Enola Holmes 3 : Leurs cœurs enragés | Sherlock Holmes x Andrea

Nouvelle victime

Andrea recule de quelques pas, complètement paralysée par la peur et la surprise. La femme à ses pieds est brune, à la peau claire et aux yeux de l'exacte même teinte que ceux de la détective. La foule autour commence à remarquer la scène et approchent, incapable de retirer leurs yeux de la gorge ensanglantée de la victime. 

— Police ! Appelez la police, crie un homme.

Andrea ne peut s'empêcher de regarder derrière elle, uniquement pour constater que Moriarty a disparu. La détective soupire et ramène son attention à la personne décédée par terre. Elle s'accroupit à ses côtés et observe la blessure. Autour d'elle, les passants se font bousculer par les policiers qui écartent les curieux une nouvelle fois. 

— Mademoiselle DelRose, souffle le même agent qu'auparavant.

La détective lève les yeux et hoche la tête, comprenant son inquiétude. Une deuxième victime en une seule journée. Cela ne peut pas être une coïncidence. 

Soudain, un homme s'approche en courant vers la femme morte. Son visage est tordu en une expression de douleur et de tristesse. Il attrape la main du cadavre et la serre si fort qu'il manque de lui arracher.

— Alicia, ma douce Alicia, sanglote-t-il à ses côtés. 

Andrea ne réagit pas et se contente de le fixer avec un mélange de compassion et de curiosité. 

— Excusez-moi monsieur, vous connaissiez la victime ? demande le policier. 

— Qui êtes-vous ? questionne l'homme avec méfiance.

— Je suis l'agent Sébastien, j'enquête sur l'affaire de meurtre d'Anna Dellose de ce matin. Cette femme est la détective Andrea DelRose, explique Sébastien d'un ton aussi calme que possible.

L'homme hoquète, parvenant peu à peu à stopper ses pleurs. Il jette un coup d'œil à la détective.

— Vous lui ressemblez, murmure-t-il. 

Andrea frémit mais ne répond pas. Encore une fois, la similitude physique est frappante. 

— Monsieur, comment s'appelle la victime ? interroge Sébastien.

— Alicia de Rossi. Ma douce fiancée.

Il passe sa main dans les cheveux de la femme, ses doigts tremblant de terreur. La détective et le policier échangent un regard. Tous deux ne savent pas quoi faire, le silence du parc uniquement interrompu car les murmures de l'homme auprès d'Alicia. Andrea saisit le bras de Sébastien et l'entraîne légèrement plus loin.

— Il s'agit de la seconde victime, dans la même journée. Et encore une fois, elle me ressemble, que ce soit au niveau du physique ou du nom, chuchote la détective visiblement inquiète.

— Le meurtrier agit rapidement. Il faut l'arrêter au plus vite avant qu'il ne fasse d'autres victimes. Qui sait ? Peut-être que vous serez la prochaine. 

Andrea acquiesce, une étincelle de peur traversant son regard habituellement imperturbable. 

— Je n'aurai jamais le temps de trouver assez d'informations. Tout va trop vite et rien n'a de sens. Je n'ai toujours rien trouvé à propos d'Anna, confie-t-elle un brin déçue.

— Alors vous devriez considérer accepter de l'aide. Mademoiselle, avec tout le respect que je vous dois, je dois vous rappeler que la vie d'innocents est en jeu. Ce n'est pas votre fierté qui les ramènera à la vie.

La jeune femme soupire. Elle sait très bien qu'il a raison, mais elle est bien trop têtue pour accepter tout de suite. Mais Sébastien la coupe dans ses pensées subitement.

— Je vais joindre Enola Holmes. Elle est une très bonne détective et vous le savez. Je vous épargne la présence de Sherlock Holmes, mais pour la grâce de Dieu, faîtes l'effort de collaborer avec Enola. 

Après un second soupir d'exaspération, Andrea hoche néanmoins la tête. Elle sait qu'elle n'a pas d'autre choix et que, comme l'a spécifié l'agent, la vie d'innocents est mise en danger. Elle ne peut pas laisser sa rancœur dépasser son professionnalisme. Après tout, peut-être que travailler avec Enola Holmes ne sera pas si mal. Après tout, elle ne lui a rien fait personnellement. Le policier s'écarte et commence à partir, laissant Andrea seule avec l'homme toujours auprès de la victime, et la foule les entourant. 

— Monsieur, nous ne pouvons la laisser là, murmure-t-elle en posant sa main sur son épaule.

L'homme hoche la tête et lâche la main du cadavre à contrecœur. Les agents de police encerclent le corps et la récupèrent, se frayant un chemin à travers la horde de passants. Andrea frémit légèrement en voyant le sang étalé sur le sol herbeux du parc. Elle ne peut s'empêcher de penser qu'elle pourrait être la prochaine. Elle doit être vigilante, et choisir les bons alliés. La détective se demande d'ailleurs où est passée Moriarty. La femme s'est éclipsée dès que le meurtre a eu lieu, sûrement pour ne pas attirer l'attention sur elle au milieu de la foule. Pourtant, elle devra lui donner une réponse à un moment donné, même si elle ne sait pas comment. Son offre est tentante, la promesse d'une prise de pouvoir et de voir Sherlock Holmes tomber. Ses pensées sont cependant interrompues par une voix derrière elle. 

— Il semblerait que vous vous retrouvez une nouvelle fois en plein cœur d'une affaire de meurtre, ricane l'homme. 

Andrea se retourne et souffle dès qu'elle croise le regard du détective Sherlock Holmes. 

— Encore vous. M'auriez-vous suivie ? 

Sa voix traduit une pointe d'inquiétude qu'il remarque immédiatement. S'il l'a suivie, il a sûrement vu Moriarty lui parler. 

— Au départ non, puis j'ai changé d'avis. Quelle fût ma surprise de vous voir encore une fois à côté d'un cadavre. 

— Quand êtes-vous arrivé ? demande-t-elle avec appréhension. 

— En même temps que la police. 

Il sourit légèrement, comme s'il prenait un malin plaisir à lui faire peur. Il s'approche encore un peu et lui murmure quelques mots. 

— Si c'est ce qui vous inquiète, je n'ai rien vu de votre petit rendez-vous secret.

Andrea le fixe intensément pour déterminer s'il dit la vérité ou non. Mais elle n'ose rien dire, de peur de trahir ses intentions. Elle se contente de faire un pas en arrière et créer une distance convenable entre eux. Elle regarde autour d'elle. La foule s'est déjà dissipée et les policiers ont emporté le cadavre, ne laissant que les deux détectives face à face. 

— Bon courage pour trouver le coupable avant qu'il ne frappe à nouveau, annonce-t-il en s'éloignant. 

Le sourire satisfait sur son visage ne fait qu'agacer la jeune femme. 

— Je compte bien le trouver avant vous, monsieur Holmes. Votre carrière ne tient qu'à un fil qui semble s'enrouler autour de moi.