25 décembre, 11h.
Sonia venait à peine d'émerger. Elle avait fait une insomnie et ne s'était endormie que vers 4 heures du matin.
Son fils pionçait encore.
La veille, elle avait organisé un petit repas de réveillon composé de toast au tarama et au saumon, des mini pizzas, des chips, des m&m's et de l'ananas. Bon, pas très équilibré tout ça mais après tout c'était Noël, on pouvait bien se faire plaisir !
Après s'être goinfré pendant l'apéritif, Sofiane, comme à son habitude, s'enquit de ce qu'on allait manger pour le dîner. Elle le regarda, les yeux ronds. Elle n'avait rien prévu pour le diner pensant que l'apéritif suffirait. C'était compter sans l'appétit gargantuesque de son adolescent en pleine croissance.
Alors, elle lui prépara des pâtes au poulet qu'il engloutit en cinq minutes. Mais il trouva quand même important de préciser que des pâtes au poulet pour un réveillon de Noël, c'était moyen.
Elle lui avait aussi acheté un cadeau : un nouvel iPad, dernière génération. Cela faisait un an qu'elle économisait pour ça.
Quand elle le lui offrit, elle vit la joie dans son regard et pour un court instant, elle retrouva son petit garçon qui s'émerveillait de tout et de rien.
Puis, ils restèrent un moment ensemble à regarder le Super Bêtisier de Noël avant que Sofiane ne s'enferme dans sa chambre pour configurer son nouvel Ipad.
Quant à Sonia, elle débarrassa les restes du repas, mit son pyjama, se brossa les dents et s'allongea sur son lit.
Elle avait nettoyé sa chambre à fond. Elle aimait quand tout était rangé et respirait la propreté. Elle avait fait un énorme tri dans ses affaires puis donné ou jeté ce qu'elle n'utilisait pas. Elle avait retrouvé des vêtements qui avaient encore leur étiquette !
Maintenant, sa chambre était un parangon de minimalisme.
Elle attrapa son téléphone et vit qu'elle avait reçu des messages. Des collègues qui lui souhaitaient un joyeux Noël, une promotion pour un magasin d'optique, son ex-mari qui lui rappelait qu'il viendrait chercher « le petit » demain vers 16h. Donc s'il précisait 16h, il fallait compter deux ou trois heures de plus. Son ex cher et tendre n'avait aucune notion de la ponctualité ! Il était même arrivé en retard le jour de leur mariage, c'est pour dire !
Un autre message annonçant une promotion exclusive pour le pèlerinage de La Mecque. Elle avait fait des recherches pour Mme Brahimi et les algorithmes avaient fait le reste.
Sonia avait abandonné ses croyances religieuses depuis belle lurette. Elle était de confession musulmane. Ses parents adoptifs étaient de fervents croyants et pratiquants. Elle avait fait la prière et tout ce qu'elle avait compris de l'Islam se résumait en quelques injonctions : respecte les cinq piliers, respecte tes parents et crains Dieu.
Mais, depuis toute petite, elle posait beaucoup de questions sur les religions, sur Dieu, sur le sens de la vie. Mais quoiqu'on lui réponde, elle n'était jamais satisfaite. Alors on finissait par lui dire que les voies du Seigneur étaient impénétrables et que si elle continuait à poser des questions, elle allait perdre sa foi et finir en Enfer.
De toute façon, en Islam, tu vas en Enfer pour un oui ou pour un non. On dirait que Dieu nous a créés juste pour satisfaire ses plaisirs sadiques.
Allez, toi, J'ai décidé que tu serais un pécheur invétéré donc JE suis le créateur de ton destin de méchant mais JE te punis quand même.
Et toi, tu seras quelqu'un de bien, tu respecteras tes parents, tu ne voleras pas, tu ne mentiras pas, tu feras le bien autour de toi mais tu ne suivras pas le jeûne du Ramadan. Et bien toi aussi, tu iras brûler en Enfer.
Et toi, Mère Thérèsa ou toi, l'Abbé Pierre, tu iras de toute façon en Enfer parce que tu n'es pas musulman.
Sérieusement, comment on pouvait adhérer à ça ?
On lui avait menti en disant que l'Islam avait amélioré la condition de la femme, qu'il avait aboli l'esclavage ! Que nenni !
Le prophète lui-même, l'exemple à suivre pour tous les musulmans, avait épousé une petite fille de 6 ans qu'il a défloré à 9 ans.
Le prophète lui-même avait des captives de guerre qu'ils utilisaient comme esclaves sexuelles.
La femme ne doit pas se refuser à son mari quand il veut avoir des rapports sexuels avec elle. Elle doit obéissance à son mari. Si elle désobéit et que l'exhortation ne suffit pas, alors il est autorisé à la frapper.
La femme ne reçoit pas le même héritage que l'homme.
L'esclave, lui, s'héritait de père en fils et l'Islam n'a ni amélioré ses conditions, ni aboli l'esclavage.
Alors, vous allez me dire que c'était des pratiques courantes de l'époque. Certes, alors arrêtons de dire que le Coran est valable en tout temps et en tout lieu !
Et si vraiment c'était une parole divine, est-ce que le Livre sacré n'aurait pas été d'une clarté limpide qui n'aurait pas laisse place à autant d'interprétation ?
Et si vraiment c'était une parole divine, est-ce que Dieu n'en aurait pas profité pour faire changer les choses justement ?
On avait prédit à Sonia que son questionnement lui ferait perdre la Foi. Et c'est ce qui arriva. Elle ne croyait plus au Allah de l'Islam, elle ne croyait plus au Coran et aux hadiths mais elle croyait en Dieu. Un Dieu créateur, universel. Un Dieu qui est en chacun de nous, en chaque chose qui existe.
Et elle était soulagées, libre, elle qui avait vécu une longue partie de sa vie dans la peur du châtiment divin.
Aujourd'hui, elle croyait au Dieu de Spinoza.
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Des racines et des Elles
BeletrieDes pans de vies et d'histoires qui se croisent. Des femmes à la fois semblables et différentes. Des rêves, des joies des espoirs. La vie est un éternel mouvement...