Chapitre 17 : Le plan

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19h30. Sonia venait d'arriver. Elle pouvait compter sur elle. Elle allait l'aider à retrouver sa fille.

Marie était très inquiète. Elle n'avait aucune nouvelle de Sarah depuis le jour où elle l'avait appelée pour lui dire qu'elle allait passer la voir.

Elle l'appelait rarement mais quand elle n'avait plus d'argent, elle venait la taxer. Marie pouvait voir sa fille uniquement en échange de quelques centaines d'euros.

Pourquoi n'était-elle pas venue ? Est-ce qu'elle avait trouvé de l'argent autrement ? Est-ce qu'il lui était arrivé quelque chose ?

Elle avait partagé son inquiétude avec son mari qui l'avait regardé bizarrement et chose encore plus étrange, l'avait prise dans ses bras.

Il l'avait rassurée en lui disant qu'elle allait bien finir par réapparaitre.

Sonia accepta le thé qu'on lui proposa et s'installa comme à son habitude à la table de la cuisine.

Marie et Ali n'étaient pas très forts en décoration d'intérieur. Leur appartement ressemblait à une brocante. Tout était dépareillé : un canapé en cuir marron qu'ils avaient depuis des lustres, une table basse en palettes, un tapis rouge qui perdait ses poils, un meuble TV qui avait connu des jours meilleurs et un coin salon qui était plus coin que salon.

La cuisine était peinte en gris avec des meubles qui avaient jadis été laqués en noir. Une énorme cuisinière sale trônait entre l'évier et le frigo.

Il faisait trop chaud et les senteurs ambiantes se composaient d'un mélange de tabac froid et de chou.

Comme quoi, les cordonniers sont les plus mal chaussés. Marie était agent d'entretien mais en voyant l'endroit où elle vivait, on ne s'en serait pas douté !

Sonia avait beaucoup aidé Marie quand elle avait appris pour sa fille. Petit à petit, elles étaient devenues amies et confidentes. Elles se voyaient souvent chez l'une ou chez l'autre et malgré leurs différences, elles s'entendaient à merveille.

Sonia regarda Marie. Elle avait les traits tirés, les yeux rouges et gonflés et la pâleur de son visage faisait ressortir les petits vaisseaux de son visage bouffi. Elle se faisait du souci pour elle. Son obésité, son tabagisme et sa sédentarité faisait d'elle la proie idéale pour le diabète, les problèmes cardiaques et le cancer du poumon.

Sonia avait essayé de l'aider à arrêter de fumer : elle lui avait acheté des patchs, des gommes à la nicotine et l'avait inscrite à un groupe d'entraide sur Facebook, en vain.

Elle retournait toujours à ses Marlboro rouges, bien consciente de se détruire la santé et de jeter son argent par la fenêtre. En y réfléchissant, que ce soit pour elle ou pour sa fille, son argent partait dans la drogue. Les chiens ne font pas des chats.

« C'est fou comme ils sont différents !», pensa Sonia en regardant tour à tour Marie et Ali. Lui, grand, crâne dégarni, jambes squelettiques et ventre proéminent et elle, toute petite, touffue et énorme. Il était vêtu d'une djellaba jaune sale et elle d'un peignoir rose informe. Lui était concentré sur la télévision, dans le salon et fumait sa cigarette lentement alors qu'elle était assise dans la cuisine, sur une petite chaise qui ne supportait qu'une seule de ses fesses et enchainait les cigarettes et le café.

Marie la sortit de ses pensées en la pressant de lui faire part de son plan pour retrouver Sarah.

Sonia essaya de retrouver toute son assurance et l'informa qu'elle allait poster un message sur Facebook aujourd'hui. Demain, elle irait voir à la dernière adresse connue de Sarah et aussi du côté de Stalingrad, là ou se trouvaient les dealers de mort.

Elle mit dans ses paroles tout son coeur, tout son enthousiasme et toute sa persuasion pour que Marie ne devinât pas qu'elle ne ferait aucune des choses qu'elle avait mentionnées. Comme d'habitude, son but était de rassurer Marie, rien de plus. 

Des racines et des EllesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant