Chapitre 24 - Piège tortueux

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_ « Hé ! » appela une voix familière au loin.

La petite fille se retourna pour apercevoir un jeune garçon gambader dans les bois. Le climat entier était d'une pureté velouteuse et l'air de la nature aguichait les narines des deux enfants. La senteur saine des arbres hauts, le bruit des feuilles mouvantes et le sifflement de certains oiseaux, cette forêt était le terrain de jeu des deux gamins agiles. Le garçon qui avait crié, fit signe à l'autre de le rejoindre et insista :

_ « Viens voir ce que j'ai trouvé ! »

C'est avec le sourire aux lèvres que la petite courut vers lui, sautant au dessus des herbes plus hautes. Une fois arrivée, elle découvrit la trouvaille de son camarade. Un joli ruisseau. Le bruit coulant de manière fluide et fort apaisante dans cet endroit déjà digne d'un rêve, calma instantanément les sens de la fille qui se pencha lentement pour observer l'eau. Elle y vit des poissons colorés s'y plaire et dit :

_ « C'est vraiment joli, ils sont trop mignons ! »

_ « Ouais, et t'as vu comment ils sont forts ! Ils nagent à contre-courant. »

_ « Ah oui ! » s'émerveilla la jeune.

Il eut un bref instant de silence entre eux, captivés par le spectacle de la vie aquatique sous leurs yeux intéressés. Ce fut bien sûr de courte durée puisque le garçon finit par demander :

_ « Dis Shinju ? Ça t'es jamais arrivé de t'imaginer en poisson ? »

_ « Pas vraiment, mon truc à moi c'est plutôt les chats, ou encore les personnages de mon livre que j'écris en ce moment. » répondit l'autre.

_ « Ils ont de la chance quand même... »

La fille le regarda, un air mélancolique peignait désormais son visage, mais Shinju détectait difficilement cette émotion. Son ami lui confia de manière plus sage mêlée à un soupçon de peine :

_ « Eux ils sont libres et sont bien là où ils vivent. »

_ « Mais nous aussi non ? On a une maison, des parents... comme ces poissons. » dit Shinju, innocemment.

_ « Tu as raison. » sourit le petit à ses côtés.

Tu as raison...

Tu as raison...


Les derniers mots de ce camarade et cousin d'enfance se perdirent dans un écho étrange. Le son semblait être confus et pas vraiment net, comme flou, sourd. Une chose cependant s'entendait très bien, c'était ce petit bip régulier et presque agaçant. Shinju sentait son corps comme engourdi dans une bulle de fatigue, sa tête lourde et quelque peu endolorie. Elle ne savait même plus si elle était en vie ou si juste, elle n'était pas passée de l'autre côté. La soirée chaotique avec son partenaire avait disparu et elle s'imaginait émerger d'un cauchemar comme ce qu'elle avait pensé depuis le début. Le corps d'Akira, peut-être était-ce juste un mauvais rêve et qu'elle en ressortait... elle l'ignorait. De ce qu'elle pouvait déduire pour le moment, c'était qu'elle se trouvait sûrement allongée, ses yeux verrouillés tentaient de s'ouvrir et elle galérait pour y parvenir.

La jeune finit tout de même par retrouver l'usage de sa vue et c'est un plafond blanc qui se présenta à elle. Il semblerait que cette luminosité n'était pas artificielle et que le jour était revenu. Shinju, par réflexe regarda à sa droite espérant trouver le soleil qui était maintenant là et c'est autre chose qu'elle vit. La silhouette mince d'un homme aux boucles brunes, la couleur sable d'un trench élégant, et un visage bienveillant. Shinju pouvait bien être sous l'effet de l'épuisement ou de quelque chose qui la gardait abasourdie, elle n'eut aucun mal à reconnaître cette personne.

Double Face | YANDERE DAZAIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant