Enola Holmes 3 : Leurs cœurs enragés | Sherlock Holmes x Andrea

Alliance

Andrea se met alors en route en direction du poste de police à nouveau, bel et bien décidée à accepter la proposition de Sébastien. Quoiqu'elle fasse, ce choix lui garantit de parvenir à ses fins d'une manière ou d'une autre. Elle ouvre donc la porte d'entrée, faisant cette fois encore plus attention à bien la verrouiller derrière elle. Au fond d'elle, elle sait très bien que quelqu'un vient de s'introduire dans son appartement, mais elle souhaite indéniablement rester dans le déni. De toute façon, elle ne peut y faire grand-chose désormais. Il s'agit sûrement de Moriarty, n'est-ce pas ? Son cœur d'enquêtrice sait pertinemment que non, mais son angoisse la raccroche à l'espoir que peut-être, aussi étrange que cela puisse être, c'était elle. Elle repousse cet étrange sentiment qui alourdit son esprit avant de s'apercevoir qu'elle se tient déjà juste devant le commissariat. Elle en pousse la porte qui s'ouvre avec un craquement bruyant, ce qui fait tourner les têtes des personnes à l'intérieur. Elle baisse les yeux, gênée par la soudaine attention qui lui est portée et elle se rapproche du bureau au centre et demande à voir le policier Sébastien. L'homme en face lui jette un regard qu'elle ne parvient même pas à analyser mais lui indique une pièce derrière lui. La jeune détective contourne alors la sorte de comptoir principal avant de toquer doucement contre le bois. 

— Entrez, annonce Sébastien de l'autre côté. 

Lorsqu'Andrea pénètre dans la pièce, elle est plus que surprise de voir Sébastien accompagné d'un autre homme et non Enola. Elle est persuadée de l'avoir déjà vu quelque part mais n'arrive pas à s'en rappeler immédiatement. Celui-ci remarque sa confusion tout de suite et s'approche pour lui tendre la main avec politesse.

— Lord Tewkesbury. Vous devez être mademoiselle DelRose, je présume. 

Andrea hoche la tête tout en acquiesçant avant de se faire interrompre par Sébastien. 

— J'en déduis que vous avez fait votre décision, mademoiselle DelRose, annonce-t-il avec un sourire. 

— Cela ne pourra être que dans notre intérêt collectif. Mais ne vous attendez pas à ce que je présente quelconque sympathie envers cette femme. Cela relèverait de l'hypocrisie. 

— Vous êtes une jeune femme de bonne éducation, je suis sûr que vous saurez lui offrir assez de courtoisie pour ne pas paraître aussi ridicule que deux enfants se battant pour un jouet, répond Sébastien.

Tewkesbury laisse échapper un petit rire à cela, ce qui lui attire un regard noir de la part de la détective. Il la regarde avec un sourire amusé mais n'ose pas rajouter quoique ce soit. Il sait très bien qu'Enola Holmes et la détective en face de lui sont rivales et que leurs deux tempéraments semblant assez forts mèneront inévitablement à des conflits relevant du risible, mais il est persuadé que cela marchera. Il connait Enola plus que quiconque et a déjà beaucoup étudié la femme devant lui. Elles sont toutes les deux bien trop intelligentes et déterminées pour laisser leurs différends impacter l'enquête. 

— Sauf votre respect, Lord Tewkesbury, quel est l'intérêt de votre présence ici ? demande soudainement Andrea avec sincère curiosité.

— Enola m'a demandé de l'aide. Elle craignait que vous resteriez têtue au point de ne jamais céder et savait très bien qu'elle n'y arriverait pas seule. J'ai déjà eu l'honneur de l'accompagner dans ses enquêtes auparavant, je voulais donc m'avérer utile pour elle. 

— Très noble de votre part. Où est-elle d'ailleurs ? 

— Elle est allée faire un tour pour se rafraîchir les idées. Cette affaire l'inquiète énormément. 

Andrea jette un regard à Sébastien une nouvelle fois avant de reprendre la parole. 

— Je vais aller lui parler.

Les deux hommes la fixent avec étonnement. Ils ne s'attendaient pas à ce que la détective coopère, et encore moins cherche elle-même à établir quelconque contact avec sa rivale. Et pourtant la voici, déjà déterminée à aller retrouver Enola pour échanger quelques mots. La jeune femme se retourne sans plus un mot et quitte la pièce à nouveau sous le regard toujours aussi surpris des deux autres à l'intérieur. Elle se rend alors à l'extérieur et observe les alentours. C'est là qu'elle la remarque, assise sur les marches du bâtiment d'en face. Enola Holmes. Sans perdre plus de temps, Andrea traverse la rue, non sans manquer de peu qu'une calèche lui broie le pied, et s'arrête juste devant l'autre jeune femme. 

— Enola Holmes, dit-elle simplement d'un ton monotone. 

L'intéressée lève la tête et croise son regard, un éclair de surprise la traversant. 

— Vous ? 

— Moi. J'ai pris ma décision. Et même si cela me fait mal de l'admettre, vous avez raison. Collaborer ne peut être que bénéfique. Je préfère accepter et mettre de côté notre rivalité si cela peut nous permettre à toutes les deux d'arrêter ce meurtrier. 

Enola lui sourit légèrement avant de se relever pour être à son niveau. Elle reste un peu surprise d'un changement d'avis si rapide mais ne s'en plaint absolument pas. 

— J'apprécie votre sérieux, mademoiselle DelRose. Je ferai de mon mieux pour que nous nous entendions. Ou du moins tolérions. J'ai conscience de l'effort que vous faîtes, et de l'immense pas que vous venez d'effectuer. 

— Je ne vous garantit pas une amabilité constante, mais je ferai de mon mieux pour que cette entente se passe comme il se doit. 

Enola hoche la tête avant de lui tendre la main. Andrea la serre en réponse avec un léger sourire. Sa décision est prise. Quelle journée. En l'espace de moins de vingt-quatre heures, Andrea s'est retrouvée confrontée à deux cadavres, son rival, sa sœur et son ennemie jurée. Désormais tout est clair pour elle. Elle sait exactement quoi faire pour parvenir à ses fins, allier succès et satisfaction personnelle. Il faut l'admettre, elle sait très bien que ce qu'elle vient de choisir va à l'encontre de tout ce qu'elle s'était promis de ne jamais faire. Mais après tout, tous les moyens sont bons pour atteindre l'excellence, n'est-ce pas ? Andrea sait très bien qu'elle fera tout pour y parvenir, quel qu'en soit le coût.