Chapitre 17 - Trouble de l'esprit

65 8 5
                                    

La vie est difficile...

On naît puis on meurt ensuite, c'est ce qu'on m'a toujours dit.

Mais je sais aussi que la vie nous laisse d'affreuses marques, personne n'est heureux.

On ne peut pas vraiment l'être.

J'ai toujours vu les autres s'épanouir autour de moi, sourire, m'ignorer en secret.

Je me demande s'ils sont heureux à l'heure qu'il est et si je le suis aussi.

Notre existence ne se résume qu'à vivre un court temps et je le crains.

Nos centres d'intérêts ne valent rien, nous sommes des créatures, qui vont disparaître.

Parfois je me lève en me demandant : _ « Si j'étais un chat ? Serais-je heureuse ? »

Mais... qu'est-ce qui rend vraiment heureux ?

La vie m'a donné l'occasion d'offrir du bonheur à quelqu'un en l'aimant.

Et je ne supporterai jamais d'échouer dans cette destinée.


Shinju luttait contre ses pensées profondes, car tout cela la déconcentrait pour manger. Seule, face à ses sushis, les baguettes entre ses doigts, elle galérait pour apprécier ce moment indispensable de sa nouvelle journée. Dazai étant absent, comme souvent, elle s'était permise une sortie en extérieur pour se vider l'esprit et espérer retrouver l'appétit. C'était plutôt inutile. L'homme était habituellement si présent et tant ancré en elle, que l'impression totale de solitude ne lui faisait aucun effet, et cela même en s'étant assise à une table vide, paisible dans un coin.

Elle regardait son poisson d'un air vide et songeur, comme si elle cherchait à mentalement trouver du réconfort de sa part. N'ayant pas vraiment la force de le manger, elle ne se contentait que d'attendre que l'envie lui vienne ou quelque chose pour la convaincre. Depuis un moment déjà, elle ressentait les caprices compliqués de son ventre qui était apparemment perturbé. Ça rentrait de moins en moins et la faim se manifestait difficilement. Shinju était suffisamment menue, elle n'avait pas besoin de perdre encore plus, elle finit alors par prendre le morceau de poisson cru de ses baguettes et le mangea. Le goût ne lui procurait aucun plaisir ni intérêt à continuer ce plat, elle avalait, seulement parce qu'il le fallait.

« Quand on ne mange pas, on meurt ! » Cette phrase résonna dans son esprit et elle se rappela du contexte dans lequel Dazai lui avait fait part de ça. Encore dans un dialogue nocturne où il lui contait à quel point la vie était difficile à comprendre selon lui, il lui avait donc conté ces propos qu'on lui sortait souvent et de la menace qu'ils possédaient à ses yeux. Au fond rien de tout cela était faux et Shinju se disait évidemment que cette parole ne pouvait qu'être véridique. C'était pour cette raison qu'elle s'exécutait et même contre son grès, elle avait peur de mourir et voulait en profiter, contrairement à son amant, elle était très proche de la vie.

Une action machinale à force, nourrir la créature vivante qu'elle était pour ne pas mourir maintenant. Alors quitte à ne pas aimer, autant s'y plier, comme l'aurait fait un animal affamé en quête de ressources alimentaires.

Le problème n'était peut-être pas ici, mais bien dans son esprit. Elle aimait toujours et éperdument Dazai, mais quelque chose l'angoissait ou l'agrippait, s'accrochant à ses entrailles comme pour la mettre à genoux devant cette situation de plus en plus étrange. Le fait simplement qu'il ait eu le courage de la retenir en la faisant dormir ne la rassurait pas, même si elle le lui avait plus ou moins pardonné. Il était désolé et s'était racheté de manière modeste mais touchante pour elle. Seulement ce sentiment d'insécurité ne partait pas. Il se dissipait toujours quand l'homme la rassurait gentiment, et là elle se questionnait sur une éventuelle paranoïa.

Double Face | YANDERE DAZAIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant