CHAPITRE XLVI

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Les excuses ne réparent rien.


« Il y a ce mur entre nous, invisible, mais infranchissable. Derrière lequel sont cachés tes je t'aime, derrière lequel je me demande encore pourquoi est-ce si difficile pour toi de libérer ces mots de ton cœur à tes lèvres. »




Laïa


Debout, droite comme un poteau, je fixe l'hôpital. Mon cœur bat la chamade. J'ai peur. Peur d'entrer, peur de le revoir, peur de lui parler...

J'ai voulu y aller seule, voulant être seule avec lui. Finalement, je n'aurais peut-être pas dû... je sais que je vais me dégonfler. Mais je ne veux pas... pas encore.

Alors je gonfle mes poumons, serre les poings, et j'avance vers l'hôpital. Les portes s'ouvrent devant moi, la dame de l'accueil m'offre un sourire tout en me saluant. Ma marche dans les couloirs est lente. J'ai envie de repousser ce moment qui va devoir avoir lieu un moment où à un autre.

J'ai tant rêvé de ce moment... Rêver que sa mort était un cauchemar... Sauf que maintenant que c'est le cas, je ne veux plus...

J'ai fait d'horribles cauchemars à cause de sa mort, et à présent j'en ai encore. Mais pas les mêmes. Sauf que je sais que ça va s'arranger. Je me le suis promis...

Même si je repars sans mon frère en sachant qu'il est toujours en vie avec un poids sur mes épaules... ou même si je repars en ayant la légèreté de le pardonner...

Ça va être difficile...

Quatre ans de mensonges, ça ne se pardonne pas aussi facilement... Mais c'est mon frère. Et il est en vie. C'est le principal.

Sans m'en rendre compte, je me retrouve devant la porte, je prends une grande inspiration et j'ouvre. Mais je tombe sur mon frère debout, en train de faire son sac, et le pire, c'est qu'Ileana est à côté, assise sur le lit en lui parlant. Après avoir entendu la porte s'ouvrir, ils ont tous les deux tourné la tête vers moi.

Je reste figé, la main sur la poignée. Mon cœur a cessé de battre, je crois. Une douleur comprime ma poitrine, mais je n'arrive pas à savoir pourquoi.

Enfin, si je sais...

Le fait de voir Ileana et Khalis à côté me ramène brusquement à la réalité. Ce n'est pas normal de faire semblant d'être mort ! Et ce n'est pas normal de cacher ça à sa soi-disant meilleure amie !

Je ne vais pas réussir à leur pardonner... C'est impossible. C'est trop dur.

Nous nous fixons depuis quelques minutes déjà, Khalis ferme son sac et se tourne pour me regarder complètement. Je vois qu'il a encore du mal, mais il se remet plutôt bien de l'accident. Et j'avais raison, il a prit des muscles en quatre ans. Ses cheveux sont plus soyeux et bouclés qu'ils ne l'étaient à 15 ans. J'ai l'impression qu'il a pris plus soin de lui...

— Laïa..., souffle-t-il.

Des larmes coulent sans que je puisse les contrôler, je vois à son visage qu'il est inquiet de mon état.

Ileana n'ose pas parler, et moi non plus. Je la regarde et je vois à quel point elle est désolée.

Sauf que ce n'est pas suffisant...

SálvameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant