En soi, les Holmes ont juste donné leur avis, mais je n'aime pas le principe d'enterrer quelqu'un sous des arguments si futiles, tels que mon âge ou mon manque d'expérience. Je suis consciente que mon ascension vers la célébrité peut inquiéter, et cette rivalité est tout à fait normale, pourtant les insultes relèvent seulement d'un manque de confiance et le besoin d'écraser pour se sentir supérieur. Vous voyez ? 

— Oui, je comprends. Surtout si cette humiliation était publique. J'ai cru comprendre que le tout s'était fait dans les journaux. 

— Exact. Et sous mon nez également. Sherlock Holmes a pris un malin plaisir à me dénigrer en face à face.

— Je dois l'avouer, je ne m'attendais pas à un tel comportement de sa part. Pour lui avoir déjà beaucoup parlé dû à ma relation avec Enola, je l'ai toujours vu comme un homme noble et respectable. Mycroft cependant, je peux comprendre, avoue-t-il avec un sourire. 

La jeune femme souffla un rire à ses mots. Il est vrai que Mycroft est vu par beaucoup comme quelqu'un d'hautain et trop sûr de lui. 

— Quelle est votre relation avec Enola, d'ailleurs ? J'ai cru comprendre que vous étiez proche, demande Andrea avec simple curiosité.

— Ne le dîtes à personne, commence-t-il.

La détective hoche la tête, l'écoutant avec attention.

— J'aimerais l'épouser. Lors de sa dernière affaire, celle de la fabrique d'allumettes dont vous avez sûrement entendu parler, nous avons tous les deux confessé nos sentiments l'un pour l'autre. Je suis convaincu qu'elle est la femme de ma vie. 

La jeune femme sourit avec enthousiasme. La façon dont Tewkesbury parle d'Enola est déjà bien représentatif de son affection pour elle. 

— Je vous le souhaite. Vous formez un adorable couple, avoue-t-elle. 

— Vraiment ? Vous le pensez ?

— Évidemment. 

— Merci. Vous savez, ça n'a pas toujours été comme ça. Au début, je suis presque sûr qu'elle me détestait. Elle m'a traité "d'idiot" et "de garçon inutile", annonce-t-il avec toujours le même sourire en coin. 

— Étonnamment, beaucoup de relations commencent ainsi. C'est peut-être même une bonne nouvelle. Cela signifie qu'elle a su vous accepter pour qui vous êtes et que vous avez réussi à prouver que vous êtes quelqu'un de bien pour elle. 

— Vous avez raison, mademoiselle DelRose. Qui sait, il vous arrivera possiblement la même chose. 

— Comment ça ? questionne-t-elle avec un petit rire.

— Vous et Sherlock feriez un très beau couple, dit-il avec amusement.

Andrea ne peut contrôler l'air dégoûté sur son visage tandis que Tewkesbury éclate de rire. Elle ne peut même pas considérer et imaginer ce qu'il vient de prononcer, l'idée seule la répugne. 

— Je plaisante, bien sûr, rajoute-t-il.

— J'espère bien. Lui et moi, ça n'arrivera jamais. Rien qu'y penser me donne la nausée. 

Tewkesbury la fixe avec un air amusé, comme s'il se retenait de rajouter quelque chose. En y repensant, il se dit qu'il y a peut-être une part de sérieux dans sa plaisanterie. Il est vrai que les deux pourraient former quelque chose d'aussi surprenant qu'irréel. Il se doute que cela n'arrivera jamais, les deux détectives se détestent beaucoup trop pour cela, mais cela l'amuse quand même. Qui sait ? Sa relation avec Enola n'était pas vraiment partie du bon pied non plus. 

— Trêve de plaisanteries, Lord Tewkesbury, cela n'arrivera jamais. 

— Laissez-moi rêver.

La jeune femme soupire mais elle ne peut retenir le sourire qui traverse son visage. Bien évidemment, jamais elle n'aura quoique ce soit avec Sherlock Holmes. Mais il faut se l'avouer, elle apprécie l'humour du jeune garçon. Cela lui permet d'arrêter de penser à l'affaire en cours. Elle sent le poids de son angoisse disparaître peu à peu grâce à leur discussion. Elle sait qu'ils vont bientôt devoir reprendre leur sérieux et se reconcentrer sur l'enquête, mais elle décide de profiter de l'instant présent et même de se laisser aller, se détendre. Elle n'en a pas l'habitude, elle est toujours bien trop assidue pour cela. Mais Tewkesbury lui offre ce temps de calme dont elle avait besoin. Cela l'aidera sûrement même à mieux travailler par la suite. Cela ne peut lui faire que du bien d'apaiser ses émotions au lieu de les laisser la dépasser et brouiller son jugement pourtant si important pour résoudre l'affaire. 

— Dîtes, Tewkesbury, vous pensez qu'ils ont fini ? demande Andrea.

— Vous avez déjà hâte de terminer cette discussion ? répond-il avec un sourire. Parler de la relation entre Sherlock et vous ne vous enchante pas ? 

Andrea esquisse un sourire avant de reprendre la parole. 

— Vous êtes insupportable, Lord Tewkesbury.

Enola Holmes 3 : Leurs cœurs enragés | Sherlock Holmes x AndreaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant