Chapitre 21 - La Rebelle

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J'abandonnais ma patronne dans sa salle de bain. A quoi bon me battre ? Cette femme était encore plus froide qu'un glaçon. Elle refusait de voir notre attirance mutuelle. Je m'en voulais d'y avoir crue, mais je devais me rendre à l'évidence, jamais cette femme ne m'offrirait son coeur alors que moi j'étais prête à lui offrir ma vie. Il fallait que je me préserve et que je mette le plus d'espace entre nous. Je quittais son appartement en larmes. J'avais vécu la meilleure nuit de ma vie, mais finalement, cette nuit était passée de nouveau tournant de notre relation à une nuit d'adieu. Lorsque l'ascenseur arriva dans le hall, le gardien de nuit me salua. Pour ma part, je n'avais qu'une envie, celle de m'enfuir le plus loin possible d'elle. Plus jamais, je ne laisserai mon coeur me suggérer que je méritais mieux que des rencontres d'un soir. J'avais vécu une semaine de pure bonheur à ses côtés, mais je voulais plus et elle refusait de me l'offrir.

Il était déjà tard. D'ici deux heures, je devrais me lever et retourner travailler. Je maudissais déjà de devoir la retrouver le matin même pour lui présenter le dossier que j'avais constitué sur son collaborateur et sur Georgious Industrie. J'avais besoin de me vider la tête. Je déambulais dans les rues de Paris, sans avoir de destination précise. Je ne pouvais ni me rendre chez Michèle au regard de l'heure tardive, ni retourner chez moi de crainte d'y croiser Esther. Je n'avais pas envie qu'elle me voit dans l'état déplorable dans lequel je me trouvais. Elle m'avait pourtant prévenue et je ne l'avais pas écouté, tellement je m'étais laissée dicter mes agissements par mon attirance pour cette femme. Je lui avais tout offert, mais cela n'avait pas suffit. Pour la première fois, je prenais également conscience que moi aussi, j'avais pu blesser des femmes en leurs refusant plus que du sexe. Combien de femmes avais-je fait souffrir en me souciant seulement de mon plaisir ? À ma façon, moi aussi j'étais une femme qui n'offrait rien aux autres. Finalement, pouvais-je lui en vouloir alors que je ne valais pas mieux qu'elle ? Je me détestais à ce moment-là. J'étais un monstre qui avait coûté la vie de sa mère, qui avait causé la disparition de sa sœur et le chagrin de ces femmes que j'avais faites souffrir sans m'en rendre compte. Une chose était sûre, je devais préserver Esther de mes mauvais choix. Il était hors de question que sa relation avec Hadrien en pâtisse. Je devais prendre sur moi. Je respirais un grand coup. Avec la manche de mon pull je tentais d'effacer mes larmes et je pris la direction de mon travail. Il était bien trop tard pour aller me coucher. Plus vite je commencerais ma journée et plus vite je pourrais quitter le travail. Cet après midi j'irais boxer pour évacuer toute ma frustration. Mais en attendant, j'allais me montrer professionnelle et faire honneur à ma cousine. Après tout, j'avais encore une semaine à tenir avant de voir disparaître ma patronne de manière définitive et je pouvais toujours sauver mon emploi. Même si cela allait être dur, j'arriverais à le supporter ne serait-ce que pour Esther et Hadrien. Heureusement, aujourd'hui nous étions vendredi et je pouvais donc m'habiller comme bon me semble. Je n'avais donc pas à repasser par chez moi avant d'aller travailler. Lorsque j'arrivais chez MD Corporation, tout était calme. Il était bien trop tôt pour qu'Hadrien, Carla ou même ma patronne ne soit déjà arrivé. Comme à mon habitude, j'exécutais mes petits rituels du matin. Après m'être occupée de la photocopieuse et de la machine à café, je partis m'enfermer dans mon bureau. J'avais les yeux bouffis d'avoir autant pleurer et je n'avais pas envie que Carla me fasse la moindre réflexion. J'espérais que d'ici ma réunion avec ma patronne et Hadrien, mes yeux seraient dégonflés et que je ressemblerai moins à un lapin souffrant de myxomatose. Je n'avais pas envie qu'Esther soit mise au courant de la situation, ni laisser croire à ma patronne que son indifférence m'anéantissait.

Aux alentours des dix heures, Hadrien vint me chercher dans mon bureau. Comme à son habitude, il frappa à la porte de mon bureau et je l'invitais à rentrer. Il me dit avec un grand sourire.

- Prête pour ta présentation à Maxime ?

- Oui, oui, j'arrive.

Il me regarda puis son sourire se figea.

La patronne et la rebelle (en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant