Nouveaux indices

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Peu de temps après, Andrea et Tewkesbury se retrouvent à marcher en direction du bureau de police. Les corps ont été déposés là-bas, à l'abri des regards. Ils ont sûrement déjà commencé à se décomposer, ce qui explique l'odeur nauséabonde qui s'en dégage et qui étourdit le jeune Lord. 

— Tout va bien ? s'inquiète Andrea. 

— Je crois, oui. C'est juste que je n'ai pas vraiment l'habitude de voir, et surtout de sentir, ça, confie Tewkesbury.

— Vous pouvez sortir, je ne vous imposerai pas cela.

Le jeune garçon lui sourit en remerciement et se retire avec un air dégoûté sur le visage. Andrea le suit pour être sûre que tout ira bien pour lui, quitte à perdre un peu de temps.

— Désolé, je sais que nous avons beaucoup à faire, s'excuse-t-il d'une voix faiblarde.

— Ne vous inquiétez pas, tout va bien. Nous ne sommes pas à une dizaine de minutes près. Allez prendre l'air, le rassure-t-elle.

— Non, ça ira. Je ne veux pas vous laisser seule. Et puis, c'est l'occasion pour nous de parler. 

— De quoi voulez-vous parler, Lord Tewkesbury ? 

— De votre entente avec Enola. Vous le savez, elle m'est très chère, et je dois vous dire que j'apprécie les efforts que vous faîtes pour elle. 

— À vrai dire, je ne les fais pas réellement pour elle mais pour l'enquête.

— Certes, mais je vois à quel point votre soutien la rassure. Elle a déjà eu affaire à des meurtres, bien sûr, et c'est une enquêtrice hors pair, mais je pense que voir l'impasse qu'est cette affaire l'effraie énormément. Après tout, même Sherlock est perdu.

— Sherlock Holmes s'est penché sur l'enquête ? s'étonne Andrea avec la plus grande surprise.

— Et comment ! Enola ne l'a pas dit pour ne pas vous angoisser plus que vous ne l'êtes déjà, mais Sherlock a lui aussi accepté l'affaire. Il paraît qu'un jeune homme a fait appel à ses services. 

— Qui ? 

— Je n'en sais rien, c'est à lui qu'il faudrait le demander.

— Vous savez très bien que je ne le ferai pas, Lord Tewkesbury.

— Je m'en doute. Mais si je ne me trompe pas, je crois qu'il s'agissait d'un certain Lord Bristle. 

Andrea fronce les sourcils. Elle connaît cet homme. Elle le connaît très bien même, car c'est en quelque sorte grâce à lui qu'elle a pu résoudre sa toute première enquête officielle. Il est le mari de Lady Charlotte, la jeune femme qui avait disparu quelques semaines auparavant. Après tout ce qu'elle a fait pour eux, il est étrange qu'il ait fait appel à son rival. Et quand bien même, il n'a absolument rien à faire dans cette histoire. Il n'a aucune relation avec les victimes, il ne les connaît même pas. Cherche-t-il à protéger Andrea ? Cela n'a aucun sens, et elle le sait très bien. 

— Lord Tewkesbury, je crois que vous venez de me donner un indice de la plus haute importance, confie Andrea. 

— Vraiment ? s'étonne-t-il. 

La détective hoche la tête avant de retourner en direction des cadavres. Elle demande cette fois-ci au jeune homme de rester à l'écart pour ne pas le mettre plus mal à l'aise qu'il ne l'est déjà. Elle pousse alors la porte, tentant d'ignorer les effluves assommants des corps en décomposition. La vision en face d'elle est tout bonnement horrible. Les victimes sont livides, rigides, vidées de leur sang. Leur plaie s'est déjà oxydée, luisant d'un marron sombre, presque noir. Il faut l'avouer, ce n'est pas beau à voir. La jeune femme se raccroche à son sang-froid et tente d'ignorer la panique et le dégoût au fond de son estomac. Elle est à deux doigts de tourner les talons et fuir la pièce en pleurant et vomissant, mais elle ne le fera pas. Elle regarde à contre-cœur les femmes, les examinant avec attention. Rien ne semble avoir changé depuis, mais son instinct lui crie qu'elle passe à côté de quelque chose. Guidée par une force qui lui est inconnue, elle s'approche encore plus et soulève très légèrement le vêtement de la première femme. C'est alors qu'elle le remarque, ce tout petit détail qui lui avait échappé. Aussitôt, elle répète l'opération avec la seconde victime et ses doutes se confirment. 

Elle sort rapidement de la pièce pour retrouver Tewkesbury qui l'attendait. Elle parcoure le couloir des yeux avant de l'apercevoir appuyé contre un mur à quelques mètres. Elle se met presque à courir dans sa direction, ce qui le fait automatiquement lever la tête. 

— Mademoiselle DelRose, tout va bien ? demande-t-il en constatant son air affolé.

— Non, pas du tout. Nous avons été si stupides, confie-t-elle.

Une fois arrivée devant lui, elle prend un instant pour reprendre sa respiration avant de parler à nouveau.

— Les femmes ont été mutilées. Il leur manque à chacune une petite parcelle de peau sur les jambes, annonce-t-elle avec une pointe de répulsion. 

— Comment cela ? 

— Il leur manque un bout de peau. La taille et la forme sont différentes, je ne sais pas pourquoi. Je n'ai même aucune idée de tout ce que cela signifie, mais nous venons d'obtenir un nouvel indice.

Les deux marquent une pause où ils se regardent avec un mélange d'appréhension mais aussi d'une pointe d'agitation. Ils avancent dans l'enquête, et bien plus vite qu'ils ne le pensaient. Mais soudain Tewkesbury fronce les sourcils.

— Attendez, cela n'a pas de sens. Je croyais que ces femmes avaient été attaquées en plein jour et que l'attaque avait été faite en une fraction de seconde, confie-t-il.

— Vous avez raison, c'est ce que je me suis dit également. À en juger par l'apparence des plaies, ces parties du corps ont été prélevées une fois qu'elles ont été amenées ici, explique-t-elle doucement. 

— Quoi ? Mais comment est-ce possible ? L'endroit est rempli de policiers, personne d'autre n'y a accès.

— Apparemment si. Il nous reste donc à découvrir comment, mais surtout pourquoi. Je suis presque sûre que le tueur n'aurait pas pris le risque de retrouver sa victime et la mutiler sans raison, murmure la détective.

— Mon Dieu, j'ai l'impression que plus nous trouvons des réponses, plus il y a de questions qui se posent. 


Enola Holmes 3 : Leurs cœurs enragés | Sherlock Holmes x AndreaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant