Chapitre 13 Deux mois plus tard

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Point de vue de Tam

Deux mois se sont écoulés depuis la fausse couche de Kim. L'université a mis en place des cours par visioconférence pour lui éviter les trajets. Je suis toujours son esclave, du coup j'ai deux fois plus de boulot à cause des allers-retours entre son appartement et le mien. Je suis épuisée, mais je ne pouvais pas la laisser seule. La convalescence de Kim s'arrête aujourd'hui. Elle va enfin reprendre son travail.

D'ailleurs, il faut que je me dépêche, son cours va commencer dans moins de dix minutes.

— Allez, allez, on s'assoit s'il vous plait rapidement. J'ai une nouvelle à vous annoncer.

Je passe la porte et lui offre un sourire avant de m'installer à coté de Ling.

— Le projet pour la sortie scolaire avait été reporté faute de moyens. Il y a quelques jours un généreux donateur a financé tout le voyage.

— Madame ?

Une jeune fille brune lève la main.

— Oui, Candice.

— Où allons-nous ?

Kim affiche un sourire resplendissant.

— Nous partons à Paris.

Des exclamations de joie éclatent dans l'amphithéâtre.

— Chut... Silence, un peu de calme. Il vous sera demandé une petite participation pour l'excursion qui sera de 500 dollars environ.

Ling se raidit à côté de moi. Je la scrute, elle bouge son stylo dans tous les sens, je ne sais pas comment elle fait ça, mais moi je n'y suis jamais arrivée. Ling fait tomber son jouet et me regarde inquiète.

— Je ne vais pas pouvoir financer ça. Mes parents ne me donneront jamais l'argent.

— Ne t'en fais pas pour ça, j'ai quelques économies.

— Tam, je ne peux pas, je ne sais même pas comment je pourrais te rembourser.

— Disons que c'est un cadeau de Noël et d'anniversaire en avance.

— Merci, murmure-t-elle gênée. Tu es une vraie amie.

Le cours se déroule normalement. À la fin de celui-ci, Kim s'assoit. Je sens qu'elle est fatiguée. Même si j'allais la voir chez elle pour le travail, nous n'avons pas parlé de ce qu'il s'était passé. Tout le monde sort de la pièce, elle attrape sa bouteille et boit un coup. Je m'approche d'elle.

— Est-ce que vous allez bien ?

— Oui, ça va Tam. Encore merci pour les cours.

— De rien, maintenant que vous êtes revenue et que les deux mois de mon pari sont terminés, j'aimerais beaucoup qu'on reste en contact.

— Mademoiselle Davis, je suis votre professeur. Je ne peux...

— S'il vous plait, on peut très bien être amies.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et prends mon sac sur le pas de la porte, je me retourne et lui dis :

— En plus maintenant, j'ai votre numéro de téléphone.

Elle lève les yeux au ciel et pouffe de rire. La voir comme ça gonfle mon cœur de bonheur.

***

L'avion vient juste d'atterrir, nous récupérons nos valises et toute la classe se dirige vers la sortie. Un bus nous attend, je monte à l'intérieur accompagnée de Ling. Nous nous installons et regardons par la vitre le paysage. Le chauffeur s'amuse à faire le guide, il passe devant la tour Eiffel et l'Arc de Triomphe avant de nous déposer à l'hôtel.

— Bien jeunes gens, j'ai récupéré vos clés, vous serez deux par chambre.

Il y a une semaine, nous avons tous choisi qui allait partager notre chambre. Bien sûr, je suis avec Ling. Kim est accompagnée de madame Jones pour ce voyage. J'avoue que je suis ravie, j'aime bien la prof de sculpture.

Kim s'approche et me tend la clé.

— Je tiens à préciser que vous êtes majeur donc les responsabilités vous incombent néanmoins, je suis sûre que vous ferez preuve de maturité. Nous vous donnerons nos coordonnées au cas où, dit madame Jones.

— Pour information, nous nous rejoignons dans le hall de l'hôtel demain pour le petit déjeuner à 8h, ajoute madame Matthews.

Je prends ma valise puis Ling et moi nous nous dirigeons vers notre chambre. Une fois la porte ouverte, je m'avance vers l'un des lits et commence à défaire mes bagages.

— Qu'est-ce que tu veux faire ? Cela te dit qu'on bouge un peu, demandé-je.

— J'ai faim si on sortait manger, dit Ling enjouée.

Le vent s'engouffre dans mon blouson, je remonte ma fermeture éclair. Nous déambulons dans les rues de Paris. Nous sommes début décembre et les vitrines sont déjà décorées pour les fêtes. Bras dessus bras dessous, nous faisons du lèche-vitrine. On s'arrête devant un petit bistrot en regardant le menu affiché dehors, je me dis que les prix ne sont pas trop chers.

Nous entrons et un serveur qui parle couramment anglais nous fait signe de le suivre. Nous nous installons et observons la décoration. Ce bistrot fait très parisien un peu comme dans "Emily in Paris". Le même serveur vient prendre notre commande et lance un clin d'œil à Ling. Cette dernière rougit.

— Tu as un ticket, ma chère.

— Je te rappelle que j'ai une copine.

— Mais tout ce qui se passe à Paris reste à Paris.

— Je ne suis pas comme ça dit-elle en pouffant de rire. Mais il est joli garçon, c'est vrai.

Nous apprécions le repas très français, pas de cuisse de grenouille ni d'escargot au menu, simplement une bavette avec des frites. Pour le dessert, je prends un coulant au chocolat divin et Ling tente la crème brulée. Nous ressortons du restaurant complètement repus.

Nous marchons jusqu'à l'hôtel. Quand nous arrivons, nous remarquons que madame Matthews est seule au bar.

— Je te rejoins plus tard.

Ling hoche la tête et part en direction de l'ascenseur. Je m'avance doucement vers la belle jeune femme.

— Pas de billard dans les parages.

Kim se tourne vers moi avec un sourire qui me fait fondre.

— Pourquoi ? Tu espères gagner ?

J'éclate de rire et m'installe à côté d'elle.

— Tu bois quoi ?

— Un bourgogne. Tu en veux un ?

— Je préfère une bière.

Kim fait signe au barman et lui passe commande dans un Français impeccable.

— Tu parles cette langue ?

Elle pivote vers moi et me fixe avec une petite moue. Mon Dieu ! Je la trouve craquante.

— Oui, j'ai passé un an en France. J'aime beaucoup ce pays, il y a tellement de belles choses ici.

— C'est vrai, il y a beaucoup de jolies choses ici, dis-je en lui lançant un regard charmeur.

Nous parlons pendant un moment d'art et je bois doucement ma bière. Je parcours son visage, elle a des yeux vert clair, magnifiques et un sourire qui me fait fondre. Le rouge lui monte aux joues.

— Mademoiselle Davis, je suis votre professeur.

J'observe la pendule au-dessus du bar et pousse un soupir. Même si je meurs d'envie de rester avec elle, il faut que j'aille me coucher, si je veux être en forme demain. Je sors un billet, elle arrête mon geste.

— C'est pour moi.

Je me penche vers elle et lui embrasse la joue tendrement.

— Merci. Bonne nuit, professeur Matthews, dis-je d'une voix sensuelle.

Je me retourne et pars en direction de ma chambre. Il va me falloir une bonne douche pour calmer mes ardeurs. Cette femme me tue.

Le destin de KimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant