Chapitre 9 - La Rebelle

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Je quittais mon bureau furieuse sans oublier de lui faire remarquer que sans doute elle ne connaissait même pas mon prénom. Cette femme était un glaçon. Elle ne s'intéressait à rien à part l'argent. J'avais beau faire tous les efforts du monde pour être à la hauteur, jamais je ne représenterais le moindre intérêt à ses yeux. Il fallait que je me fasse une raison. Pourtant j'avais fait des efforts mais de toute évidence, cette femme était incapable de la moindre once d'humanité. Esther allait être déçue mais cette fois-ci je n'y étais pour rien. J'avais tout fait pour me faire apprécier. J'hésitais à appeler Michèle mais il était encore trop tôt pour la déranger, elle devait encore être au travail. Je rentra donc chez moi, pris mes affaires de sport et me rendis à la salle de sport. Depuis quinze jours, j'avais bossé comme une folle au sein de MD Corporation et je m'y étais un peu oubliée. Avant ce job, j'avais une vie bien rangé, sans attache et cela me convenait parfaitement. J'allais donc reprendre ma vie là où je l'avais laissé. De toute façon, j'avais été folle de penser que quelqu'un d'autres qu'Esther puisse s'intéresser à moi. Même Michèle allait très certainement vite m'oublier.

Lorsque j'arrivais dans ma salle de sport habituelle, Franck le gérant me dit :

- Alors mon ratel, tu as enfin retrouvé le chemin pour venir jusqu'ici ?

Franck m'avait prénommée ratel car comme cet animal, je n'avais peur de rien et lorsqu'il me mettait sur un ring, il n'y avait pas plus agressive que moi.

- Que veux-tu, son odeur de transpiration me manquait.

- Ramènes donc tes fesses sur mon ring et tu sauras pourquoi ça pue la sueur chez moi et pas ailleurs.

- Tu me fais trop rêver, Franck.

Franck éclata de rire et je fonçais dans son bureau pour me changer. Comme j'étais la seule fille de son club, il m'avait autorisée à utiliser son bureau pour me changer afin de me laisser plus d'intimité. Je me mis donc en brassière et en short et partit rejoindre Franck. En brassière on pouvait voir une grande partie de mon tatouage. C'était mon oeuvre. Il racontait mon histoire, mes souffrances. Je le faisais évoluer au fil des coups que je me prenais et de ce côté là on pouvait dire que j'étais gâtée. Chacune de mes frustrations, chacun de mes échecs étaient gravés sur ma peau pour me donner la force de me relever. Peu importe les coups, depuis toute petite je m'étais fabriquée une carapace capable d'encaisser n'importe quel coup. A force, mon tatouage recouvrait une grande partie de mon torse. Je les dessinais moi-même et un pote tatoueur me les reproduisait sur la peau. J'aimais le regarder dans le miroir car il me rappelait de ne jamais baisser la garde. Les filles étaient toujours impressionnées lorsqu'elle le découvrait lors de nos ébats amoureux et pourtant, très peu m'avait interrogé au niveau de sa signification. C'était comme un serpent qui avalait mon corps toujours un peu plus. Tant qu'il me restait de la place, cela voulait dire qu'il me restait encore du temps à vivre et que mon père ne m'avait pas encore complètement détruite.

Franck me fit m'échauffer parce qu'il savait que s'il ne me canalisait pas un minimum, j'aurai pu frapper jusqu'à me blesser et que même blesser je continuerais encore à frapper. Cela était arrivé une fois et il avait fallu deux mecs pour me ceinturer et m'empêcher de continuer à frapper alors que j'avais la gueule en sang, le nez fracturé et l'arcade sourcilière ouverte. Depuis Franck ne me quittait jamais du regard dés que j'entrais dans sa salle de sport tant il avait peur de mes excès. Et ce jour-là, il se rendit bien compte que quelque chose n'allait pas. Alors qu'il me maintenait le sac de frappe sur lequel je me défoulais, il me dit :

- Tu veux en parler ?

J'étais en sueur, mes bras me brûlaient tellement j'enchainais les coups sur le sac. Je me stoppa un instant, le regarda droit dans les yeux et lui dit :

La patronne et la rebelle (en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant