Chapitre 28 - Mensonge

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Le lendemain se présenta de manière aussi clémente que la veille. Une journée qui s'annonçait plutôt agréable pour un certain détective aux bandages qui avait prévu de sécher sa matinée chargée. Il s'attendait bien sûr à ce que le jour suivant soit rythmé par une longue session de tentatives d'étranglement et de cris. Kunikida l'avait déjà appelé trois fois sur son portable aujourd'hui, sûrement pour lui ordonner de se pointer à l'Agence... il avait tout simplement ignoré ces appels en s'enfonçant plus confortablement dans son fauteuil. Le guide du suicide logeait dans ses mains fines, les pages tournaient et l'esprit de Dazai travaillait toujours autant.

En effet, même si dernièrement il n'avait plus eu affaire à des rivaux ou d'autres soucis de ce genre, il s'inquiétait de la situation. Shinju était étrange selon lui, et même s'il savait qu'une part de fatigue était responsable de ça, les crises et bien sûr son état quasiment dépressif en ce moment, il ne restait pas tranquille. Les fantômes ricanant dans sa tête, venaient perturber sa lecture sacrée, et il peinait réellement à se concentrer. Habituellement, il n'avait aucun mal à imaginer chaque techniques mortelles sous ses yeux, en compagnie de Shinju, mais là un autre sentiment obstruait ces rêves...

Il luttait pour se persuader, mais sentir une sorte d'éloignement de la part de sa partenaire le rendait quelque peu anxieux, craignant encore qu'elle ne le fuit. Il prenait évidemment conscience de son état, comprenant ses angoisses, mais il ne voyait pas en quoi elle aurait besoin de se distancer de lui. Du moins, il ne voulait pas qu'elle se sépare de lui. Il l'aimait trop et avait besoin d'elle pour vivre, se sentir vivant et apaiser disons ces grandes souffrance, car il n'y avait qu'elle qui possédait un tel pouvoir. Bien avant sa rencontre, il fréquentait la vie sans vraiment ressentir une réelle impression de vivre, seulement quand il avait mal, qu'il se blessait par exemple. Mais mis à part cela son corps se sentait si vide et errant, comme un fantôme qui n'avait pas sa place dans ce monde. À chaque moments de solitude, son esprit réveillait cette phrase sombre pour l'achever :

Le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.

Une citation qui parlait à travers son corps, qui le secouait de spasmes terribles, il voyait à cause de cela, son triste parcours sans réponse défiler devant lui. Et là, dans ces instants de réflexion glauques, il savait que ces paroles ne se détacheraient jamais de lui, pourriraient jusqu'à dans sa propre tombe, lorsqu'enfin il trouverait le moyen de se suicider.

Mais, la venue de Shinju avait mis un frein à tout cela. Il sentait pour la première fois de sa vie l'impression de vivre des choses, du moins il comprenait que les moments doux avec elle étaient des plus agréables. Un bien-être qui lui donnait la sensation de respirer pleinement l'air que cette maudite destinée l'avait forcé à prendre. Lui qui n'avait encore jamais expérimenté de telles choses... et c'était devenu son addiction.

C'était comme une renaissance, une manière de façonner un homme nouveau, qui ne ferait que s'assombrir s'il venait à revivre la solitude qui le desséchait. Mais qu'est-ce qui avait vraiment changé ? Dazai sentait peut-être une différence oui, il avait quelqu'un à aimer et à protéger, se sentait lui aussi aimé. Pourtant, il continuait de vouloir mourir avec elle, bien qui ne la forçait pas, il avait replongé dans son passé, pour tuer à nouveau et sans pitié. Il ne regrettait rien et voyait en tout ça seulement sa preuve d'amour fort pour elle, la vie des autres qui risqueraient de lui prendre Shinju n'avait aucune valeur.

Lassé pour le moment des pages de son guide infaillible soi-disant, il préféra trouver de la compagnie auprès de sa partenaire qui travaillait dans la chambre où se trouvait le bureau. Quand il entra dans la pièce, il la découvrit dos à lui, occupée par son écriture qui le rendait donc invisible et même imperceptible pour Shinju. Ce fut donc, discrètement qu'il s'avança, un sourire léger aux lèvres, cela jusqu'à arriver près de la jeune pour déposer ses mains sur ses épaules. Une manie qui lui permettait d'obtenir de l'attention de la part de la femme, cette dernière finit par se tourner vers lui.

Double Face | YANDERE DAZAIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant