Chapitre 18 Le Chalet

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Point de vue Kim

Dans la voiture qui m'emmène au chalet, je regarde par la fenêtre. Le paysage est magnifique. Nous roulons depuis environ une heure. La neige est partout sauf sur la route qui a été dégagée. J'adore l'hiver, la nature se pare de ses plus jolis atours. Je soupire d'aise, je me sens plutôt bien, je pense que ces prochains jours au chalet vont me ressourcer. Je tourne la tête vers Tam. Elle est concentrée sur le trajet. Je la regarde à la dérobée. Je la trouve belle, cette femme est fascinante. Je m'étonne de l'admirer en cachette. Est-ce qu'il pourrait se passer quelque chose entre nous ? Est-ce que cela me plairait ?

— Qu'est-ce qui se passe ? Ça va ?

— Oui, ne t'inquiète pas. La vue est magique.

Tam a un sourire en biais.

— Laquelle ?

Je me sens rougir. Elle arrive à me déstabiliser, cela m'agace un peu.

— Dehors, bien sûr ! De quel paysage, croyais-tu que je parlais ?

Elle éclate de rire :

— Oui, je sais que tu ne t'intéressais qu'au panorama extérieur, me répond-elle, moqueuse tout en tournant la tête de nouveau vers la route.

Je me reconcentre sur le chemin. Mes réflexions s'envolent vers les évènements qui se sont déroulés ces derniers jours. J'ai porté plainte contre Damien pour coups et blessures. J'ai vraiment pitié de lui et en même temps, je frissonne en pensant à ce qui se serait passé si j'étais restée plus longtemps avec. Cet homme est un menteur et un manipulateur. Une question me taraude depuis plusieurs jours : dois-je prévenir Vicky des risques auxquels elle s'expose si elle continue avec lui ? Je soupire, je ne sais pas quoi faire.

— Kim ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Ça ne va pas ?

— Bof, un p'tit coup de mou, rien de grave, dis-je en me forçant à sourire. Parle-moi du chalet, il est grand ?

Tam se lance alors dans la description de ce lieu qui a l'air magnifique. J'essaye de me le visualiser.

Quelques heures plus tard, Tam quitte la route principale et prend à droite sur un petit chemin un peu chaotique. Et soudain, le chalet surgit devant moi. Il est effectivement vraiment vaste et il est comme je l'avais imaginé. Nous descendons de voiture quand un autre véhicule apparait. Tam fronce les sourcils. Deux jeunes femmes en sortent. Nous reconnaissons Tia et Noémie. Je souris, je suis tellement contente de les voir. Noémie se précipite vers nous :

— Hey ! Salut les filles ! Qu'est-ce que vous faites là ?

— On est venues passer quelques jours de vacances tranquilles. Et vous ? Demande Tam que je sens un peu agacée.

— Pareil ! cool !

Noémie m'embrasse et prend Tam dans ses bras pour un câlin avec sa sœur.

Tia s'approche en souriant.

— Je suis contente de te voir, Tia. Comment vas-tu ?

Elle me regarde, les sourcils froncés.

— Moi, très bien. Mais j'ai l'impression que ce n'est pas ton cas, dit-elle en me montrant mon plâtre.

— Euh, non, effectivement, longue histoire, je t'expliquerai.

Tia me caresse doucement le dos. Nous déchargeons les affaires et pénétrons dans le chalet. Il est encore plus beau que ce que j'avais imaginé. Un vaste séjour, une cuisine cosy, une majestueuse cheminée et des fenêtres qui donnent sur un lac gelé, bref, le rêve. Tam m'emmène à sa chambre. Je la trouve très mignonne, je m'y sens très bien. Elle est vraiment décorée avec goût. Le lit est grand. Derrière celui-ci, le mur est de couleur bleu-gris sombre tandis que le reste des parois est de couleur crème. Des photos habillent la tête de lit. À côté de la fenêtre, se trouve une petite bibliothèque et, en face du lit, un fauteuil type club. La pièce est à l'image de Tam, un peu masculine.

— Elle te plait ?

— Ta chambre ? Oui elle est super jolie, j'aime bien.

Tam me sourit. Le temps est comme suspendu. Elle s'approche de moi, mon cœur bat frénétiquement quand un appel retentit.

— Les filles ! Apéro !

Nous sursautons et sortons rapidement. Tandis que Tam se dirige vers le salon, je fais un petit tour aux toilettes. Je passe ensuite dans la salle de bain pour me rafraichir un peu. C'est un brin compliqué avec une seule main, mais à force de persévérance, j'y arrive. Je repense à la semaine qui vient de s'écouler chez Tam. Elle m'a beaucoup aidé dans les gestes de la vie quotidienne et en particulier pour prendre ma douche. Au début, j'ai été gênée puis c'est vite devenu une habitude. Ce qui m'a interpellé en revanche, c'est le regard que j'ai surpris sur moi. J'ai senti qu'elle était troublée par ma nudité. J'avoue que cela m'a plu. Je secoue la tête. Cette histoire n'est pas possible, c'est mon étudiante. Il va vraiment falloir que je trouve un appartement rapidement avant que la situation dégénère.

Je sors de la salle de bain et arrive dans le salon où les trois filles sont assises, Tia et Noémie dans le sofa en face de la cheminée et Tam dans l'autre canapé. Je m'installe à côté d'elle.

— Qu'est-ce que tu bois ? me demande cette dernière.

— Martini.

Une fois mon verre dans ma main gauche, nous trinquons. Pendant plus d'une heure, nous abordons le mariage de Tia et Noémie. Je souris, je suis vraiment heureuse pour elles.

Deux heures plus tard, nous passons à table. Je me sens un peu saoule. Je manque de tomber dans les bras de Tam qui me rattrape in extrémis avant que je m'affale par terre.

— Eh! Ça va ?

Je pouffe de rire

— Oui, oups pardon, je crois que j'ai un peu trop bu.

Tam éclate de rire.

— Eh ben bravo ! Je vais pouvoir abuser de toi.

Malgré l'alcool qui embrume mon cerveau, un voyant rouge s'allume au-dessus de ma tête. Je me sens troublée. Je me dégage de ses bras et nous nous dirigeons vers la table en bois où nous attendent des hamburgers préparés par Noémie accompagnés d'une salade.

Pendant le repas, Tia m'interroge.

— Bon, qu'est-ce qui se passe ? C'est quoi ces yeux cernés, cette petite mine et surtout ce poignet plâtré ?

J'inspire profondément et me lance dans mon histoire. Je suis émue de raconter ce qui s'est passé, mais la main de Tam posée sur ma cuisse, m'apaise.

Quand j'ai terminé, Tia secoue la tête.

— Ma pauvre, ce n'est pas vrai ! Cela dit, la bonne nouvelle, c'est que Damien risque au moins quatre ans de prison et une forte amende.

— Est-ce que tu accepterais d'être mon avocate ? Je ne veux plus le voir, j'ai vraiment peur de lui.

— Pas de problème. Tu viendras au cabinet et je te donnerai tous les détails de la procédure à mettre en place.

La soirée se termine joyeusement. Vers vingt-deux heures trente, nous partons nous coucher. Une fois dans le lit, Tam se rapproche de moi et me prend dans ses bras. Quelques minutes plus tard, j'entends Tam me murmurer :

— Kim, je sais que tu dors, mais il faut que je te dise... Tu me plais du genre... vraiment beaucoup.

Après cette révélation, elle s'assoupit rapidement. La panique m'envahit. J'ai compris ce que voulait Tam et même si je me sens attirée par elle, je trouve que ça va beaucoup trop vite.

Au petit matin, je m'habille comme je peux et appelle un taxi le plus doucement possible. Je laisse un message à Tam. C'est lâche, mais tant pis. Je dois partir d'ici.

Le destin de KimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant